Troisième Dimanche de Carême

Le décalogue

L’Église nous a proposé, en première lecture, la version « longue » du Décalogue, ces Dix Paroles que Dieu avait écrites de son doigt sur les tables de pierre que Moïse avait préparées.   

Ce sont ces Paroles que Dieu ensuite, demanda au Peuple de graver dans leur cœur, de les avoir présentes :
Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur.
Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage,
que tu sois couché ou que tu sois levé ;
tu les attacheras à ton poignet comme un signe, elles seront un bandeau sur ton front,
tu les inscriras à l’entrée de ta maison et aux portes de ta ville. (Dt 6,7-9)

Saint Benoît, dans le chapitre 4 sa Règle, « des Instruments de Bonnes Œuvres », rapporte aussi, de manière assez développée, un certain nombre de ces mêmes commandements.  Nous sommes donc assez bien familiarisés avec tant de prescriptions, et nous essayons, surtout pendant le temps du Carême, à nous les réapproprier et à les vivre en vérité. 

Jésus aussi a enseigné à ses disciples à vivre selon les enseignements de la Loi, mais sans prendre tout cela à la lettre, comme le faisaient les pharisiens à son époque.  Et, lorsqu’on demanda à Jésus quel est le premier et le plus grand commandement, il fit en quelque sorte la synthèse commandements contenues dans la Loi et les Prophètes en répondant :

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces,
et tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Mt 22,37-38)

Ainsi, dans l’Évangile de ce matin, Jésus nous montre jusqu’où va son amour de Dieu.  Rappelons-nous déjà que dès ses douze ans, Jésus avait conscience d’avoir Dieu pour Père, puisqu’il répondit à ses parents qui l’avaient cherché pendant 3 jours :
Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ?
Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? (Lc 2,49)

Saint Jean place l’épisode des vendeurs chassés du Temple au tout début de la vie publique de Jésus, tandis que les trois évangiles synoptiques placent cet événement juste avant sa Passion.  Saint Jean veut insister ainsi sur le fait que Jésus avait un amour viscéral pour le Temple, la Maison de son Père, la Demeure de Dieu, et qu’il exigeait que les autres respectent ce lieu sacré, ce lieu très sacré. 

En ce temps de Carême, posons-nous la question de savoir comment nous nous situons…  D’une part, la Règle de Saint Benoît nous demande de vivre le Carême comme un temps de conversion, de davantage de prière, de jeûne, de lecture spirituelle, d’amour pour nos frères et tous ceux que nous rencontrons.  C’est un rappel du Décalogue de Moïse, adapté à la vie monastique, mais aussi à la vie de chaque chrétien, quel que soit son état de vie.

D’autre part, Saint Benoît encore, nous demande de ne rien préférer à l’amour du Christ.  Nous sommes invités à vivre cela par la liturgie, par la prière, la lectio divina.  Comme Jésus, cherchons à entrer dans la Maison de Dieu pour y rencontrer le Père.  C’est pourquoi, toujours dans sa Règle, Saint Benoît demande que l’oratoire soit un lieu d’intimité avec Dieu et ne serve qu’à cela. 

C’est à tout cela que le Carême nous invite, comme ne le rappelait également la prière d’ouverture de cette Eucharistie :
Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi;
tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage ;
Ecoute l’aveu de notre faiblesse : nous avons conscience de nos fautes,
patiemment, relève-nous avec amour.

En ce troisième Dimanche de Carême, alors que la montée vers Pâques se fait plus pressante, demandons à Dieu de nous redonner courage et force pour avancer vers Lui et de nous préparer à célébrer bientôt les fêtes pascales de la victoire de Jésus sur le péché et sur la mort.

Père Bernard-Marie

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Février 2024

Lundi 5 : La retraite à peine finie que nos frères Jean-Luc et Jamie s’en vont rejoindre Lérins suivre la première des 3 sessions pour les novices. Ils bûcheront sur les Pères du Désert. Retour vendredi 9.  Ils nous en donneront un écho quelques jours plus tard.

Mardi 06 : Père Abbé s’en va rejoindre la capitale pour l’AG et le CA de MONASTIC. Retour le lendemain 7.

