Solennité de la Toussaint

La fête de tous les saints et notre propre sanctification.

Le Jour de Pâques, nous célébrions la résurrection de Jésus et son entrée au ciel avec son corps.  Si l’Ascension est traditionnellement célébrée 40 jours après Pâques, cette célébration veut dire, à sa manière, que Jésus ressuscité n’intervient désormais plus auprès de ses disciples par des apparitions comme Il fit durant la courte période qui suivit sa résurrection.  La fête de ce Jour est en quelque sorte la clôture de l’année liturgique.  Jésus ressuscité et monté au ciel, nous invite tous à Le rejoindre.  C’est ce qu’ont déjà fait tous les saints et bienheureux, comme nous l’a rappelé la première lecture, tirée de l’Apocalypse :
J’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer,
de toutes nations, races, peuples et langues.

Vivre avec eux, en présence de ces peuples nombreux et devant Dieu, voilà le but de notre vie, notre attente pour la grande rencontre, une fois que nous aurons achevé notre course sur cette terre.  Là, nous rejoindrons tous ceux qui nous ont précédés et,
Palmes à la main… nous nous joindrons aux élus qui chantent la gloire de Dieu.

Chanter la gloire de Dieu, sur la terre, dans notre prière personnelle ou communautaire, dans nos églises ou dans le secret de notre chambre…  c’est déjà vivre quelque chose de ce que nous vivrons au ciel plus tard.  Comme l’a dit Jésus à ses disciples :
Chaque fois que deux ou trois sont réunis en mon nom, Je suis au milieu d’eux (Mt 18,20).

C’est déjà la communion avec Dieu, avec tous les saints, avec ceux que nous avons aimés et qui sont déjà entrés dans leur éternité.  C’est pourquoi aussi nous célébrons la mémoire de tous nos défunts le lendemain de la Toussaint, puisque nous croyons qu’ils sont déjà au ciel avec Dieu et tous les saints.  Telle est la vie que nous attendons, cette vie dans la gloire, dans l’intimité de Dieu avec tous ceux que nous avons connus, et aimés.  

La foi en la résurrection, la foi en la vie après la mort, ne sont plus aussi évidentes aujourd’hui que jadis.  L’environnement dans lequel nous vivons, avec le « tout tout de suite » et les joies éphémères de la vie en société ont fait perdre de vue que Dieu a créé le monde, qu’Il nous a créés par amour et qu’Il attend notre réponse dès maintenant mais surtout dans la vie après la mort.  Cette difficulté de la foi n’est pas nouvelle, puisque Saint Paul précisait déjà aux chrétiens de Corinthe que, oui, le Christ est ressuscité, en faisant un raisonnement par l’absurde :   
Si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité.
Et si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est illusoire.

Et il termine en affirmant :
Si nous avons mis notre espérance en Christ pour cette vie seulement,
nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.(1Co 15,16.19)

La résurrection donne tout son sens à la vie du chrétien, et plus encore à la vie du moine. Nous attendons, dans la foi, de rencontrer le Seigneur dans la gloire, de vivre en sa présence pour l’éternité.

Cette attente, nous ne la faisons pas les bras croisés, passivement.  Non, la vie chrétienne est une vie dynamique, où nous nous préparons à la rencontre avec le Seigneur, comme nous le rappelait Saint Jean dans l’épître :
Nous sommes dès maintenant enfants de Dieu…
mais lorsque le Fils de Dieu paraîtra nous serons semblables à Lui.

Jésus nous enseigne comment les enfants de Dieu doivent se comporter.  Soyons disciples de Jésus, approchons-nous de Lui pour entendre son enseignement : les béatitudes.

Pauvres de cœur, doux, miséricordieux, compatissants, artisans de paix.

Vivons selon les béatitudes, en n’importe quel état de vie où Dieu nous a appelé.  Ainsi, nous ferons advenir le Règne de Dieu, et la paix et l’amour progresseront de loin en loin.  Notre amour, notre paix, transfigureront les hommes dans leurs relations.  Mais pas seulement les hommes…  La création elle-même doit être transfigurée par la résurrection.  C’est ce que Saint Paul nous rappelait dans un autre texte célèbre, que nous avons entendu hier à la messe :
La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu …
pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu.  (Rom 8,19.20)

Avec toute la création, avec les hommes et les femmes qui ont vécu avant nous, avec tous ceux qui viendront après, avec les myriades d’anges, nous chanterons sans fin la gloire de Dieu.

Oui, réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.

Père Bernard-Marie

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