Vingt-sixième Dimanche du Temps Ordinaire

L’autorité de Jésus et sa divinité.

Pour comprendre la question que Jésus pose aux scribes et aux pharisiens, il nous faut prendre en compte l’interrogation qu’ils lancent à Jésus dans la séquence qui précède immédiatement la lecture de l’Évangile que nous venons d’entendre.  Jésus est dans le Temple, au début de son dernier pèlerinage à Jérusalem.  Nous lisons maintenant le chapitre 21 de l’Évangile selon Saint Matthieu, et le récit de la Passion de Jésus débute au chapitre 26.  Sachant que son sort est réglé, Jésus continue à enseigner sans se soucier du qu’en-dira-t-on, cherchant toujours à convaincre les chefs du Peuple qu’Il est vraiment envoyé par Dieu pour convertir le peuple. 

Dans la péricope qui précède celle que nous venons d’entendre, les prêtres et les anciens du Peuple vinrent lui demander :
Par quelle autorité fais-tu cela ? Et qui t’a donné cette autorité ?

Plutôt que de répondre, Jésus leur posa une autre question :
Le baptême de Jean, d’où était-il ? Du Ciel ou des hommes ? (Mt 21,23.25)

Après quoi, Jésus propose la petite parabole du père avec ses deux fils que nous venons d’entendre. 
Le premier fils dit « non », se repentit et fait la volonté de son père.
Le second dit « oui » pour faire plaisir à son père, mais n’en pense pas moins et n’agit pas selon sa parole.  Il ne connaît pas le repentir et n’imagine pas faire fausse route. 

Pour Jésus, les publicains et les prostituées se sont laissé toucher par la parole de Jean et se sont converties pour vivre une vie meilleure.  C’est le fils qui dit « non » puis se repent.  Les chefs des prêtres et les anciens, quant à eux, en voyant les fruits de la prédication de Jean, fruits de conversion des « pécheurs », ne se sont pas interrogés, n’ont pas non plus imaginé qu’ils pourraient suivre leur exemple et se laisser toucher par la parole de ce prophète qui vivait selon la justice.  C’est le fils qui dit « oui » mais n’agit pas selon la Parole. 

Mais ce que Jésus déplore surtout, c’est que les chefs du peuple, eux qui sont garants de l’Écriture, sont incapables de Le reconnaître lui-même comme envoyé de Dieu.  Fermés au message de Jean-Baptiste, ils se ferment à Jésus et refusent de voir un Prophète.  Ils sont tout à fait opposés à même imaginer que Jésus puisse être le Messie, le Fils de Dieu. 

Rappelons-nous : l’interpellation de Jésus par les chefs du Temple se passe à quelques jours de son arrestation et de sa mort.  L’incompréhension deviendra opposition et jamais les chefs Juifs ne reconnaîtront l’origine divine de Jésus ni sa résurrection.  C’est également la raison pour laquelle Jésus pose des questions aussi précises, afin de les inviter à se convertir et à croire en Lui.  Mais ce fut peine perdue. 

Pour nous tous ici rassemblés en ce dimanche matin, la foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu, ne fait pas de doute.  Nous adhérons à ce que Saint Paul nous rappelait dans la seconde lecture :
Le Christ, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu…
Il s’anéantit lui-même en devenant semblable aux hommes,
Il s’humilia plus encore en obéissant jusqu’à la mort, la mort sur la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom …

Grand texte que celui-ci qui donne tout son sens à notre foi en Jésus-Christ fils de Dieu et en Dieu le Père créateur du ciel et de la terre. 

Aujourd’hui encore, allons à la rencontre de Jésus et de ses envoyés, non pas avec des questions sur l’origine de leur autorité, mais en croyants, en hommes et femmes avides de suivre Jésus et de nous convertir à sa Parole. 

Que la participation à cette Eucharistie nous ouvre à Jésus et nous aide à reconnaître nos fautes pour nous convertir toujours à nouveau.  Dieu nous pardonne et nous aide à avancer sur la route de la foi. 

Père Bernard-Marie

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Vingt-cinquième Dimanche

Il donna à chacun un denier.

Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête !
Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie :
il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes. (Ps 125)

Telle était l’ambiance des ouvriers journaliers lorsque ce Psaume 125 fut composé.  Ce n’est plus le cas lorsque Jésus se promenait sur les bords des rives du lac de Galilée.  Du temps du Psaume, les ouvriers accouraient pour travailler et étaient sûrs de recevoir leur salaire.  À l’époque de Jésus la pauvreté était telle que les ouvriers ne venaient que s’ils étaient effectivement appelés par le maître de la vigne, et que celui-ci avait convenu d’un « juste salaire ».  C’est pourquoi il restait encore des ouvriers désœuvrés en fin d’après-midi, auxquels il pose la question :
Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?

C’est donc un fait divers ou une réalité du quotidien de ses auditeurs que Jésus utilise pour parler d’une autre réalité.  On peut imaginer que le maître a dit à chacun des ouvriers embauchés : je te donnerai ce qui est juste.  On peut comprendre alors que les derniers à recevoir le juste salaire s’insurgent contre ce qu’ils estiment être une injustice, et c’en est une aux yeux des hommes, aux yeux de la loi, aux yeux de notre mentalité purement humaine. 

Nos lois sont faites pour que la vie en société soit paisible, malgré le fait que ceux qui ont, cherchent à avoir toujours plus ; et ceux qui n’ont rien, se battent pour vivre, parfois pour survivre.  L’ambition de l’un est trop souvent au détriment de l’autre, dans toutes les sociétés humaines, dans toutes les cultures. 

Dans la parabole du maître de la vigne, Jésus s’insurge contre cela.  Il présente à ses auditeurs, il nous présente à nous aujourd’hui un autre mode de vie, une autre société.  Jésus est venu annoncer que le Règne de Dieu est tout proche.  Ce Règne est celui de l’amour mutuel, du respect de la personne et de l’entente entre tous.  Ce Règne était concrétisé par Jésus lui-même dans ses enseignements et dans sa manière de se comporter devant ses contemporains.  Il mange avec les publicains et les pécheurs, sans leur demander d’attestation de vie vertueuse.  Il multiplie les pains et les poissons pour que les gens ne partent pas l’estomac vide.  Il enseigne sans compter et annonce un Royaume d’amour et de paix. 

Après la résurrection de Jésus, les Actes des Apôtres nous rapportent comment les premières communautés chrétiennes mettaient tout en commun et que personne ne manquait de rien, chacun recevant ce dont il avait besoin.  C’est sur l’exemple de ces « sommaires » quelque peu idéalisés des premiers chrétiens, que la plupart des communautés religieuses se sont inspirées pour organiser leur vie commune. 

Mais nous pouvons en dire autant de toutes les communautés chrétiennes, les paroisses, les groupes de tous genres, jusques et y compris les familles.  Jésus nous a enseigné un nouveau mode de vie, dans le respect mutuel, l’amitié et la bienveillance réciproques.  Mais le péché est toujours présent dans nos cœurs, ce qui fait que nous avons du mal à vivre vraiment selon les enseignements du Christ.  Nous y tendons, mais parfois le « vieil homme » reprend le dessus et nous réagissons de manière purement humaine, voire agressive.  C’est le péché en nous, le démon qui cherche à nous éloigner de Dieu, à empêcher le Règne de Dieu d’advenir. 

En fait, le Règne de Dieu ne deviendra réalité pour tout le monde qu’après notre mort.  Alors nous serons tous réunis dans les cieux avec Dieu Trinité, avec les anges et les saints.  Là, l’harmonie sera parfaite, et tous nous chanterons les louanges de Dieu :
il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes.

Au ciel, la récompense de nos labeurs ne sera pas plus ou moins grande selon nos mérites ou nos performances, elle sera la même pour tous et chacun.  Car, au ciel, il n’y a pas de premiers et de derniers, pas de places réservées et de strapontin pour les mauvais élèves.  Il n’y a qu’une seule récompense, voir Dieu pour toujours et vivre dans son Amour.  C’est pour cela que le Maître dans la parabole répond aux grincheux :
Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi :
n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ?
Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ?

Oui, le Seigneur est vraiment bon, Lui qui nous donne tout son Bien, Lui qui nous donne en partage la vie éternelle.  Avançons joyeux à la rencontre de notre Seigneur, dans cette Eucharistie, en devinant petit à petit la grande récompense qui nous attend, lorsque nous serons invités à entrer dans sa joie pour l’éternité.

Père Bernard-Marie

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Août 2023

Samedi 5 :  Nous apprenons le décès tragique de Dom Godefroy le nouvel abbé d’Acey. Nous portons la communauté dans notre prière. Et jeudi 10, Père Abbé ira nous représenter aux funérailles qui auront lieu le vendredi 11. Retour le 12.

