Mai 2023

Lundi 1er : Pierre et Jamie et nous arrivent pour un mois avec le statut officiel de « regardant » comme nous disons dans le jargon monastique. Et au soir de ce jour, nous retrouvons jusque demain Père Podvin qui, cela va presque sans dire, commente ce qui fait l’actualité du moment en montrant le manque de profondeur sur les problèmes de société d’où « la casserolade », manière de marquer la réprobation du peuple face aux projets gouvernementaux. D’où aussi une situation bloquée, dialogue difficile voire haineux. Pour Père Podvin, le vote sur l’euthanasie n’est pas judicieux. Côté ecclésial il en va de même du diocèse que de l’abbaye puisque « habemus episcopum » en la personne de Mgr Le Boulc’h dont il invite à lire la lettre pastorale. Et Père Podvin de noter le nombre important de catéchumènes dans le diocèse comme pour les inscriptions pour les futures JMJ de Lisbonne. Cela ne doit cependant pas cacher l’interrogation qu’il peut y avoir quant à l’engagement de fond. Et de recommander à nos prières le diocèse de Strasbourg pas mal éprouvé. Il note aussi le net refus de la CEF de s’aligner sur l’Eglise d’Allemagne. Et de boucler la boucle en nous faisant part de ce qu’il a vécu quant aux prédications de Carême qu’il a données.

Samedi 6 : Frère David s’en va rejoindre son père de retour en métropole. Il nous reviendra à la fin du mois.

Dimanche 7 : Père Abbé se rend à Scourmont pour une réunion de l’AIT. Retour le mardi 9. Et dès le lendemain, mercredi 10, il s’envolera pour la Grande Ile afin d’effectuer la visite régulière de nos frères de Maromby. Retour le samedi 27.

Dimanche 14 et Mardi 16 : Nous partons à la découverte du courant chrétien un peu particulier que sont les évangéliques. Présent sur tous les continents, le mouvement évangélique, en rapide et constante expansion, compte aujourd’hui quelque 660 millions de fidèles. S’il réunit différentes Églises, ce protestantisme conservateur reste dominé par un courant fondamentaliste devenu au fil des décennies une redoutable machine politique. Il a contribué à porter au pouvoir, entre autres, Donald Trump et Jair Bolsonaro. Tous deux ont été défaits dans les urnes, mais leur présidence respective a renforcé les liaisons dangereuses entre pouvoir, finances et religion, au service d’un « nationalisme chrétien » de plus en plus offensif. Cette semaine, 1ère partie : « La grande croisade » avec Billy Graham comme figure emblématique de cette croisade.

Avant de se rendre à l’installation de Mgr Le Boulc’h, Mgr Defois, évêque émérite du diocèse, passe 2 jours avec nous. Occasion de l’écouter au soir de cette fête de l’Ascension. Et Mgr Defois de nous donner des nouvelles de l’Eglise de France en montrant comme sociologue qu’il est aussi des réserves face au livre que nous lisons actuellement au réfectoire.  Il nous rappelle qu’il nous faut nous recentrer sur l’essentiel qu’est le sacré. Pour lui aussi, l’institution doit être au service de l’évangélisation.

Samedi 20 : Frère Marc-André et Frère Jean-Luc s’en vont rejoindre Notre Dame de la Treille pour nous représenter à l’installation de Mgr Le Boulc’h comme nouvel archevêque du diocèse.

Dimanche 21 et mardi 23 : La 2ème partie de l’histoire des évangéliques montre bien, s’il en était besoin, les méfaits de la collusion entre le spirituel et le temporel. « Il faut battre le fer tant qu’il est chaud » dit le proverbe. C’est ainsi que nous enchaînons de suite ce mercredi 24 avec la 3ème et dernière partie du film consacré aux évangéliques qui montre finalement ces derniers mettant « Dieu au-dessus de tout ». Film que nous terminerons au soir du dimanche 28. De quoi réfléchir.

Samedi 27 : Stéphane vient passer 8 jours parmi nous.

Mardi 31 : Père Abbé, Monsieur d’Halluin et Jamie s’en vont à la bénédiction abbatiale de Dom Damien Thévenin à Wisques.

