Mai 2002

Vendredi 3 mai –Il y a 60 ans aujourd’hui, P. Armando recevait à Rome le sacerdoce. En prémices de la célébration qui n’aura lieu que demain, nous nous en tiendrons ce soir à un modeste buffet froid où il faisait bon bavarder autour de toutes les gâteries offertes par la cuisine.

Samedi 4 mai – P. Armando a donc co-présidé l’eucharistie à l’autel avec P. Abbé; il nous a même donné sa bénédiction. L’assistance était composée d’un petit cénacle d’amis fidèles, tant français qu’italiens, et jusqu’à Mme le Consul d’Italie à Lille.

Mardi 7 mai – La presse locale, voire nationale, parle beaucoup du Père Pedro, prêtre lazariste à Tananarive, où depuis bientôt dix ans il reloge au lieu-dit « la décharge » des familles entières dans un véritable village qui compte à présent 4 écoles dispensant un enseignement qui peut rivaliser avec celui des meilleurs établissements de la capitale. D’une famille slovène émigrée en Argentine, P. Pedro est doué d’une personnalité très accusée et il sait dire haut et fort ce qu’il pense de l’actuel conflit présidentiel qui afflige la Grande Ile. Il est venu en France trouver des fonds pour son œuvre et nous étions tout heureux de lui servir de tribune pendant une heure. Le même jour dans la soirée, le Père Jacques Bernard poursuivait son enseignement sur l’évangile selon St Jean.

Mercredi 8 mai – Les premiers participants de notre Conférence régionale « Centre et Nord Europe » qui se tiendra à l’hôtellerie toute la semaine prochaine, nous arrivent en la personne de notre F. Philippe et de F. Tomislav, respectivement supérieur et délégué de Marija Zvijezda. Nous les avons découverts dans les stalles au sortir du chapitre où notre évêque Mgr Defois s’était livré devant nous à une analyse passionnément intelligente des récentes élections présidentielles, avant de nous présenter sa visite pastorale dans les Flandres et de nous parler de la clôture du synode des jeunes qui aura lieu à la Pentecôte; son tourment de responsable d’Eglise est en effet de trouver comment atteindre le monde de la jeunesse.

Samedi 11 mai – Après l’arrivée de la partie extrême-orientale de notre Région monastique, c’est à présent au tour du proche-orient (Alsace et Rhénanie) de venir nous réjouir de sa présence. Cela nous vaudra au chapitre une causerie fort éclairante de Mère Praxedis, supérieure de la fondation de Donnersberg au diocèse de Spire, dans une région entièrement sécularisée ne comptant que 1% de pratiquants catholiques. Elle est venue plaider l’affiliation de sa petite maison (6 sœurs) à l’Ordre.

Dimanche 12 mai – F. Gilles retourne en classe de fromage à Poligny. Nous-mêmes sommes à la fête tous les jours grâce à la présence de la Conférence régionale qui nous vaut chaque matin une impressionnante concélébration eucharistique, un jour sur deux un chapitre d’abbesses ou d’abbés et, en milieu de semaine, un repas commun au réfectoire suivi d’une « visite régulière » de tout le monastère qui avait obligé F. Vincent, notre président de travail, à faire nettoyer toutes les fenêtres du cloître… La Conférence totalisait 20 sœurs et 15 frères.

Jeudi 16 mai – Autre réjouissance : le retour définitif de notre F. Florent, tout à fait bien remis de sa lourde intervention chirurgicale du 9 avril. Connaissant trop bien son irrépressible dévouement, P. Abbé l’éloigne quelque temps encore de l’infirmerie en l’envoyant parfaire sa convalescence à Altbronn, où il respirera à pleins poumons l’air du pays natal.

Mardi 21 mai – Dom Gervais de Frattocchie, aumônier intérimaire à Laval, n’a pas résisté non plus au plaisir de venir respirer l’air natal et c’est à chaque fois pour nous une grande joie. Ce matin encore nous est arrivé de la Pierre-qui-Vire un prêtre burundais, P. Zacharie Bukuru, ancien directeur du petit séminaire de Buta, désireux de tâter de plus près la bure cistercienne; vendredi, il nous entretiendra du drame du 30 avril 1997, où 40 petits séminaristes, Hutus et Tutsis emmêlés, périrent assassinés. Depuis lors P. Zacharie ambitionne de fonder un monastère près de ce haut-lieu exceptionnel. Ce mardi encore, notre F. Jean-Philippe, parvenu au terme de son noviciat, s’est vu offrir un temps de discernement de 3 semaines à l’extérieur. Ce jour enfin, une jeune étudiante en histoire présentait à l’université de Lille un mémoire sur l’Abbaye Sainte Marie du Mont durant la guerre 1914-1918; qu’avions-nous de mieux à faire que de lire son travail au réfectoire ? De fait, il soutient si parfaitement la lecture que les cuillers et les fourchettes s’arrêtaient d’elles-mêmes entre l’assiette et la bouche pour ne rien en perdre, elles non plus. Son professeur, M. Prévotat, abonda dans ce sens en lui octroyant un brillant 16 sur 20. Or il se trouve que notre archiviste F. Aimable recevait alors de Dom André une reproduction sur toile de la Sainte Face qu’une vieille dame lui avait remise à l’occasion d’une conférence donnée par lui à Paris; son père, soldat da la guerre 14, l’avait ramassée dans les ruines de l’abbaye bombardée en mai 1918 par les allemands.

Mercredi 22 mai – F. Michel part suivre une cure spirituelle d’une semaine à la Grâce-Dieu.

Mercredi 29 mai – Les premiers seront les derniers : Dom Philippe et F. Tomislav, premiers arrivants et derniers survivants de la Conférence régionale, ont repris ce matin le chemin de la Bosnie.

Nouvelles des absents : F. Louis continue d’écrire régulièrement depuis le Maroc; au début de ce mois de mai, il le fit… sous la neige. Nul doute que ce grand dévot de la Sainte Vierge n’ait pensé in petto qu’entrer ainsi dans le mois de Marie n’était pas mal du tout..

Nous avons entamé en lecture de réfectoire une biographie de Dom Guéranger par Dom Oury (Ed. Solesmes, 2000).

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