Solennité de la Pentecôte

Recevez l’Esprit Saint. 

Dans l’Évangile selon Saint Jean, il n’y a qu’un seul événement : la résurrection du Christ le jour de Pâques.  Dès sa première apparition aux disciples, Jésus les envoie par le monde entier, et Il leur donne l’Esprit Saint lorsqu’Il souffle sur eux.  Puis Il disparaît à leur regard.  Jean veut exprimer ainsi que Jésus ressuscité n’est plus le même que l’homme Jésus que les apôtres avaient côtoyé pendant 3 ans sur les routes de Galilée.  De même, lorsque Marie Madeleine veut lui prendre les pieds et les embrasser, Jésus lui dit : ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté auprès de mon Père et votre Père (Jn 20,17). 

La densité de la célébration, depuis le Dimanche des Rameaux, la célébration de la Cène, la Passion le Vendredi Saint et la Vigile Pascale, sont telles que nous ne sommes pas en mesure de goûter vraiment la richesse et la profondeur de l’événement de la Résurrection, de l’Ascension, du Don de l’Esprit, si tout avait dû être célébré le Jour de Pâques. 

Inspiré par Saint Luc, qui raconte l’Ascension 40 jours après Pâques, puis le don de l’Esprit le Jour de la Pentecôte, l’Église a assumé cette chronologie qui est plus à notre mesure de simples croyants. 

Saint Luc, dans l’extrait des Actes que nous avons entendu en première lecture, fait un parallèle entre la théophanie de Dieu au Sinaï et la descente de l’Esprit sur les Apôtres.  Le peuple rassemblé à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte ne s’y trompe pas et accourt pour voir le phénomène.  Le feu qui se répandit sur le Mont Sinaï descendit sur le Mont Sion, proche du Temple du Seigneur.  Le tremblement de la Montagne Sainte et les tonnerres se reproduisent au-dessus de la maison où sont réunis les disciples de Jésus.

Le Seigneur, par la bouche du prophète Ézéchiel, avait promis pour les temps à venir :
Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ;
j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. (Ez 36,27)

C’est aujourd’hui, en la fête de la Pentecôte, que Dieu accomplit sa promesse au profit des Apôtres et de tous ceux qui écoutent leur parole.  La Loi Nouvelle, inscrite dans le cœur, s’adresse à toutes les nations, chacune dans sa langue.  De ce fait, chacun entend la Parole de Dieu, dans son cœur, dans sa propre langue. 

Aujourd’hui, Dieu accomplit encore son œuvre en chacun de nous, en nous envoyant son Esprit Saint, à nous et à tous ceux qui, comme nous, célèbrent la Pentecôte et s’ouvrent à l’action divine.  Dans cette Eucharistie, Jésus vient à nous comme Il est apparu aux disciples réunis dans la Chambre Haute pour un repas, et Il nous dit :
La paix soit avec vous !
De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. 
Et :
Recevez l’Esprit Saint.

C’est l’Esprit Saint qui fait de nous des fils de Dieu, c’est l’Esprit en nous qui nous fait proclamer, comme l’affirme avec force Saint Paul :
personne n’est capable de dire :
« Jésus est Seigneur » sans l’action de l’Esprit Saint.

Et l’extrait de l’épître que nous venons d’entendre se conclut en affirmant que le salut aujourd’hui est donné à tous les peuples :
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres,
nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps.

Que le Saint Esprit, en ce jour de la Pentecôte, descende sur nous et sur tous ceux qui croient en Jésus-Christ.  Qu’en formant un seul corps nous soyons témoins devant tous les hommes de notre foi en la vie éternelle.  Jésus nous donne aujourd’hui encore son corps en nourriture afin que nous formions avec Lui, avec le Père et l’Esprit, avec les Saints et tous les croyants, un seul corps.  L’esprit nous est donné afin que nous témoignions toujours davantage de notre foi en Dieu Trinité.  Dieu nous donne la nourriture pour notre route d’aujourd’hui, avant de nous accueillir éternellement auprès de Lui lorsque notre vie terrestre arrivera à son terme.   