Lu au réfectoire : Vers l’Implosion ? Entretiens sur le présent et l’avenir du catholicisme. Par Danièle Hervieu-Léger et Jean-Louis Schlegel. La crise des abus sexuels et spirituels révélés depuis une trentaine d’années fait vaciller l’Église catholique. Parce qu’elle vient de l’intérieur du catholicisme, et même de ses « meilleurs serviteurs », prêtres ou laïcs, mais aussi parce qu’elle est universelle et systémique. Très affaiblie par une sécularisation intense due aux changements sociétaux de la seconde moitié du XXe siècle, l’Église apparaît, faute de réformes conséquentes, de plus en plus expulsée de la culture commune, et délégitimée.
Dans ces entretiens passionnants, Danièle Hervieu-Léger et Jean-Louis Schlegel diagnostiquent les raisons multiples de cet effondrement sans précédent, encore confirmé par l’épreuve des confinements liés au Covid-19. Certains y discernent l’entrée dans une sorte de stade terminal du catholicisme en quelques régions du monde.

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Avril 2023

Dimanche 2 des Rameaux : En cette ultime conférence de carême, Père Podvin propose un parallèle entre les discours de Paul à Athènes et à Corinthe et celui que les chrétiens tiennent aujourd’hui pour montrer l’étrangeté de la foi tant hier qu’aujourd’hui. De là, ou on s’en moque ou bien on marque de l’indifférence ou bien on y adhère malgré « l’étrangeté » du propos. Et le Père Podvin de boucler la boucle en invitant Notre Dame qui renaît de ses cendres à devenir la « maison de Dieu » au milieu de la maison des hommes.

Mardi saint : Père Abbé s’en va nous représenter à la messe chrismale.
Cette année plus de restriction sanitaire, ce qui fait que nous reprenons le rite du lavement des pieds ce qui a donné beaucoup d’émotion à notre Père Bernard-Marie puisque c’était la première fois qu’il lavait les pieds de quelques-uns comme abbé. Le reposoir est aménagé dans une chapelle latérale au soir du Jeudi Saint comme l’année dernière. Vendredi Saint, la croix du presbytère servira pour la célébration de la Passion. Après l’office, elle sera remplacée par la grande croix de bois du cloître, posée contre l’autel jusqu’au samedi saint. Quant à la veillée pascale, le temps étant au rendez-vous, nous célébrons la Résurrection du Christ avec un feu nouveau… flamboyant et pas mal de monde. Et pour le dimanche de Pâques, nous regardons non pas « la foi prise au mot » mais une émission consacrée au procès fait à l’Eglise depuis des lustres. Inquisition, antisémitisme, persécutions en tous genres, richesses, pouvoir et sexe… la liste des griefs faits à l’histoire de l’église catholique est très longue. Au cours de cette nouvelle émission d’Au risque de l’Histoire, Christophe Dickès reçoit Jean Sévillia qui vient de publier « L’Eglise en procès ». Ce livre, divisé en dix-huit thématiques, regroupe les signatures de quinze historiens et spécialistes qui se penchent sur les accusations dont l’Eglise est systématiquement la victime dans le cadre de procès à charge.  À travers l’exemple des croisades et de la colonisation, Jean Sévillia, accompagné du médiéviste Martin Aurell, décortique les ressorts de la simplification historique que sont l’anachronisme, le manichéisme et les mensonges par omission.

Vendredi 14 : « En avril ne te découvre pas d’un fil » dit le proverbe et alors tu pourras te balader en ce premier jour de rupture de rythme de l’année. À moins que tu préfères « hiberner » bien au chaud en restant tranquillement intra-muros. Il y a en a pour tout le monde.

Mercredi 19 et vendredi 21 : Pour faire pendant au livre de Monsieur Vanhove sur l’histoire de l’abbaye, Père Abbé nous propose un montage photos très bien fait des activités lucratives des origines à nos jours, ce qui représente quand même quelques 300 photos.

Dimanche 23 : Au vu du monde technique et technologique dans lequel nous vivons, l’intelligence artificielle peut travailler à notre place et écrire des dissertations, préparer des arguments pour un débat ou encore corriger nos textes. Si l’expérience est bluffante, la machine n’est cependant pas infaillible : à quel point peut-on faire confiance à celle-ci ? voilà la question à laquelle tente de répondre « L’Intelligence artificielle peut-on lui faire confiance ? ».

Lundi 24 : Le noviciat au grand complet s’en va rejoindre la maison-mère de l’Ordre qu’est Cîteaux pour une session sur la lectio divina. Retour vendredi 28. Nous les écouterons donner leurs impressions lors d’un prochain chapitre.

Mardi 25 : Père Abbé s’en va rejoindre la capitale pour une réunion d’OCSO France. Retour le lendemain 26.