Samedi 10 et dimanche 11 : Monsieur Jean-Baptiste Beuscart professeur en gériatrie à l’hôpital de Lille nous présente un topo sur « le Cure » entendez la guérison des soins et « le Care » entendez la personne, ce en vue d’améliorer le fonctionnement de l’infirmerie.

Mercredi 14 : L’heure vient, et c’est aujourd’hui même, que nous entrons dans la Grande Quarantaine qui nous fera suivre le Christ au désert. Et pour cela, outre l’Office Divin, nous aurons un temps de lectio en commun auquel nous y ajouterons le jeûne et la prière personnelle plus assidue si l’Esprit Saint nous y aide. Cela nous conduira à la Sainte Pâques dans la joie du désir spirituel comme dit notre Père Saint Benoît dans sa Règle.

Vendredi 16 : Frère Rémy Vallejo vient nous présenter les premiers résultats quant à l’ouvrage que nous lui avons demandé en vue du bicentenaire de la fondation de l’abbaye.

Comme l’année dernière, nous regardons et écoutons les conférences de Carême de Notre-Dame s’articulant cette fois-ci autour de « Littérature et Sacrements » avec au programme Léon Bloy dimanche 18 février ; Claudel mardi 27 février ; Bernanos dimanche 3 mars : Péguy dimanche 10 mars ; Huysmans  dimanche 17 mars  et Marie-Noël dimanche 24 mars pour conclure. Que du beau monde comme on peut le constater !!!!!!!!!!

Lundi 19 : Père Abbé s’en va rejoindre les Pays-Bas rendre une visite d’amitié à nos frères de Tilburg dont il revient satisfait et nous gratifiera mercredi 28 de photos qu’il aura prises tant à Tilburg même que chez nos sœurs d’Arnhem dont la particularité est de vendre du terrain comme futur…. cimetière.

Dimanche 25 : Nous retrouvons Père Podvin, qui avant d’exercer son ministère de confesseur extraordinaire de la maison, nous commente ce qui fait l’actualité du moment. Et de commencer, une fois n’est pas coutume, par noter de bonnes nouvelles. A savoir, côté Eglise, le nombre croissant de catéchumènes ce qui ne va pas sans problèmes pour répondre à leur suivi faute de moyens. Le nouveau préfet de Lille comprend ce qu’est l’Eglise. Les paroisses s’investissent beaucoup dans l’accueil des migrants. Pourtant, des divisions existent notamment à propos de  Fiducia Supplicans – bénédiction des personnes homosexuelles et des divorcés-remariés –.  Laudate Deum n’est pas non plus évident pour tout le monde. Et côté profane, Père Podvin de noter le climat très tendu au salon de l’agriculture. Quant à l’hommage rendu à Robert Badinter, peut-être sait-on moins qu’il était opposé à l’euthanasie. La constitutionnalisation de l’avortement se fait dans l’indifférence quasi complète. Triste anniversaire – c’est le moins qu’on puisse dire – de la guerre en Ukraine. Que peut-on négocier pour arrêter le conflit ?  Encore et toujours de quoi prier.

Même si l’été est encore loin, cela n’empêche pas Sébastien et Frédéric, son bras droit, de braver les derniers frimas de l’hiver pour refaire à neuf une bonne partie du macadam côté cour de la fromagerie. Le dallage autour du perron est également au programme.

