Dimanche des Rameaux et de la Passion.

Pour trente deniers

Judas Iscariote, l’un des Douze, alla trouver les grands prêtres pour leur livrer Jésus.  Ils se réjouirent, et promirent de lui donner de l’argent (Mc 14,10-11).  Saint Marc ne précise pas le prix que les grands prêtres promirent à Judas.  Matthieu, lui, nous le rapporte : trente pièces d’argent… les trente pièces d’argent, la valeur de celui qui a été estimé, qu’on a estimé de la part des enfants d’Israël (Mt 26,15 et 27,9). 

Ces trente pièces d’argent, c’est le prix d’un esclave, selon la Loi de Moïse donnée au Peuple au pied du Sinaï (Ex 21,32).  C’est la valeur que Judas accorde à Celui qui fut son Maître pendant trois années.  Le prix d’un esclave. 

Le contraste est d’autant plus fort, lorsque l’on met en parallèle cette réalité de l’arrestation de Jésus, avec ce que nous avons célébré en premier ce matin : l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.  À cet instant, Jésus est acclamé comme le Roi d’Israël, comme le Messie, l’envoyé de Dieu.  Il entre dans Sa Ville, monté sur un âne, la monture des rois.  Et Il est acclamé par ces paroles : Hosanna au plus haut des cieux, paroles que la liturgie nous fait reprendre en chœur avec les anges dans le ciel, lorsque nous chantons le Sanctus de la messe. 

Et peu après, quelques jours après selon certains, Jésus est arrêté, comme un malfaiteur.  Les milices du Temple sont venues armés d’épées et de bâtons pour l’arrêter, lui qui était désarmé, les mains nues, et qui avait toujours prêché l’amour de ses frères, jusqu’à l’amour de ses ennemis.  Ce ne fut pourtant que le tout début de la passion de Notre Seigneur Jésus-Christ.  Après la condamnation par les grands prêtres, les miliciens traitèrent Jésus comme un malfaiteur, un moins que rien, une victime sur laquelle ils pouvaient assouvir leur colère, toute leur hargne, leur agressivité. 

Après que Pilate l’eût condamné à mort, les soldats rassemblèrent toute la garde et reprirent les sévices avec encore plus de force et de méchanceté.  Une fois crucifié, alors qu’il ne pouvait plus rien dire ni faire, les foules rassemblées, avec à leur tête les prêtres et les scribes, demandaient un dernier signe… 

C’est bien ce que nous rappelle le cantique de l’épître aux Philippiens qui sera le leitmotiv de toutes nos célébrations de cette Sainte Semaine :
Lui, de condition divine…
S’anéantit, devenant le serviteur,
S’humilia jusqu’à mourir sur une croix,
Sur la croix, comme le pire des criminels…

Même si Saint Benoît a un long chapitre sur les douze degrés de l’humilité, degrés que le moine est invité à gravir, nous n’allons jamais vivre la kénose, l’humilité, les humiliations, que le Christ-Dieu a soufferts dans sa vie d’homme.  Suivons tout de même son exemple en cherchant toujours à faire le bien, et accompagnons-le ces jours-ci dans sa Passion et sa mort. 

Rappelons-nous toujours et sans fin, que c’est par amour pour nous, pour chacun de nous en particulier, pour tous les humains de tous les temps, que Jésus est venu, qu’Il a souffert, qu’Il est mort.  Suivons-Le dans ses souffrances et sa Passion, pour pouvoir jubiler avec Lui grâce à sa Résurrection que nous célébrerons dimanche prochain. 

Père Bernard-Marie

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