Père Bernard-Marie

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Avril 2023

Dimanche 2 des Rameaux : En cette ultime conférence de carême, Père Podvin propose un parallèle entre les discours de Paul à Athènes et à Corinthe et celui que les chrétiens tiennent aujourd’hui pour montrer l’étrangeté de la foi tant hier qu’aujourd’hui. De là, ou on s’en moque ou bien on marque de l’indifférence ou bien on y adhère malgré « l’étrangeté » du propos. Et le Père Podvin de boucler la boucle en invitant Notre Dame qui renaît de ses cendres à devenir la « maison de Dieu » au milieu de la maison des hommes.

Mardi saint : Père Abbé s’en va nous représenter à la messe chrismale.
Cette année plus de restriction sanitaire, ce qui fait que nous reprenons le rite du lavement des pieds ce qui a donné beaucoup d’émotion à notre Père Bernard-Marie puisque c’était la première fois qu’il lavait les pieds de quelques-uns comme abbé. Le reposoir est aménagé dans une chapelle latérale au soir du Jeudi Saint comme l’année dernière. Vendredi Saint, la croix du presbytère servira pour la célébration de la Passion. Après l’office, elle sera remplacée par la grande croix de bois du cloître, posée contre l’autel jusqu’au samedi saint. Quant à la veillée pascale, le temps étant au rendez-vous, nous célébrons la Résurrection du Christ avec un feu nouveau… flamboyant et pas mal de monde. Et pour le dimanche de Pâques, nous regardons non pas « la foi prise au mot » mais une émission consacrée au procès fait à l’Eglise depuis des lustres. Inquisition, antisémitisme, persécutions en tous genres, richesses, pouvoir et sexe… la liste des griefs faits à l’histoire de l’église catholique est très longue. Au cours de cette nouvelle émission d’Au risque de l’Histoire, Christophe Dickès reçoit Jean Sévillia qui vient de publier « L’Eglise en procès ». Ce livre, divisé en dix-huit thématiques, regroupe les signatures de quinze historiens et spécialistes qui se penchent sur les accusations dont l’Eglise est systématiquement la victime dans le cadre de procès à charge.  À travers l’exemple des croisades et de la colonisation, Jean Sévillia, accompagné du médiéviste Martin Aurell, décortique les ressorts de la simplification historique que sont l’anachronisme, le manichéisme et les mensonges par omission.

Vendredi 14 : « En avril ne te découvre pas d’un fil » dit le proverbe et alors tu pourras te balader en ce premier jour de rupture de rythme de l’année. À moins que tu préfères « hiberner » bien au chaud en restant tranquillement intra-muros. Il y a en a pour tout le monde.

Mercredi 19 et vendredi 21 : Pour faire pendant au livre de Monsieur Vanhove sur l’histoire de l’abbaye, Père Abbé nous propose un montage photos très bien fait des activités lucratives des origines à nos jours, ce qui représente quand même quelques 300 photos.

Dimanche 23 : Au vu du monde technique et technologique dans lequel nous vivons, l’intelligence artificielle peut travailler à notre place et écrire des dissertations, préparer des arguments pour un débat ou encore corriger nos textes. Si l’expérience est bluffante, la machine n’est cependant pas infaillible : à quel point peut-on faire confiance à celle-ci ? voilà la question à laquelle tente de répondre « L’Intelligence artificielle peut-on lui faire confiance ? ».

Lundi 24 : Le noviciat au grand complet s’en va rejoindre la maison-mère de l’Ordre qu’est Cîteaux pour une session sur la lectio divina. Retour vendredi 28. Nous les écouterons donner leurs impressions lors d’un prochain chapitre.

Mardi 25 : Père Abbé s’en va rejoindre la capitale pour une réunion d’OCSO France. Retour le lendemain 26.

Dimanche 30 : On a coutume de dire que saint Benoît était un migrant. L’était-il vraiment, lui qui se fixa sur le Mont Cassin où il fonda l’ordre bénédictin qui, du VIIIe siècle au XIIIe siècle, exerça tant d’influence sur la vie de l’Église et sur la société séculière, là où il élabora une règle monastique tellement parfaite qu’elle sera reprise et suivie à une certaine époque par quarante mille abbayes ? « Saint Benoit »  film d’Armand Isnard très bien fait retrace la vie mouvementée du  « patriarche des moines d’Occident » de l’Ombrie jusqu’à la crypte de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire en passant par l’abbaye territoriale du Mont Cassin et bien sûr Subiaco et Rome.