Dimanche 30 : On a coutume de dire que saint Benoît était un migrant. L’était-il vraiment, lui qui se fixa sur le Mont Cassin où il fonda l’ordre bénédictin qui, du VIIIe siècle au XIIIe siècle, exerça tant d’influence sur la vie de l’Église et sur la société séculière, là où il élabora une règle monastique tellement parfaite qu’elle sera reprise et suivie à une certaine époque par quarante mille abbayes ? « Saint Benoit »  film d’Armand Isnard très bien fait retrace la vie mouvementée du  « patriarche des moines d’Occident » de l’Ombrie jusqu’à la crypte de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire en passant par l’abbaye territoriale du Mont Cassin et bien sûr Subiaco et Rome.

Grâce à une approche que la mystique suggère elle-même à ses intimes, cette biographie de « Marie Guyart de l’Incarnation » par Thérèse Nadeau-Lacour tente d’épouser au plus près l’expérience spirituelle qui fonde, anime et irrigue ses affaires temporelles, aussi bien les soucis du quotidien que les hauts faits et les audaces de la pionnière. Sa relation à Dieu se déploie au cœur de l’histoire, dans des contextes aussi inédits que celui de l’inouï « grand siècle des âmes», ou celui, épique, des premières fondations en Canada.
Les déplacements que son expérience lui fait déjà opérer dans les concepts de la modernité, confèrent à cette maîtresse de vie spirituelle une actualité inattendue.

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Quatrième Dimanche de Pâques

Dimanche du Bon Pasteur, prière pour les vocations.

Lorsque nous parlons du Dimanche du Bon Pasteur, nous pensons immédiatement au Psaume 22 qui était le Psaume Responsorial de la célébration :
Le Seigneur est mon Berger, je ne manque de rien…

Nous pensons également à Jésus, le Bon Berger qui s’en va à la recherche de la brebis perdue, qu’il prend sur ses épaules pour la ramener auprès ders 99 brebis qui ne sont restées ensemble.  Mais dans l’Évangile de ce matin Jésus nous parle des mauvais bergers, voleurs, et de la porte des brebis.  Difficile, à première vue, de s’y retrouver… 

Jésus commence par critiquer tous ceux qui se disent pasteur du troupeau, mais qui ne cherchent que leurs propres intérêts.  C’est ce que le prophète Ezéchiel reprochait déjà, au nom de Dieu, aux chefs d’Israël, lorsqu’il les invectivait (Ez 34,2-3) :
Quel malheur pour les bergers d’Israël qui sont bergers pour eux-mêmes !
N’est-ce pas pour les brebis qu’ils sont bergers ?
Vous, au contraire, vous buvez leur lait, vous vous êtes habillés avec leur laine,
vous égorgez les brebis grasses, vous n’êtes pas bergers pour le troupeau.

Et le prophète prophétise ensuite au nom du Seigneur (Ez 34,11) :
Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles.

Les vrais bergers passent par la porte, et appellent chacune des brebis par son nom, nous rappelle Jésus ce matin.  Le portier ouvre la porte, et le berger va et vient à la tête de son troupeau.  Dans cette première parabole, on peut se demander qui est le berger, qui est le portier.  Et l’évangéliste précise que les interlocuteurs de Jésus ne comprennent pas…

Lorsque Jésus reprend la parole pour une nouvelle parabole, les personnages ont encore changé de fonctions.  Il dit : Je suis la porte des brebis.  Le berger ouvre la porte, et les brebis entrent et sortent, en suivant le berger.  On peut rapprocher cette parabole à la parole que Jésus a dite à Pierre après la Confession de foi de Césarée :
Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église…
Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.  (Mt 16,18-19)

Jésus a délégué l’autorité sur son Peuple, sur son Église, aux hommes qu’Il a institués et qui se succèdent dans la charge de les conduire.  Et Jésus conclut, dans l’évangile de ce matin :
Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance.

Et Saint Pierre nous affirmait, dans la deuxième lecture :
Vous étiez errants comme des brebis ;
mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes.

L’homme a été créé par Dieu, corps et âme.  Notre corps est appelé à redevenir poussière et cendres, mais notre âme est éternelle.  Notre vie présente nous prépare à suivre Jésus sur terre, pour Le rejoindre ensuite au ciel, en présence de Dieu, des anges, des saints, de tous ceux que nous avons connus et aimés.  C’est vers la vie éternelle que nous sommes invités à cheminer durant notre pèlerinage sur terre. 

