Dom Dominique Lacaes avait été élu abbé du Mont des Cats le 30 juin 1847, tandis que la bénédiction abbatiale n’eut lieu qu’en juin de l’année suivante. Le nouvel abbé s’empressa de nommer le dernier Prieur Titulaire, Père Athanase Itsweire comme prieur claustral et cellérier.
Dom Dominique demanda au cellérier de « terminer » la construction des bâtiments de l’abbaye afin que les moines puissent vivre leur vie monastique selon les usages de l’Ordre. Pour ce faire, il fallut construire une hôtellerie, une chapelle pour les dames et un mur de clôture. C’est à cette même époque que l’on construisit les ateliers pour les activités économiques (fromagerie, brasserie, ferme). Nous les présentons ci-dessous selon que les archives et les photos de l’époque nous permettent de nous en faire une idée.
On construisit une vraie hôtellerie, séparée des bâtiments de la communauté, puisque jusqu’à présent l’aile Est du monastère servait d’hôtellerie. Le bâtiment fut construit dans le prolongement du réfectoire des moines et gardait tout de même sa cuisine autonome dans l’aile Est. Les autres salles de cette aile furent transformées en bibliothèque et sacristie, tandis qu’à l’étage on put aménager des chambres ou un dortoir pour les moines. La nouvelle hôtellerie quant à elle était malgré tout très modeste. Ses salles étroites, si basses d’encuvement que la main atteignit aisément le plafond, extérieurement blanchi à la chaux, » brillait comme un marabout arabe sur une montagne d’Algérie, bref, il avait sa poésie » selon la chronique rédigée par les moines qui s’en souvenaient.
En face de l’hôtellerie Dom Dominique fit construire l’Église Saint Constance. La première église fut de très petite taille, comme on peut le voir sur le croquis de Père Eugène et sur l’aquarelle de l’abbaye à cette époque.
En 1857 Dom Dominique fit restaurer la Chapelle de la Passion, un peu plus près du sommet du Mont des Cats et en 1865 il fit construire la chapelle souterraine dans le prolongement d’un des bâtiments de l’école. Dans chacune de ces chapelles Dom Dominique avait plaisir à aller célébrer la messe une fois par semaine pour y rencontrer les religieuses ou les fidèles et leur donner une parole d’encouragement.
En 1848 on construisit une brasserie et l’année suivante une fromagerie et une forge. Ces petits bâtiments étaient en bois mais furent reconstruits en dur au même endroit peu après 1870, comme nous le verrons ci-après.
Dom Dominique acheva de meubler l’église abbatiale, dont la construction avait été commencée par Père Nil et continuée par Père Athanase. Cet édifice mesurait intérieurement 30 mètres de long sur 10 de large et avait sous voûtes une hauteur de 13 mètres. Il présentait extérieurement un aspect de fabrique romaine, grands murs avec jambes de force et percées sur chaque côté de trois larges baies en forme de demi-lunes. Dom Dominique plaça une statue de Notre Dame dans la chapelle absidiale, et décora la nef de huit statues d’apôtres. Cette église avait six autels. Les voûtes surbaissées, avec arcs doubleaux en anse de panier, la rendait très sonore. Elle n’offrait rien de remarquable d’ailleurs sur le plan architectural.
En 1870, le Prieur et cellérier Père Athanase décédait. Il fut remplacé comme cellérier par Père Albéric Leurèle, cousin de Dom Dominique Lacaes. Il accrut considérablement la ferme, rendit excellente la fabrication de la bière à l’usage de la communauté. Elle ne fut commercialisée que quelques années plus tard.
Père Albéric agrandit la laiterie et la fromagerie, qui devinrent dès lors les principales ressources de la communauté et permirent de cesser les quêtes. Il construisit également de nouvelles étables pour les bêtes à cornes. Ces bâtiments tout neufs faisaient dire que les frères étaient moins bien logés que les bêtes…
En 1870 encore, l’on reconstruisit l’Église Saint Constance. La première église était tellement petite que l’on put construire la nouvelle église par-dessus l’existante. On construisit les murs et la toiture avant de démonter la précédente. Puis il suffisait de faire la décoration intérieure pour avoir une église Saint Constance toute neuve.
En 1875 on reconstruisit la petite hôtellerie qui n’était pas suffisante et qui menaçait bientôt ruine. Bien qu’elle ne datait que de 1847 il fallut la reconstruire. On la reconstruisit au même endroit mais en plus grand et plus haut, c’est-à-dire qu’elle avait désormais la même hauteur que le bâtiment des Antonins sur lequel elle s’adossait. Sur la photo prise côté Sud on aperçoit le clocher de la nouvelle église Saint Constance qui est de hauteur similaire que l’hôtellerie.
Dès lors le monastère semble « terminé », et l’on peut raisonnablement construire le mur de clôture pour isoler les lieux privatifs des moines. En reprenant les précédentes photos en « grand angle » on voit ce mur côté Nord et côté Sud. Seule l’entrée de l’Église Saint Constance était accessible depuis la route, ainsi que la nouvelle entrée du monastère.
Dom Dominique et Père Albéric envisageaient également de reconstruire le monastère. Le monastère, dès cette époque, était jugé par tout le monde trop étroit pour une communauté de plus de 50 religieux. Tous les bâtiments, dont les plus anciens datant des religieux Antonins construits en 1725, jusqu’aux plus récents, comme l’église, construite en 1835, étaient salpêtrés et ruinés par l’humidité.
Malheureusement, Dom Dominique et son cellérier moururent respectivement en janvier et en juin 1883 sans avoir pu mettre à exécution leur projet.
Dom Sébastien Wyart, élu en janvier 1883 songea également à la reconstruction. Mais il fut très rapidement happé par des obligations hors du monastère, avant de devenir Abbé de Sept-Fons puis Abbé Général de l’Ordre des Cisterciens-Trappistes en 1892. Ayant démissionné comme abbé du Mont des Cats en 1889, son Prieur Dom Jérôme Parent est élu et reprend le projet.