Mercredi des Cendres : Entrée en Carême.

Ne faites pas comme les hypocrites, nous dit Jésus dans l’Évangile.  Et par trois fois, à propos des aumônes, de la prière, du jeûne.  Il est tellement facile de se mettre en avant, de montrer qu’on fait des aumônes, de montrer qu’on prie, de montrer qu’on jeûne. 

Mais qu’est-ce que cela signifie de montrer – de se montrer en spectacle ?  Est-ce cela la religion que Jésus nous invite à pratiquer ?  Ce n’est pas tellement cela qui nous guette, nous moines cénobites. 

La vie commune est suffisamment bien réglée pour éviter ces excès dans le jeûne et la prière.  Quoique… Saint Benoît lui-même demande aux moines de s’en référer à l’abbé ou au père spirituel s’il veut ajouter quelque chose à ce qui est proposé communautairement.  Car, dit Saint Benoît, « ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera tenu pour présomption et vaine gloire » (RB 49).   La modération bénédictine va jusqu’à rappeler que l’obéissance est plus importante que des pratiques individuelles.  Toujours et tout au long de sa Règle, Saint Benoît nous rappelle que nous sommes des cénobites, ce qui implique que nous ne devons pas chercher à nous singulariser par telle ou telle pénitence ou par un jeûne excessif.  Ce qui n’empêche que, dès son chapitre sur les Instruments pour bien agir, Saint Benoît nous invite à « aimer le jeûne » (RB 4). 

Jésus aussi nous invite à plusieurs reprises à aimer le jeûne et la prière.  Outre la lecture de l’Évangile de ce matin, rappelons-nous également ce Que Jésus répondit aux disciples qui n’arrivaient pas à expulser le démon : « Cette espèce-là, rien ne peut la faire sortir, sauf la prière et le jeûne » (Mc 9,29). 

Comme nous l’avons entendu durant notre retraite communautaire il y a peu, le démon est à l’affût pour nous faire tomber.  En ce premier jour de jeûne, et durant tout le carême, nous avons donc deux objectifs que nous pouvons réaliser.  D’abord, vivre intensément avec Jésus sa montée à Jérusalem où il mourra par amour pour nous.  Ensuite, nous purifier des démons et de leurs suggestions à ne pas suivre le Christ.  Croire avec le Visionnaire de l’Apocalypse que la victoire de Jésus par sa mort et sa résurrection est également notre victoire sur le mal. 

C’est aussi ce que nous demandions dans la prière d’ouverture de cette célébration :
Accorde-nous, Seigneur, de savoir commercer saintement,
par une journée de jeûne, notre entraînement au combat spirituel :
que nos privations nous rendent plus forts pour lutter contre l’esprit du mal. 

Et Dieu nous accompagnera jusqu’à la victoire du Christ, en sa résurrection. 

Père Bernard-Marie

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