Dimanche 6 : En cette fête de la Transfiguration, nous regardons, en guise de video divina, comment la vie monastique est vécue au monastère de Vanves, tout simplement.

Mercredi 9 : C’est avec joie que nous revoyons Petre et Florin arrivés tout droit de leur Roumanie natale via Charleroi…. « comme il se doit ». Ils passeront quelques semaines parmi nous comme d’habitude jusqu’au 30 septembre précisément.

Vendredi 11 : Peut-être n’y a-t-il aucun lien de cause à effet, mais il n’empêche….. que c’est en ce jour où nous faisons mémoire de Sainte Claire que notre Frère Laurent – comme depuis déjà quelques années – s’en va rejoindre Lourdes à l’occasion du pèlerinage national.  Retour le mercredi 16. Il nous en reparlera au chapitre du mardi 22 et nous proposera quelques photos mercredi 23. Ce même 11 août, notre Frère Louis-Marie est hospitalisé pour se faire poser un défibrillateur. Retour samedi 19.

Dimanche 13 : Pour nous préparer à la solennité de l’Assomption, nous regardons « Marie, modèle de toutes les femmes ? » avec Agnès von Kirchbach pasteure de l’Eglise protestante de France et Marie-Madeleine Caseau prieure des bénédictines de Vanves comme intervenantes.  Elles abordent la figure de Marie, en se demandant si celle-ci peut ou doit, entre autres, faire véritablement office de modèle pour toutes les femmes. Voilà ce que nous allons découvrir dans cette nouvelle émission « La foi prise au mot » toujours et encore sous la houlette de Régis Burnet. Suite et fin, au jour même de la solennité. Qui dit mieux.

Et en ce jour même de cette fête de l’Assomption, Monsieur Jean-Pascal Vanhove rédacteur en chef de l’histoire de l’abbaye des origines à nos jours vient passer 24 heures en communauté « pour voir comment çà fait » et tirer quelques photos en vue d’un album qui constituera un complément à son travail

Dimanche 20 : Solennité de Saint Bernard et donc fête de notre Père Abbé par la même occasion.  Au programme, un repas festif la veille suivi d’une soirée récréative ressemblant étrangement à l’émission « Questions pour un champion » – questions parfois très difficiles –  sous l’égide de  F Bruno et F Jean-Luc. Après l’Eucharistie du jour présidée par qui de droit, nous partageons un barbecue et autre poulet sous le hêtre pourpre de l’infirmerie. Et nous terminons la fête en regardant « Indiana Jones ou l’aventure de l’arche perdue ». Peut-être serait-il intéressant de savoir ce qu’en penseraient Thomas Römer et Israël Filkenstein

Lundi 21 : Après 7 ans passés parmi nous, Père Roberto nous quittera en fin de semaine. C’est autour d’un repas festif que nous le remercions de tout le boulot qu’il a abattu, de sa discrétion et de son dévouement comme chauffeur quand il le fallait. Bonne continuation à lui.

Mardi 22 : Après quelques mois bien chargés, Père Abbé s’en va prendre quelques jours de retraite à l’abbaye de Saint André à Bruges qu’il connaît bien…..et réciproquement. Retour lundi 28.

Dimanche 27 : Après une fête de Saint Bernard placée sous le mode de la détente, retour à des choses plus sérieuses hé oui !!!!! En effet, nous regardons une émission de la série – vous l’auriez deviné – « La foi prise au mot » à lui consacré et plus précisément à son traité « de l’orgueil et de l’humilité. » Suite et fin dimanche 10 septembre.

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Solennité de Saint Bernard, abbé

Bernard, pasteur du troupeau

Dans un certain nombre de ses sermons, Saint Bernard décrit la communauté monastique qui est celle de Clairvaux, mais également la communauté monastique idéale dont il rêve.  Souvent il reconnaît que le rêve n’est pas la réalité, et qu’il doit, en tant qu’abbé, accepter la réalité qui n’est pas toujours glorieuse…

Ainsi, dans un Sermon pour le dimanche des Rameaux, Saint Bernard évoque l’impressionnante diversité qui existe entre les moines, y compris sur le plan spirituel.  Il s’inspire de la procession qui accompagne l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem juste avant sa Passion et sa Mort.  Et de préciser : dans la procession il y en a qui marchent à différentes vitesses : il y a ceux qui foncent à toute allure et ceux qui traînent, les fervents et les tièdes, les délicats et aussi les durs, qui regimbent et ronchonnent sans arrêt. 