Jésus est la porte des brebis.  Cela veut dire que ce sont des hommes qui ouvrent et ferment la porte, pour que les brebis puissent entrer et sortir.  Ce n’est pas innocent que c’est le Dimanche du Bon Pasteur qui a été déclaré Dimanche des Vocations.  Les vocations dont l’Église a besoin, ce sont toutes les personnes qui témoignent que Dieu a une place dans leur vie, que Jésus-Christ est ressuscité et qu’Il veut nous donner la vie éternelle.  Croyons que Dieu appelle toujours.  Mais est-ce que les personnes entendent l’appel ?  Sont-elles prêtes à répondre à l’appel ?  Est-ce que ces personnes trouvent compréhension et encouragement auprès des leurs ?  Trouvent-elles le terreau pour épanouir cet appel et le réaliser ? 
Toutes ces questions, nous pouvons les porter dans notre prière aujourd’hui. 

Appliquons à cette grande intention, les vocations dont l’Église a besoin, la prière d’ouverture de cette Eucharistie, en la modifiant un tout petit peu :
Dieu éternel et tout-puissant, donne aux personnes que tu appelles,
la grâce d’entendre ton appel et d’y répondre avec foi,
afin que le troupeau ait des guides, des bergers, des priants,
qui lui permette, malgré sa faiblesse, d’avancer joyeusement
et d’entrer là où son Pasteur est entré victorieux. 

Que Jésus ressuscité nous montre la route et nous donne la persévérance pour être un jour avec Lui dans le bercail éternel. 

Père Bernard-Marie

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Vigile Pascale

Il est ressuscité, Il vous précède en Galilée

Chacun des évangélistes essaye, avec des mots humains, de raconter ce qui s’est passé le matin de Pâques.  Dans l’évangile que nous venons d’entendre, les femmes voient un ange descendre du ciel, lumineux comme le soleil, blanc comme la neige, mais Jésus, elles ne le voient pas.  Il a « disparu ».  Il n’est pas ici, leur dit l’ange. 

Dans le récit de la Passion selon Saint Matthieu, que nous avons entendu dimanche dernier, au Jardin des Oliviers, Jésus dit à ses disciples :
            Cette nuit je serai pour vous une occasion de chute, car il est écrit :
            Je frapperai le berger et les brebis du troupeau seront dispersées.
            Mais une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée.

Par deux fois, dans la brève péricope de la résurrection de Jésus que nous venons d’entendre, il est affirmé à propos de Jésus : il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez

Les femmes d’abord, les disciples ensuite, sont sous le choc des événements de ces derniers jours, tout comme les disciples d’Emmaüs qui quittent Jérusalem tout tristes.  On espérait … et voilà déjà trois jours… (Lc 24,21)

Les apôtres, les disciples, dans l’Évangile de Matthieu, ne semblent pas donner crédit aux dires des femmes.  Ils sont tellement bouleversés par l’échec retentissant de la proclamation du Règne de Dieu, règne d’amour et de paix, qu’ils perdent tout moyen de juger et d’agir.  Perturbés, désemparés, très vite, ils reprennent leur ancien métier de pêcheurs sur les bords du Lac de Galilée.  Ils ne comprennent toujours pas. 

Et pourtant, en continuant à réfléchir à ces paroles énigmatiques transmises par les femmes, ils commencent à se poser des questions.  Tout avait si bien commencé, ici, avec les Béatitudes et le discours sur la montagne.  Les guérisons miraculeuses et les foules qui accouraient pour voir et entendre Jésus.   De quoi parlait-il au juste ?  De Qui parlait-il ?  Du Règne de Dieu, de son Père qui est aux cieux. 

Les disciples se rappelèrent les événements, pour essayer comprendre qui était Jésus, pourquoi Il était venu, comment il fallait qu’il souffrît pour entrer dans sa gloire.  Ils essayaient de revivre les événements qu’ils avaient partagé avec le Maître, depuis les bords du Lac de Galilée jusqu’à cette montée à Jérusalem avec les annonces de sa passion et de sa mort. 

N’est-ce pas la même chose que le Peuple Juif faisait, la nuit de la Pâque, en remémorant le passage de la Mer Rouge, ce événement qui sauva le peuple de la servitude d’Égypte ?  C’est le même chemin que nous avons fait cette nuit, en rappelant les grands moments de l’Histoire Sainte, depuis la création, par le péché, jusqu’aux prophètes invitant à la conversion, pour aboutir au Christ Sauveur.  Le passage de la Mer Rouge préfigurait le passage de Jésus par la mort, pour nous ouvrir le chemin de la vie éternelle. 