Lecture au réfectoire : La mise au pas des écrivains. L’impossible mission de l’abbé Bethléhem au XXème siècle. L’abbé Bethléem est surtout connu pour avoir publié en 1904 un brûlot, Romans à lire et romans à proscrire, futur best-seller. Mais la force de frappe de son magazine culturel, la Revue des Lectures, qui parvint à s’imposer dans le paysage culturel de l’entre-deux guerres, l’est beaucoup moins. Ce grand intellectuel catholique, soutenu par le Saint-Siège, fut la bête noire des surréalistes qui refusaient ses oukases, et il n’hésita pas non plus à s’attaquer à Gide ou à Mauriac. Jean-Yves Mollier raconte avec brio l’histoire de cet abbé chargé de mettre au pas les écrivains – y compris catholiques – au XXe siècle, et de les contraindre à respecter les lois relatives aux bonnes mœurs. Menacée dans ses certitudes et ses croyances à l’époque de l’Encyclopédie, l’Eglise souhaitait reconquérir les âmes perdues et traquer le Mal partout où il sévissait. (….).  Fondé sur un important dépouillement d’archives et de journaux, cet ouvrage édifiant montre que la censure, présente encore au XXIe siècle, et refuge de tous les extrémismes, doit beaucoup à l’abbé Bethléem, et au-delà de sa forte personnalité, à l’Eglise catholique et à sa difficulté à laisser l’individu déterminer librement sa destinée.

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Mercredi des Cendres : Entrée en Carême.

Ne faites pas comme les hypocrites, nous dit Jésus dans l’Évangile.  Et par trois fois, à propos des aumônes, de la prière, du jeûne.  Il est tellement facile de se mettre en avant, de montrer qu’on fait des aumônes, de montrer qu’on prie, de montrer qu’on jeûne. 

Mais qu’est-ce que cela signifie de montrer – de se montrer en spectacle ?  Est-ce cela la religion que Jésus nous invite à pratiquer ?  Ce n’est pas tellement cela qui nous guette, nous moines cénobites. 

La vie commune est suffisamment bien réglée pour éviter ces excès dans le jeûne et la prière.  Quoique… Saint Benoît lui-même demande aux moines de s’en référer à l’abbé ou au père spirituel s’il veut ajouter quelque chose à ce qui est proposé communautairement.  Car, dit Saint Benoît, « ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera tenu pour présomption et vaine gloire » (RB 49).   La modération bénédictine va jusqu’à rappeler que l’obéissance est plus importante que des pratiques individuelles.  Toujours et tout au long de sa Règle, Saint Benoît nous rappelle que nous sommes des cénobites, ce qui implique que nous ne devons pas chercher à nous singulariser par telle ou telle pénitence ou par un jeûne excessif.  Ce qui n’empêche que, dès son chapitre sur les Instruments pour bien agir, Saint Benoît nous invite à « aimer le jeûne » (RB 4). 

Jésus aussi nous invite à plusieurs reprises à aimer le jeûne et la prière.  Outre la lecture de l’Évangile de ce matin, rappelons-nous également ce Que Jésus répondit aux disciples qui n’arrivaient pas à expulser le démon : « Cette espèce-là, rien ne peut la faire sortir, sauf la prière et le jeûne » (Mc 9,29). 

Comme nous l’avons entendu durant notre retraite communautaire il y a peu, le démon est à l’affût pour nous faire tomber.  En ce premier jour de jeûne, et durant tout le carême, nous avons donc deux objectifs que nous pouvons réaliser.  D’abord, vivre intensément avec Jésus sa montée à Jérusalem où il mourra par amour pour nous.  Ensuite, nous purifier des démons et de leurs suggestions à ne pas suivre le Christ.  Croire avec le Visionnaire de l’Apocalypse que la victoire de Jésus par sa mort et sa résurrection est également notre victoire sur le mal. 

C’est aussi ce que nous demandions dans la prière d’ouverture de cette célébration :
Accorde-nous, Seigneur, de savoir commercer saintement,
par une journée de jeûne, notre entraînement au combat spirituel :
que nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l’esprit du mal. 

Et Dieu nous accompagnera jusqu’à la victoire du Christ, en sa résurrection. 

Père Bernard-Marie

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Janvier 2024

Lundi 1er : Nous commençons cette nouvelle année comme nous avions terminé l’année dernière c’est-à-dire de manière gastronomique puisque nous partageons une raclette maison avant de régaler nos yeux en regardant « Fantasia » de Walt Disney.

Mardi 2 : Frère Rémy Vallejo dominicain à Lille vient nous présenter le projet qu’il a de consacrer un livre d’art en complément au livre de Monsieur Jean-Pascal Vanhove sur l’histoire du Mont des Cats dans le cadre du bicentenaire de la fondation de l’abbaye en 2026. Charge à nous de trouver les textes de notre tradition cistercienne qui « parleraient » le mieux aux lecteurs.