Grâce à une approche que la mystique suggère elle-même à ses intimes, cette biographie de « Marie Guyart de l’Incarnation » par Thérèse Nadeau-Lacour tente d’épouser au plus près l’expérience spirituelle qui fonde, anime et irrigue ses affaires temporelles, aussi bien les soucis du quotidien que les hauts faits et les audaces de la pionnière. Sa relation à Dieu se déploie au cœur de l’histoire, dans des contextes aussi inédits que celui de l’inouï « grand siècle des âmes», ou celui, épique, des premières fondations en Canada.
Les déplacements que son expérience lui fait déjà opérer dans les concepts de la modernité, confèrent à cette maîtresse de vie spirituelle une actualité inattendue.

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Quatrième Dimanche de Pâques

Dimanche du Bon Pasteur, prière pour les vocations.

Lorsque nous parlons du Dimanche du Bon Pasteur, nous pensons immédiatement au Psaume 22 qui était le Psaume Responsorial de la célébration :
Le Seigneur est mon Berger, je ne manque de rien…

Nous pensons également à Jésus, le Bon Berger qui s’en va à la recherche de la brebis perdue, qu’il prend sur ses épaules pour la ramener auprès ders 99 brebis qui ne sont restées ensemble.  Mais dans l’Évangile de ce matin Jésus nous parle des mauvais bergers, voleurs, et de la porte des brebis.  Difficile, à première vue, de s’y retrouver… 

Jésus commence par critiquer tous ceux qui se disent pasteur du troupeau, mais qui ne cherchent que leurs propres intérêts.  C’est ce que le prophète Ezéchiel reprochait déjà, au nom de Dieu, aux chefs d’Israël, lorsqu’il les invectivait (Ez 34,2-3) :
Quel malheur pour les bergers d’Israël qui sont bergers pour eux-mêmes !
N’est-ce pas pour les brebis qu’ils sont bergers ?
Vous, au contraire, vous buvez leur lait, vous vous êtes habillés avec leur laine,
vous égorgez les brebis grasses, vous n’êtes pas bergers pour le troupeau.

Et le prophète prophétise ensuite au nom du Seigneur (Ez 34,11) :
Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles.

Les vrais bergers passent par la porte, et appellent chacune des brebis par son nom, nous rappelle Jésus ce matin.  Le portier ouvre la porte, et le berger va et vient à la tête de son troupeau.  Dans cette première parabole, on peut se demander qui est le berger, qui est le portier.  Et l’évangéliste précise que les interlocuteurs de Jésus ne comprennent pas…

Lorsque Jésus reprend la parole pour une nouvelle parabole, les personnages ont encore changé de fonctions.  Il dit : Je suis la porte des brebis.  Le berger ouvre la porte, et les brebis entrent et sortent, en suivant le berger.  On peut rapprocher cette parabole à la parole que Jésus a dite à Pierre après la Confession de foi de Césarée :
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église…
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.  (Mt 16,18-19)

Jésus a délégué l’autorité sur son Peuple, sur son Église, aux hommes qu’Il a institués et qui se succèdent dans la charge de les conduire.  Et Jésus conclut, dans l’évangile de ce matin :
Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance.

Et Saint Pierre nous affirmait, dans la deuxième lecture :
Vous étiez errants comme des brebis ;
mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes.

L’homme a été créé par Dieu, corps et âme.  Notre corps est appelé à redevenir poussière et cendres, mais notre âme est éternelle.  Notre vie présente nous prépare à suivre Jésus sur terre, pour Le rejoindre ensuite au ciel, en présence de Dieu, des anges, des saints, de tous ceux que nous avons connus et aimés.  C’est vers la vie éternelle que nous sommes invités à cheminer durant notre pèlerinage sur terre. 

Jésus est la porte des brebis.  Cela veut dire que ce sont des hommes qui ouvrent et ferment la porte, pour que les brebis puissent entrer et sortir.  Ce n’est pas innocent que c’est le Dimanche du Bon Pasteur qui a été déclaré Dimanche des Vocations.  Les vocations dont l’Église a besoin, ce sont toutes les personnes qui témoignent que Dieu a une place dans leur vie, que Jésus-Christ est ressuscité et qu’Il veut nous donner la vie éternelle.  Croyons que Dieu appelle toujours.  Mais est-ce que les personnes entendent l’appel ?  Sont-elles prêtes à répondre à l’appel ?  Est-ce que ces personnes trouvent compréhension et encouragement auprès des leurs ?  Trouvent-elles le terreau pour épanouir cet appel et le réaliser ? 
Toutes ces questions, nous pouvons les porter dans notre prière aujourd’hui. 

