Juin 2002

Samedi 1er Juin – C’est par un voyage qu’on ne saurait imaginer plus mouvementé que P. Abbé a entamé à Vitorchiano une visite régulière qui, espérons-le, sera des plus tranquilles. Un premier incident technique ayant cloué au sol son avion à l’aéroport de Lille, la compagnie aérienne l’envoya par TGV à Roissy en prendre un autre. Puis le chauffeur qui l’attendait à Rome n’a pu retrouver à quel endroit il avait garé sa voiture. Tous deux n’eurent plus qu’à prendre un taxi pour rejoindre la Maison Généralice.

Dimanche 2 Juin – La communauté s’honore de compter à nouveau dans ses rangs un vénérable nonagénaire en la personne de F. Joseph, qui a repris le flambeau tombé en 1998 des mains de F. Joël. A l’intervieweur de service il déclara que, ma foi, il irait bien jusqu’à cent ans ; ce serait aussi pour tous une bénédiction de pouvoir garder parmi nous cette prière vivante et continuelle.

Lundi 3 Juin – F. Jean-Paul s’absente quelques jours pour rejoindre à Lilienfeld (Autriche) la session des pères-maîtres et mères-maîtresses cisterciens européens, qui se tient tous les deux ans. Le thème cette année est l’accompagnement spirituel, notamment avec comme intervenant Dom Jean Eudes, venu tout exprès des Philippines.

Mardi 4 Juin – Notre ami Sébastien, étudiant-cinéaste de Nancy, nous revient avec en poche une bourse pour la réalisation d’un film de 52 minutes (son rêve !). Il nous restera jusqu’à vendredi pour prendre des photos préparatoires à ses prises de vues ultérieures.

Jeudi 6 Juin – F. Jean, qui traîne depuis longtemps une sciatique de plus en plus douloureuse, est envoyé par la Faculté prendre trois jours de strict repos à Belval. Va-t-il ressusciter le troisième jour ?

Jeudi 13 Juin – Si l’hiver n’a pas été méchant cette année, c’est qu’il cachait son venin dans sa queue. A moins d’une semaine de l’été, une épidémie de rhumes a forcé tous les barrages, faisant couler les nez, ou les bouchant (bouchant même jusqu’aux oreilles du sonneur de nuit, ce que personne ne sembla… prendre en grippe !) Après avoir parlé maladie, parlons guérison : depuis cet après-midi, la voix sonore d’Andrée-Hortense, notre plus grosse cloche, est sortie d’un nouveau et trop long mutisme, sautant la montagne, bondissant sur les collines, bref n’y tenant plus de joie de se faire entendre. Et nous avec elle. Facétieuse, elle attendait, pour se mettre en branle, l’arrivée en voiture de F. Jean-Paul, de retour de sa session à Lilienfeld, qui ne s’est jamais vu si solennellement accueilli. Il avait ramené d’Autriche un journal, Die Presse, étalant en pleine page la photo d’un magnifique F. André-Louis et du non moins souriant F. Sébastien en train de remplir leur devoir électoral quatre jours plus tôt. Déjà aux précédentes élections d’avril la presse nippone, bouddhiste sur les bords, s’était faite une joie de s’offrir une semblable photo des vrais français. Au chapitre du dimanche suivant, F. Jean-Paul nous narra par le détail sa découverte des éblouissantes abbayes cisterciennes d’Autriche, qui surprennent toujours autant les rejetons des sans-culottes de la Révolution. Lilienfeld, à 80 km de Vienne, est une petite-fille de Morimond née en 1202; elle compte aujourd’hui 23 moines cisterciens dont les 2/3 en paroisse ou en collège.

Mardi 18 Juin – Hubert van Ruymbeke, directeur des Ateliers de Louvranges, est venu passer la journée avec sa caméra-woman, pour rencontrer nos frères Jacques, Bernard-Marie, Louis-Marie, Paul et Gilles, chargés de superviser la réalisation de notre nouvelle vidéocassette. La précédente, éditée par les mêmes Ateliers en 1992 sera remplacée d’ici à l’automne par une nouvelle. Elle aurait pour fil rouge, non plus l’horaire d’une journée monastique, mais un thème, celui de la demeure : celle de la maison de Dieu regroupant autour d’elle tout le monastère, celle aussi du moine ainsi entièrement stabilisé devant la Face de Dieu.

Le soir au chapitre, Dom Patrick Catry, moine de Wisques, nous a parlé d’Adrienne von Speyr (1902-1967), dont il a découvert les écrits en 1978, pour ne plus la lâcher, ainsi que l’avait fait bien avant lui Urs von Balthasar en personne. Pour la lire dans son intégralité (16.000 pages), Dom Patrick a dû se remettre à l’allemand; mais il nous a avoué qu’il aurait été jusqu’à apprendre le chinois si nécessaire.

Vendredi 21 Juin – Le retour de Rome de P. Abbé, prévu pour hier matin, sera aussi épique que l’aller et les retards cumulés se monteront à 24 heures.

Samedi 22 Juin – F. Rémy part pour le Rivet (Bordeaux), où il participera à la célébration du 150ème anniversaire de la fondation de l’abbaye (qui débuta en fait à Blagnac). P. Abbé l’y rejoindra de manière inopinée le mardi 25 en raison de la nécessité qu’il avait d’y rencontrer le Père Général.

Mardi 25 Juin – Père Abbé, commence au chapitre une lecture commentée du récent document de la Congrégation romaine pour les Religieux : « Repartir du Christ; un engagement renouvelé de la vie consacrée au 3ème millénaire ».

Vendredi 28 Juin – Dans la même journée nous reviennent d’abord du Rivet F. Rémy, puis de Scourmont F. Bertrand, qui y passait depuis lundi ses examens de l’I.T.I.M. Serait-ce l’abondance de ses lauriers qui a nécessité pour son tuteur F. Jacques d’aller l’y reprendre en voiture ?

Dimanche 30 Juin – Nous revoyons la bonne figure de Philippe Duc, notre hôte-longue-durée qui chaque début de grandes vacances nous arrive pour un mois et demi de vie en communauté.

Avant de clore cette circulaire, nous avons juste le temps, et bien sûr la grande tristesse, de vous annoncer le décès de notre frère FREDDY, ce jeudi 4 juillet. Encore stabilié à Scourmont, une petite part de son bonheur éternel sera désormais d’avoir pu être inhumé dans notre cimetière.

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