Plus de la moitié de la communauté suit par vidéo-conférence une – longue – session chaque mardi pendant 6 mois donnée par Mère Eleanor de la Maison Généralice sur les Constitutions de l’Ordre

Mercredi 3 : Après « deux années blanches » pour cause de Corona, nous retrouvons le conseil municipal de Gode pour les traditionnels vœux de nouvel an autour d’amuse-gueule et autre petits fours. Ce qui clôt les festivités liées au temps de Noël. Les bonnes choses ont toujours une fin, c’est bien connu.

Samedi 6 : Père Abbé s’en va à la bénédiction abbatiale de Dom Marco nouvel abbé de Tamié et de là partira à Maromby et nommera jeudi 18 Frère Edmond supérieur ad nutum de la communauté. Charge qu’il avait déjà remplie il y a déjà quelques années auparavant. Retour avec Frère Pierre-André le 25, juste à temps pour les 1ères Vêpres des Saints Fondateurs.

Dimanche 7 : En cette fête de l’Epiphanie, nous revisitons un des classiques de la littérature française en regardant un film consacré au « Petit Prince » de Saint Exupéry Composé d’archives et de formidables séquences d’animation.  Ce documentaire éclaire la genèse du chef-d’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) en retraçant les quatre dernières années de sa vie, marquées par la guerre et son exil aux États-Unis. Suite et fin dimanche 14.

Mardi 9 et mercredi 10 : Nous regardons et écoutons le Père François Potez retracer son itinéraire humain et spirituel qui l’a conduit de la marine au sacerdoce jusqu’à écrire « La grave allégresse » que nous lisons au réfectoire.

Vendredi 12 et la semaine suivante, nous reprenons des cours de patrologie en suivant – on l’aura deviné – « la foi prise au mot » consacrée aux « Ecrits des Pères Apostoliques ». Cela nous conduira des « Premiers écrits chrétiens » en passant par « Le Pasteur » d’Hermas en continuant avec Ignace d’Antioche pour finir avec Justin. Ne manquera plus qu’une interrogation écrite ou orale !!!!!

Dimanche 21 : S’il est un écrivain de la grâce de Dieu par excellence, c’est bien Georges Bernanos.  A l’œuvre dans les ténèbres les plus épaisses de la condition humaine, l’écrivain l’a incarnée dans les personnages de ses romans en prise avec le réel de leur temps. Spécialiste de l’œuvre romanesque de l’écrivain, le théologien Benoît Lobet nous décrypte l’essence de la foi chrétienne aux prises avec le combat spirituel entre le Bien et le Mal. 

Lundi 22 : Notre frère Gilles est hospitalisé pour une nouvelle intervention au niveau des jambes. Retour le 1er février

Dimanche 28 : Nous sommes en retraite, ni plus ni moins et ce, jusqu’au 4 février.   Et cette année c’est notre voisin Mgr Dufour qui nous la prêche. Ce dernier ayant séjourné un peu plus de 2 mois chez nous en 2022 pendant les travaux du presbytère de Meteren où il réside désormais. Et Mgr Dufour de lire « l’Apocalypse » de manière continue et en parallèle avec « le Principe et Fondement » de Saint Ignace. Chacun aura eu de quoi « prendre » pour approfondir sa relation au Seigneur.

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Saints Robert, Albéric et Etienne

Les Saints Fondateurs de Cîteaux

Nous célébrons aujourd’hui les trois abbés fondateurs de l’Abbaye de Cîteaux.  Chacun à sa manière a mis sa pierre à l’édifice pour que l’Ordre Cistercien soit ce qu’il est devenu, avec son rayonnement jusqu’à aujourd’hui.  Chacun des trois donna une couleur particulière à l’édifice. 

Robert avec quitté Molesmes pour s’installer dans un lieu retiré, où il souhaitait vivre de manière plus conforme à ce que Saint Benoît enseigne dans sa Règle.  Le travail manuel était remis à l’honneur, alors qu’à l’époque nombre de monastères vivaient des revenus du travail d’autrui.  Robert souhaitait également rompre l’habitude que les seigneurs locaux viennent en grande pompe investir les monastères pour leurs réunions mondaines. 

