Solennité des Saints Pierre et Paul

Jacques, Pierre et Paul

Paul rapporte dans son épître aux Galates :
trois ans après, je suis monté à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre,
et je suis resté quinze jours auprès de lui.
Je n’ai vu aucun des autres Apôtres sauf Jacques, le frère du Seigneur (Ga 1,18s).

Si Paul mentionne Jacques, c’est qu’il avait un rôle important dans la communauté croyante de Jérusalem.  Plus loin dans cette même épître, Paul reconnaît que ces personnes sont considérées comme des colonnes (2,9).

Après avoir été libéré miraculeusement de sa prison, Pierre fit dire à Jacques et aux frères, qu’il partait pour un autre lieu (Ac 12,17).  À cette date, Jacques fait fonction de chef de la communauté des chrétiens de Jérusalem.  Après avoir passé quelques années à Antioche, nous retrouvons Pierre chef des croyants issus du Judaïsme à Rome. 

Jacques était un Juif pieux, respectant la religion juive tout en reconnaissant en Jésus le Messie.  Pierre continuait à annoncer la Bonne Nouvelle dans les synagogues, tandis que Paul se tourna résolument vers les païens dont l’évangélisation lui avait été reconnue par Jacques, Céphas et Jean (Ga 2,9).  Mais, lorsqu’il revint à Jérusalem pour remettre la collecte des Églises fondées par lui, en faveur de l’Église-Mère, Jacques ne fit rien pour le sauver de la main du pouvoir romain ni du procès intenté par le Sanhédrin.  Après l’arrestation de leur chef, les Églises pauliniennes étaient très isolées et ignoraient comment elles allaient survivre.  Certains dans l’entourage de Jacques espéraient qu’elles rentreraient dans le giron judéo-chrétien en se ralliant à des thèses moins radicales que celles de Paul. 

Au cours des années 60, les catastrophes se succédèrent.  Jacques fut lapidé à Jérusalem sur ordre du grand prêtre.  Pierre fut crucifié à Rome peu après le grand incendie qui provoqua une persécution effrénée des chrétiens dans cette ville.  Paul fut décapité au terme d’un procès pour ‘trouble à l’ordre public’.  Le monde Juif se révolta contre l’occupant romain, ce qui aboutit à la destruction du Temple de Jérusalem et la fin des sacrifices et holocaustes.  Le judaïsme renaîtrait de ses cendres, sous la forme pharisienne, et en excluant les chrétiens de la synagogue. 

Les Églises pauliniennes trouvèrent dans les épîtres reçues de leur fondateur le cadre pour continuer à vivre leur foi dans un monde en crise, minorité de croyants dans un monde païen.  Elles purent encourager les disciples de Pierre et de Jacques à adapter leur mode de vie religieuse dans un contexte nouveau, hors du judaïsme.  L’épître de Paul aux Romains, que certains décrivent comme le testament spirituel de Paul, permit la réconciliation des églises pétriniennes et pauliniennes, de Rome d’abord, de tout l’empire romain ensuite, jusques et y compris les chrétiens de la province de Judée. 

L’icône des Saints Pierre et Paul que nous vénérons, représente le baiser de la réconciliation, après le clash d’Antioche.  Mais la réconciliation perdura toute leur vie d’apôtres, chacun allant son chemin, selon l’appel qu’ils estimaient avoir reçu de Jésus.  C’est pourquoi, nous célébrons en ce jour, comme nous le rappelle la Préface, celui qui fut le premier à confesser la foi, et celui qui la mit en lumière.  Pierre s’adressant d’abord aux fils d’Israël, et Paul qui fit connaître aux nations l’Évangile du salut

L’icône représente également des retrouvailles probables de Pierre et Paul à Rome, malgré les chaînes de Paul. 

Enfin, cette icône représente surtout la réconciliation des deux courants de l’évangélisation, deux Églises séparées par les liens au judaïsme, mais qui de par les faits dramatiques de la fin du 1er siècle, ont dû se réconcilier, s’unir.  Alors que Pierre et Paul avaient subi le martyre, c’est cette dernière réconciliation qui fit naître cette Église dont nous sommes les membres en ce XXIème siècle.

En ce jour où nous fêtons deux « piliers » de l’Église, demandons à Pierre et Paul de nous donner la force de proclamer notre foi en Jésus à temps et à contretemps.  Qu’en cette eucharistie de fête Jésus nous comble de ses grâces pour avancer sur notre route, confesser notre foi et témoigner de l’Évangile du salut. 

Frère Bernard-Marie

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