L’Assomption de Marie
Très vite après la mort de Jésus, Marie reçut une place particulière dans la première communauté des croyants. On en trouve une trace dans la Passion selon Saint Jean où Jésus en croix donne Marie comme Mère à son disciple préféré, Jean.
Une fois la Mère du Seigneur décédée, la foi et la dévotion populaire, ont réfléchi au devenir de sa dépouille mortelle. Se pouvait-il que Jésus laisse le corps de sa Mère subir la décomposition, ce qui est le propre de tous les défunts ? Eh bien, non ! Les premiers chrétiens se référèrent au verset du Psaume 16 :
Tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption.
Verset que Saint Paul utilisa en son temps pour expliquer la résurrection du Christ lui-même (Ac 13,35). Mais il n’était pas question de parler de la « résurrection » de Marie.
Si Dieu Père a ressuscité son Fils d’entre les morts, c’est le Christ ressuscité qui est venu prendre sa Mère pour l’amener auprès de lui dans les cieux. La tradition orthodoxe parle de la « Dormition » de la Vierge. Marie se serait endormie puis son corps disparut d’entre les disciples réunis autour d’elle, pour entrer dans le ciel. La tradition catholique parle de l’Assomption de la Vierge. Marie fut déposée dans un tombeau mais les disciples ensuite trouvèrent le tombeau vide, parce que Jésus était venu la chercher pour la faire monter au ciel.
Saint Bernard avait une dévotion très forte, une admiration intense de la Vierge Marie, au point de nous léguer des textes admirables sur Marie et les raisons de l’invoquer dans notre vie. C’est de son temps que les Cisterciens ont décidé de chanter chaque soir le Salve Regina et que les Cisterciens ont proclamé Marie en son Assomption patronne principale de l’Ordre.
L’humanité du Christ fut ornée de privilèges merveilleux et indissolublement liés à la divinité pour la Rédemption et l’Église. Un des privilèges fut la Vierge Marie qui fut préservée de toute tache de la faute originelle. Un autre privilège que reçut la Vierge Marie, est justement l’Assomption au ciel de son corps et de son âme, où elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l’univers afin de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs et vainqueur du péché et de la mort, comme nous l’enseigne le Concile Vatican II (Lumen Gentium 59).
La Vierge Marie devint Mère de Dieu en donnant naissance au Fils de Dieu. Sur la Croix, comme nous le rapporte l’évangéliste Saint Jean, Marie nous fut donnée par Jésus lui-même comme Mère. Marie reçut tous ses privilèges pour pouvoir nous transmettre la sainteté qu’elle-même a reçue. Marie est donc notre Mère du ciel en même temps qu’elle est Mère de toutes les grâces qui nous parviennent. Rappelons que Saint Bernard a insisté dans nombre de ses écrits que nous sommes sûrs d’être exaucés si nous crions vers Marie, l’Etoile de la Mer, pour recevoir les grâces divines (cfr Sermon de l’Aqueduc).
Le Jour de Pâques, chaque année, nous célébrons la résurrection de Jésus-Christ. C’est en sa qualité de Fils de Dieu que le Père l’a ressuscité des morts. Par sa résurrection, le Fils nous a ouvert les portes du ciel, qui furent fermées par le péché de nos premiers parents, Adam et Ève. C’est ce que nous rappelait Saint Paul dans la seconde lecture de ce jour :
de même que tous les hommes meurent en Adam,
de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang :
en premier, le Christ, et ensuite, ceux qui lui appartiennent.
Et la première à Lui appartenir, c’est Marie sa Mère, qui fut introduite directement dans les cieux, dès le moment de sa mort. C’est en tant que créature, en tant que membre de la race humaine, tout comme nous, qu’elle est entrée dans les cieux. L’Assomption de Marie est une confirmation que les portes du ciel sont définitivement ouvertes et que nous sommes invités à y passer à notre tour.
En ce Jour de fête patronale pour la France et pour nous Cisterciens, demandons à Dieu par l’intercession de Marie sa Mère, de nous combler de grâces, afin d’avancer joyeusement sur notre route terrestre, avant de nous retrouver tous ensemble à chanter la gloire de Dieu dans le ciel. Comme nous l’avons demandé à Dieu le Père dans l’oraison d’ouverture de cette célébration :
Fais que, toujours tendus vers les réalités d’en-haut,
nous obtenions de partager la gloire de la Vierge Marie.
Que Jésus en cette Eucharistie nous bénisse et nous garde en son Amour.
Père Bernard-Marie