Albéric eut pour première tâche de fixer la communauté sur le lieu, en remplaçant les cabanes par un monastère en dur.  Les anciens ermites de Molesmes devinrent dès lors des moines cénobites, pour qui la Règle de Saint Benoît avait été écrite.   Mais les vocations restaient rares, car le Nouveau Monastère avait une telle réputation d’austérité que personne n’envisageait d’y entrer. 

Étienne succéda à Albéric et, grâce à un long abbatiat, put mettre sur pied l’organisation juridique, canonique et liturgique.  Dès avant d’être abbé il avait rétabli le chant grégorien selon la tradition de Saint Ambroise de Milan, et simplifié l’office pour respecter davantage ce que Saint Benoît nous enseigne dans sa Règle.  Selon le Grand Exorde, Saint Étienne, brûlait d’une fidélité jalouse et d’un amour ardent pour la vie monastique, la pauvreté et la discipline régulière.  C’est cet amour qui donna vie à la communauté de Cîteaux.   On peut imaginer que c’est cette coloration particulière d’Étienne qui modifia la manière de penser des contemporains vis-à-vis du « Nouveau Monastère ».  Les vocations commencèrent à entrer, ce qui permit de prévoir des fondations dans l’esprit de Cîteaux.  C’est pourquoi, sous l’inspiration d’Étienne, la Charte de Charité fut rédigée pour définir le lien qui doit unir toutes les communautés vivant la même spiritualité.

C’est dans cet environnement apaisé et dans une vraie « école de l’amour du Seigneur » que les vocations affluèrent en nombre.  La fondation de La Ferté était déjà bien engagée lorsque Bernard arriva avec ses 30 compagnons.  On a souvent tendance à dire que c’est Bernard qui est le fondateur de Cîteaux.  Nous, moines, savons que ce n’est pas vrai.  Mais Bernard est le plus connu des premiers cisterciens.  Disons que Bernard a mis en paroles, dans ses écrits et ses sermons, ce que Robert, Albéric et Étienne ont commencé.  Le terreau était fertile, Bernard y fut planté par le Seigneur et a donné un fruit abondant. C’est par ses œuvres que Bernard a donné une forme littéraire à la vision monastique des fondateurs de Cîteaux.  De ce fruit abondant, nous vivons toujours.    

Rappelons encore une fois que ce sont Étienne et les fondateurs de Cîteaux qui ont rédigé la Charte de Charité.  Bernard a appliqué le maître-mot de la charité dans ses écrits, et a interprété le Livre du Cantique des Cantiques, dans la culture féodale de l’époque, pour en faire le chant d’amour de l’âme du moine avec son Époux, le Christ ressuscité. 

C’est de tout cela que nous sommes les héritiers.  Héritiers bien malhabiles, bien inférieurs à nos maîtres, qu’ils soient Bernard, Guerric, Aelred, Gilbert et tous les autres.  Essayons du moins de nous inspirer de leur science, de leur expérience spirituelle dans notre propre vie de prière, dans notre propre relation à Dieu et à nos frères.  Comme nous le rappelle la Charte de Charité, essayons à leur exemple, de « servir le seul vrai Roi, Seigneur et Maître », le Christ.

En cette célébration de fête, demandons au Seigneur de suivre l’exemple de nos saints Fondateurs et d’être comme eux, fidèles à notre vocation et attentifs à son appel pour aujourd’hui.  Que, comme l’exprimèrent les auteurs cisterciens à l’école de nos Fondateurs, nous ayons au fond du cœur le désir ardent de courir vers la vie éternelle.  Que nous soyons des témoins pour aujourd’hui de l’attente de la grande rencontre avec notre Seigneur le Christ.  Il viendra nous chercher et nous entrerons alors dans sa gloire, pour le contempler éternellement, lui, l’Epoux de notre âme, Lui que nous avons cherché tout au long de notre vie monastique.

Père Bernard-Marie

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