Appliquons à cette grande intention, les vocations dont l’Église a besoin, la prière d’ouverture de cette Eucharistie, en la modifiant un tout petit peu :
Dieu éternel et tout-puissant, donne aux personnes que tu appelles,
la grâce d’entendre ton appel et d’y répondre avec foi,
afin que le troupeau ait des guides, des bergers, des priants,
qui lui permette, malgré sa faiblesse, d’avancer joyeusement
et d’entrer là où son Pasteur est entré victorieux. 

Que Jésus ressuscité nous montre la route et nous donne la persévérance pour être un jour avec Lui dans le bercail éternel. 

Père Bernard-Marie

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Vigile Pascale

Il est ressuscité, Il vous précède en Galilée

Chacun des évangélistes essaye, avec des mots humains, de raconter ce qui s’est passé le matin de Pâques.  Dans l’évangile que nous venons d’entendre, les femmes voient un ange descendre du ciel, lumineux comme le soleil, blanc comme la neige, mais Jésus, elles ne le voient pas.  Il a « disparu ».  Il n’est pas ici, leur dit l’ange. 

Dans le récit de la Passion selon Saint Matthieu, que nous avons entendu dimanche dernier, au Jardin des Oliviers, Jésus dit à ses disciples :
            Cette nuit je serai pour vous une occasion de chute, car il est écrit :
            Je frapperai le berger et les brebis du troupeau seront dispersées.
            Mais une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée.

Par deux fois, dans la brève péricope de la résurrection de Jésus que nous venons d’entendre, il est affirmé à propos de Jésus : il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez

Les femmes d’abord, les disciples ensuite, sont sous le choc des événements de ces derniers jours, tout comme les disciples d’Emmaüs qui quittent Jérusalem tout tristes.  On espérait … et voilà déjà trois jours… (Lc 24,21)

Les apôtres, les disciples, dans l’Évangile de Matthieu, ne semblent pas donner crédit aux dires des femmes.  Ils sont tellement bouleversés par l’échec retentissant de la proclamation du Règne de Dieu, règne d’amour et de paix, qu’ils perdent tout moyen de juger et d’agir.  Perturbés, désemparés, très vite, ils reprennent leur ancien métier de pêcheurs sur les bords du Lac de Galilée.  Ils ne comprennent toujours pas. 

Et pourtant, en continuant à réfléchir à ces paroles énigmatiques transmises par les femmes, ils commencent à se poser des questions.  Tout avait si bien commencé, ici, avec les Béatitudes et le discours sur la montagne.  Les guérisons miraculeuses et les foules qui accouraient pour voir et entendre Jésus.   De quoi parlait-il au juste ?  De Qui parlait-il ?  Du Règne de Dieu, de son Père qui est aux cieux. 

Les disciples se rappelèrent les événements, pour essayer comprendre qui était Jésus, pourquoi Il était venu, comment il fallait qu’il souffrît pour entrer dans sa gloire.  Ils essayaient de revivre les événements qu’ils avaient partagé avec le Maître, depuis les bords du Lac de Galilée jusqu’à cette montée à Jérusalem avec les annonces de sa passion et de sa mort. 

N’est-ce pas la même chose que le Peuple Juif faisait, la nuit de la Pâque, en remémorant le passage de la Mer Rouge, ce événement qui sauva le peuple de la servitude d’Égypte ?  C’est le même chemin que nous avons fait cette nuit, en rappelant les grands moments de l’Histoire Sainte, depuis la création, par le péché, jusqu’aux prophètes invitant à la conversion, pour aboutir au Christ Sauveur.  Le passage de la Mer Rouge préfigurait le passage de Jésus par la mort, pour nous ouvrir le chemin de la vie éternelle. 

