Homélie pour le Jeudi Saint

Les mystères célébrés en ces Jours Saints.

En ce Jeudi Saint nous commémorons les derniers actes de Jésus, avant qu’il ne soit enlevé d’auprès de ses disciples et condamné à mort.  Nous sommes à quelques jours de la fête de la Pâque juive, et Jésus sait qu’il sera tué sur ordre des chefs du peuple.  Dans la première lecture Moïse donne les instructions pour la préparation du repas pascal, juste avant de quitter la terre d’Egypte.  C’est le texte fondateur de l’Alliance entre Dieu et le peuple Juif, qu’ils commémorent chaque année et jusqu’à ce jour par la célébration de la Pâque. 

La commémoration de la Pâque juive est le rappel de la sortie d’Egypte à main forte et bras étendu, par la puissance de Dieu qui sauva son peuple de l’esclavage.  Jésus, en ces jours de célébrations religieuses juives, et en ces jours de sa mort imminente, veut donner un testament à ses disciples, en espérant qu’ils continueront l’œuvre pour laquelle Il est venu dans ce monde et pour laquelle il mourra. 

Le Jeudi Saint est depuis des lustres la fête des prêtres.  C’est en effet en ce jour que nous commémorons l’Institution de l’Eucharistie.  À cette occasion nous entendons le plus ancien texte qui s’y réfère : la lettre de Saint Paul aux Corinthiens.  Les gestes de Jésus sont déjà, dans ce texte, transformés en actes rituels, en liturgie, et nous les redisons à chaque eucharistie.  Alors que nous commémorons en ce Jeudi Saint autant d’événements qui fondent notre foi, prenons conscience de la grâce reçue par les prêtres au moment de leur ordination, de pouvoir redire les paroles de Jésus.  Rendons-nous compte que, oui, le pain est transformé en son Corps et le vin en son Sang.  Nous n’aurons jamais assez de temps pour réellement réaliser le mystère de l’Eucharistie… 

Saint Jean, dans son Evangile, place le lavement des pieds comme préliminaire du dernier repas.  Le repas lui-même, avec l’Institution de l’Eucharistie, Jean ne l’insère pas ici.  S’il a décrit avec autant de précision le lavement des pieds, c’est parce que celui-ci, réalisé par le Maître et le Seigneur, a fait très forte impression sur lui.  On peut comprendre aussi le refus de Pierre de se faire laver les pieds par le Messie, le Fils de Dieu vivant tel qu’il le lui a confessé jadis (Mt 16,16).  A l’époque, c’étaient les esclaves qui lavaient les pieds des visiteurs. 

Par cet acte, Jésus nous montre que, chacun de nous, nous devons changer nos habitudes.  Plusieurs fois durant la semaine Sainte, nous chantons l’hymne aux Philippiens qui rappelle la kénose du Fils de Dieu :

Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect,
il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.

Tels sont quelques aspects de la célébration de ce Jeudi Saint.  Après le repas pris avec ses disciples, Jésus se rend au Jardin de Gethsémani, où commence réellement sa Passion.  C’est ce que nous célébrerons en déposant le Saint Sacrement dans la chapelle latérale où nous pouvons veiller avec Jésus.  Jésus passa une partie de la nuit à prier Dieu de lui ôter ce calice, avant d’être arrêté et emmené à Jérusalem.  Entrons à notre tour, après l’action de grâces pour l’Institution de l’Eucharistie. 

Accompagnons-Le dans sa grande prière, puis suivons-le dans son Chemin de Croix, jusqu’à la mort.  Tel est le mystère des célébrations des journées qui nous conduiront jusqu’à la fête de Pâques. 

Père Bernard-Marie

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