Ce qui était vrai du temps de Saint Bernard, l’est de tous les temps de la vie monastique.  Chaque communauté est composée de membres issus de différentes classes sociales, cultures, pays, régions.  Sans parler des différences d’âge des moines ayant vécu des décennies en communauté et ceux qui sont arrivés tout dernièrement.  Les anciens peuvent se plaindre du bon vieux temps où tout était parfait, tandis que les jeunes sont pleins d’ardeur pour améliorer la vie fraternelle et la liturgie. 

Bernard a toujours reconnu que l’unité communautaire admet des opinions divergentes sur des questions matérielles ou d’organisation.  C’est également vrai pour les communautés d’aujourd’hui.  Mais ce que nous devons dénoncer et combattre, selon l’expérience de Saint Bernard, c’est le vice particulier de la « singularité ». Dans la communauté, comme dans toute famille d’ailleurs, la singularité c’est de ne pas faire comme tout le monde, de chercher son propre intérêt, de s’écarter de la volonté commune en préférant faire sa volonté propre.  Cela conduit à des apartés, conversations clandestines, cabales, qui provoquent la division de la famille. 

Pour Bernard, la condition de l’unité communautaire – et aussi de l’union avec Dieu – est l’unification personnelle.  Que chacun soit en paix avec lui-même.  Il pourra alors donner du temps à Dieu, à soi-même et aux autres.  C’est ainsi qu’il affirme, dans un de ses sermons pour la Dédicace :
Il nous faut mette notre zèle à bâtir en nous un temple pour le Seigneur,
avec le souci d’abord qu’il habite en chacun de nous, puis en nous tous ensemble. 
(S.Déd II, 3)

La recherche de la communion ne doit pas étouffer la légitime diversité des caractères et la multiplicité des charismes que l’Esprit Saint répand généreusement à l’intérieur d’une même communauté.  Bernard nous enseigne à nous enrichir mutuellement de nos différences, dans un esprit d’ouverture et d’accueil. 

Dans un monastère, dons de Dieu sont variés, comme les fleurs dans le jardin.  Contre la tentation de la jalousie, Bernard donne un sage conseil à ses moines : si quelqu’un n’a pas l’une ou l’autre de ces qualités qui font la beauté de ses frères, qu’il l’admire en eux.  Il y a ici une conception de la vie commune, comme un échange mutuel des biens que chacun a reçus. 

Mais en sens inverse, Bernard demande à chacun de partager avec ses frères les dons reçus.  Alors, tous te rendront le témoignage que, toi aussi, tu exhales les parfums les plus exquis (S.Ct 12,5). Cette union réciproque dans l’amour n’est pas unité fusionnelle.  Chacun des frères garde son mystère, et avance avec la grâce de Dieu vers un plus grand amour fraternel et un plus grand amour de Dieu, comme Saint Bernard le développe longuement dans son Traité de l’Amour de Dieu.  Ce n’est qu’au ciel que nous découvrirons le vrai visage de chacun de nos frères, tous unis dans la contemplation du Seigneur que nous avons cherché confusément durant notre vie sur terre et en communauté. 

En cette fête de Saint Bernard, demandons à Dieu, avec les paroles d’une des prières du sanctoral cistercien :
Seigneur Dieu, tu choisis certains hommes pour faire briller ta lumière
dans la succession des époques. 
Accorde-nous de percevoir la clarté qui rayonne toujours de ton serviteur Bernard
et de la refléter de manière vivante en notre temps. 

Et, pour paraphraser cette autre oraison : que Saint Bernard nous donne de témoigner par notre vie de tous les jours de cette rencontre de l’amour de Dieu et de l’amour de nos frères,
pour avancer toujours en fils de lumière, dans la même ferveur du même esprit.

Par l’intercession de Saint Bernard, que le Seigneur nous comble de ses grâces en ce jour de fête. 

Père Bernard-Marie

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Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie

L’Assomption de Marie

Très vite après la mort de Jésus, Marie reçut une place particulière dans la première communauté des croyants.  On en trouve une trace dans la Passion selon Saint Jean où Jésus en croix donne Marie comme Mère à son disciple préféré, Jean.