Se remémorer ainsi les événements marquants de l’expérience qu’ils vécurent avec Jésus, n’est pas la même chose que de se rappeler, chacun de nous, comment Jésus ressuscité est entré dans ma vie ?  Comment j’ai répondu à son appel, il y a tant d’années.  C’est parfois bon de se remémorer par où nous sommes passés.  Comment Dieu m’a fait traverser la Mer Rouge, pour passer d’un esclavage à davantage de liberté.  Nous découvrons alors le fil rouge par lequel Jésus nous conduisait jusqu’à l’endroit où nous sommes aujourd’hui. 

Oui, les événements que nous rapportent les évangiles sont écrits pour nous aujourd’hui, comme le rappelle Saint Jean :
pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Oui, le Christ est vraiment ressuscité.  Il nous a ouvert la porte du ciel, Il nous a donné sa vie, la vie éternelle.  Avançons joyeux sur le chemin où Jésus nous conduit, sachant où il conduit.  Oui, le Christ ressuscité nous accompagne sur notre route.  Alléluia !

Père Bernard-Marie

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Homélie pour le Vendredi Saint

La lutte contre Satan.

Avant de commencer sa vie publique, juste après le baptême qu’il reçut de Jean, Jésus fut conduit au désert pour y être tenté par Satan.  C’est ce que nous rapportent les quatre évangiles.  En conclusion de ces tentations initiales, Saint Luc écrit cette phrase quelque peu énigmatique : Ayant épuisé toute tentation possible,
le diable s’écarte de lui jusqu’au moment fixé. (Lc 4,13)

L’on personnifie généralement le diable comme un être maléfique, qui cherche à faire tomber les hommes, comme il avait fait tomber Adam et Ève dans le Jardin (Gn 3).  Mais dans les évangiles, lorsque Jésus demande au possédé de Gérasa :  Quel est ton nom ? Il lui répond : Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. (Mc 5,9)

Au fur et à mesure que Jésus gagnait en autorité auprès des foules, qu’il guérissait les malades et expulsait les démons, les chefs du Peuple et les Pharisiens guettaient un faux pas de lui ou le mettaient à l’épreuve pour le faire tomber.  Autant Jésus rayonnait la bonté de Dieu, autant les Juifs – comme les appelle l’évangéliste Saint Jean – se liguaient contre Lui.  À tel point que, lors d’une assemblée du Grand Conseil, Caïphe, qui était Grand Prêtre cette année-là leur dit : Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple
et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. (Jn 11,50)

Après le lavement des pieds, dans l’Évangile selon Saint Jean, Jésus annonce la trahison de Judas.  Jésus lui donna la bouchée qu’il avait trempée.  Et Jean de commenter : Quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui.  (Jn 13,27)

Après le repas, Jésus se rendit au Jardin des Oliviers, où Il supplia son Père d’écarter la coupe. Parce que les démons, en multitudes, s’acharnaient sur Jésus afin qu’Il tombe.  Le combat fut rude, à tel point que Saint Luc rapporte :  Pris d’angoisse, il priait plus instamment,
et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient à terre.  (Lc 22,44)

Ensuite, tout au long de son Chemin de Croix, Jésus fut raillé, insulté, maltraité parce qu’il s’était dit Fils de Dieu.  Jusque sur la croix, où les passants, le larron, les scribes et les anciens lui dirent : descend de la croix et nous croirons en toi (Mt 27,38-44 ; Mc 15,29-32 ; Lc 23,35-39).  Satan s’en donnait à cœur joie, à insuffler ces paroles et ces gestes, persuadé d’avoir vaincu le Fils de Dieu puisqu’il allait mourir. 

Jésus ne dit rien, sauf ces dernières Paroles :
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Mt 27)
Père pardonne-leur (Mc 15)
Père, entre tes mains je remets mon esprit (Lc 23)
Tout est achevé (Jn 19)

C’est par son obéissance absolue au Père, alors qu’il s’en croit abandonné, alors qu’Il voit sa vie et son œuvre anéanties avec sa condamnation…  C’est par son obéissance qu’Il en sort vainqueur.

Méditons cette épreuve extrême que Jésus a subie dans son corps, dans son âme, dans son cœur, et accompagnons-Le dans sa mort.  Nous savons, nous, qu’Il ressuscitera le troisième jour.  C’est ici le cœur de notre foi. 

Père Bernard-Marie

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