Homélie pour le Vendredi Saint

La lutte contre Satan.

Avant de commencer sa vie publique, juste après le baptême qu’il reçut de Jean, Jésus fut conduit au désert pour y être tenté par Satan.  C’est ce que nous rapportent les quatre évangiles.  En conclusion de ces tentations initiales, Saint Luc écrit cette phrase quelque peu énigmatique : Ayant épuisé toute tentation possible,
le diable s’écarte de lui jusqu’au moment fixé. (Lc 4,13)

L’on personnifie généralement le diable comme un être maléfique, qui cherche à faire tomber les hommes, comme il avait fait tomber Adam et Ève dans le Jardin (Gn 3).  Mais dans les évangiles, lorsque Jésus demande au possédé de Gérasa :  Quel est ton nom ? Il lui répond : Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. (Mc 5,9)

Au fur et à mesure que Jésus gagnait en autorité auprès des foules, qu’il guérissait les malades et expulsait les démons, les chefs du Peuple et les Pharisiens guettaient un faux pas de lui ou le mettaient à l’épreuve pour le faire tomber.  Autant Jésus rayonnait la bonté de Dieu, autant les Juifs – comme les appelle l’évangéliste Saint Jean – se liguaient contre Lui.  À tel point que, lors d’une assemblée du Grand Conseil, Caïphe, qui était Grand Prêtre cette année-là leur dit : Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple
et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. (Jn 11,50)

Après le lavement des pieds, dans l’Évangile selon Saint Jean, Jésus annonce la trahison de Judas.  Jésus lui donna la bouchée qu’il avait trempée.  Et Jean de commenter : Quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui.  (Jn 13,27)

Après le repas, Jésus se rendit au Jardin des Oliviers, où Il supplia son Père d’écarter la coupe. Parce que les démons, en multitudes, s’acharnaient sur Jésus afin qu’Il tombe.  Le combat fut rude, à tel point que Saint Luc rapporte :  Pris d’angoisse, il priait plus instamment,
et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient à terre.  (Lc 22,44)

Ensuite, tout au long de son Chemin de Croix, Jésus fut raillé, insulté, maltraité parce qu’il s’était dit Fils de Dieu.  Jusque sur la croix, où les passants, le larron, les scribes et les anciens lui dirent : descend de la croix et nous croirons en toi (Mt 27,38-44 ; Mc 15,29-32 ; Lc 23,35-39).  Satan s’en donnait à cœur joie, à insuffler ces paroles et ces gestes, persuadé d’avoir vaincu le Fils de Dieu puisqu’il allait mourir. 

Jésus ne dit rien, sauf ces dernières Paroles :
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Mt 27)
Père pardonne-leur (Mc 15)
Père, entre tes mains je remets mon esprit (Lc 23)
Tout est achevé (Jn 19)

C’est par son obéissance absolue au Père, alors qu’il s’en croit abandonné, alors qu’Il voit sa vie et son œuvre anéanties avec sa condamnation…  C’est par son obéissance qu’Il en sort vainqueur.

Méditons cette épreuve extrême que Jésus a subie dans son corps, dans son âme, dans son cœur, et accompagnons-Le dans sa mort.  Nous savons, nous, qu’Il ressuscitera le troisième jour.  C’est ici le cœur de notre foi. 

Père Bernard-Marie

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