Une fois la Mère du Seigneur décédée, la foi et la dévotion populaire, ont réfléchi au devenir de sa dépouille mortelle.  Se pouvait-il que Jésus laisse le corps de sa Mère subir la décomposition, ce qui est le propre de tous les défunts ?  Eh bien, non !  Les premiers chrétiens se référèrent au verset du Psaume 16 :
Tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption.

Verset que Saint Paul utilisa en son temps pour expliquer la résurrection du Christ lui-même (Ac 13,35).  Mais il n’était pas question de parler de la « résurrection » de Marie. 

Si Dieu Père a ressuscité son Fils d’entre les morts, c’est le Christ ressuscité qui est venu prendre sa Mère pour l’amener auprès de lui dans les cieux.  La tradition orthodoxe parle de la « Dormition » de la Vierge.  Marie se serait endormie puis son corps disparut d’entre les disciples réunis autour d’elle, pour entrer dans le ciel.  La tradition catholique parle de l’Assomption de la Vierge.  Marie fut déposée dans un tombeau mais les disciples ensuite trouvèrent le tombeau vide, parce que Jésus était venu la chercher pour la faire monter au ciel. 

Saint Bernard avait une dévotion très forte, une admiration intense de la Vierge Marie, au point de nous léguer des textes admirables sur Marie et les raisons de l’invoquer dans notre vie.  C’est de son temps que les Cisterciens ont décidé de chanter chaque soir le Salve Regina et que les Cisterciens ont proclamé Marie en son Assomption patronne principale de l’Ordre. 

L’humanité du Christ fut ornée de privilèges merveilleux et indissolublement liés à la divinité pour la Rédemption et l’Église.  Un des privilèges fut la Vierge Marie qui fut préservée de toute tache de la faute originelle.  Un autre privilège que reçut la Vierge Marie, est justement l’Assomption au ciel de son corps et de son âme, où elle fut exaltée par le Seigneur comme Reine de l’univers afin de ressembler plus parfaitement à son Fils, Seigneur des seigneurs et vainqueur du péché et de la mort, comme nous l’enseigne le Concile Vatican II (Lumen Gentium 59). 

La Vierge Marie devint Mère de Dieu en donnant naissance au Fils de Dieu.  Sur la Croix, comme nous le rapporte l’évangéliste Saint Jean, Marie nous fut donnée par Jésus lui-même comme Mère.  Marie reçut tous ses privilèges pour pouvoir nous transmettre la sainteté qu’elle-même a reçue.  Marie est donc notre Mère du ciel en même temps qu’elle est Mère de toutes les grâces qui nous parviennent.  Rappelons que Saint Bernard a insisté dans nombre de ses écrits que nous sommes sûrs d’être exaucés si nous crions vers Marie, l’Etoile de la Mer, pour recevoir les grâces divines (cfr Sermon de l’Aqueduc). 

Le Jour de Pâques, chaque année, nous célébrons la résurrection de Jésus-Christ.  C’est en sa qualité de Fils de Dieu que le Père l’a ressuscité des morts.  Par sa résurrection, le Fils nous a ouvert les portes du ciel, qui furent fermées par le péché de nos premiers parents, Adam et Ève.  C’est ce que nous rappelait Saint Paul dans la seconde lecture de ce jour :
de même que tous les hommes meurent en Adam,
de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang :
en premier, le Christ, et ensuite, ceux qui lui appartiennent.

Et la première à Lui appartenir, c’est Marie sa Mère, qui fut introduite directement dans les cieux, dès le moment de sa mort.  C’est en tant que créature, en tant que membre de la race humaine, tout comme nous, qu’elle est entrée dans les cieux.  L’Assomption de Marie est une confirmation que les portes du ciel sont définitivement ouvertes et que nous sommes invités à y passer à notre tour. 

En ce Jour de fête patronale pour la France et pour nous Cisterciens, demandons à Dieu par l’intercession de Marie sa Mère, de nous combler de grâces, afin d’avancer joyeusement sur notre route terrestre, avant de nous retrouver tous ensemble à chanter la gloire de Dieu dans le ciel.  Comme nous l’avons demandé à Dieu le Père dans l’oraison d’ouverture de cette célébration :
Fais que, toujours tendus vers les réalités d’en-haut,
nous obtenions de partager la gloire de la Vierge Marie. 

Que Jésus en cette Eucharistie nous bénisse et nous garde en son Amour.    

Père Bernard-Marie

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