Se remémorer ainsi les événements marquants de l’expérience qu’ils vécurent avec Jésus, n’est pas la même chose que de se rappeler, chacun de nous, comment Jésus ressuscité est entré dans ma vie ?  Comment j’ai répondu à son appel, il y a tant d’années.  C’est parfois bon de se remémorer par où nous sommes passés.  Comment Dieu m’a fait traverser la Mer Rouge, pour passer d’un esclavage à davantage de liberté.  Nous découvrons alors le fil rouge par lequel Jésus nous conduisait jusqu’à l’endroit où nous sommes aujourd’hui. 

Oui, les événements que nous rapportent les évangiles sont écrits pour nous aujourd’hui, comme le rappelle Saint Jean :
pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Oui, le Christ est vraiment ressuscité.  Il nous a ouvert la porte du ciel, Il nous a donné sa vie, la vie éternelle.  Avançons joyeux sur le chemin où Jésus nous conduit, sachant où il conduit.  Oui, le Christ ressuscité nous accompagne sur notre route.  Alléluia !

Père Bernard-Marie

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Homélie pour le Vendredi Saint

La lutte contre Satan.

Avant de commencer sa vie publique, juste après le baptême qu’il reçut de Jean, Jésus fut conduit au désert pour y être tenté par Satan.  C’est ce que nous rapportent les quatre évangiles.  En conclusion de ces tentations initiales, Saint Luc écrit cette phrase quelque peu énigmatique : Ayant épuisé toute tentation possible,
le diable s’écarte de lui jusqu’au moment fixé. (Lc 4,13)

L’on personnifie généralement le diable comme un être maléfique, qui cherche à faire tomber les hommes, comme il avait fait tomber Adam et Ève dans le Jardin (Gn 3).  Mais dans les évangiles, lorsque Jésus demande au possédé de Gérasa :  Quel est ton nom ? Il lui répond : Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. (Mc 5,9)

Au fur et à mesure que Jésus gagnait en autorité auprès des foules, qu’il guérissait les malades et expulsait les démons, les chefs du Peuple et les Pharisiens guettaient un faux pas de lui ou le mettaient à l’épreuve pour le faire tomber.  Autant Jésus rayonnait la bonté de Dieu, autant les Juifs – comme les appelle l’évangéliste Saint Jean – se liguaient contre Lui.  À tel point que, lors d’une assemblée du Grand Conseil, Caïphe, qui était Grand Prêtre cette année-là leur dit : Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple
et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. (Jn 11,50)

Après le lavement des pieds, dans l’Évangile selon Saint Jean, Jésus annonce la trahison de Judas.  Jésus lui donna la bouchée qu’il avait trempée.  Et Jean de commenter : Quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui.  (Jn 13,27)

Après le repas, Jésus se rendit au Jardin des Oliviers, où Il supplia son Père d’écarter la coupe. Parce que les démons, en multitudes, s’acharnaient sur Jésus afin qu’Il tombe.  Le combat fut rude, à tel point que Saint Luc rapporte :  Pris d’angoisse, il priait plus instamment,
et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient à terre.  (Lc 22,44)

Ensuite, tout au long de son Chemin de Croix, Jésus fut raillé, insulté, maltraité parce qu’il s’était dit Fils de Dieu.  Jusque sur la croix, où les passants, le larron, les scribes et les anciens lui dirent : descend de la croix et nous croirons en toi (Mt 27,38-44 ; Mc 15,29-32 ; Lc 23,35-39).  Satan s’en donnait à cœur joie, à insuffler ces paroles et ces gestes, persuadé d’avoir vaincu le Fils de Dieu puisqu’il allait mourir. 

Jésus ne dit rien, sauf ces dernières Paroles :
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Mt 27)
Père pardonne-leur (Mc 15)
Père, entre tes mains je remets mon esprit (Lc 23)
Tout est achevé (Jn 19)

C’est par son obéissance absolue au Père, alors qu’il s’en croit abandonné, alors qu’Il voit sa vie et son œuvre anéanties avec sa condamnation…  C’est par son obéissance qu’Il en sort vainqueur.

Méditons cette épreuve extrême que Jésus a subie dans son corps, dans son âme, dans son cœur, et accompagnons-Le dans sa mort.  Nous savons, nous, qu’Il ressuscitera le troisième jour.  C’est ici le cœur de notre foi. 

Père Bernard-Marie

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