Onzième Dimanche du Temps Ordinaire

Jésus leur parlait en paraboles

Après avoir célébré la fête de Pâques, avec le Carême qui le précède et le Temps Pascal qui le suit, après avoir célébré la Trinité et le Saint Sacrement ces deux dimanches précédents, voilà que nous reprenons aujourd’hui la lecture continue de l’Évangile selon Saint Marc.  Alors que du Carême au Saint Sacrement nous entendions des extraits de l’Évangile selon le thème particulier du Jour, nous reprenons maintenant Saint Marc et retrouvons aujourd’hui Jésus au début de sa vie publique. 

Jésus fait des miracles, il enseigne le peuple, il montre qu’il est Prophète.  Il est l’envoyé de Dieu qui vient instaurer le monde nouveau que le Seigneur a annoncé depuis les temps anciens.  Les foules l’écoutent, les pharisiens ne sont pas encore en opposition ouverte contre le jeune prédicateur.  Jésus peut encore parler ouvertement du Règne de Dieu qu’il vient instaurer.  Ce Règne de Dieu n’est pas un royaume tel que ses contemporains l’imaginent, ni n’a l’ambition d’expulser l’occupant romain pour restaurer le royaume d’Israël. 

Pour parler du Règne de Dieu, Jésus n’a pas de termes techniques ni d’expressions toutes faites.  C’est pourquoi Il nous en parle en paraboles qui, chacune donne un éclairage spécifique.  Parfois ces paraboles peuvent se contredire entre elles, dans la mesure où chacune présence une facette du Règne. 

Les deux paraboles que nous venons d’entendre sont parmi les plus belles de Jésus : courtes, compactes, précises dans leur objectif, sans fioritures inutiles et imprégnées d’une merveilleuse espérance.  L’accent dans ces deux paraboles n’est pas mis sur l’ensemencement, ni sur le travail de l’agriculteur, ni même sur la récolte à venir.  De la semence au fruit mûr, voilà le cadre de la parabole.  Mais le centre de celle-ci, c’est la description de la façon dont le blé ou le moutardier poussent.  Et dans les deux cas, Jésus insiste sur le fait que l’agriculteur ne fait rien !

C’est pourquoi Jésus précise :
nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève,
la semence germe et grandit, il ne sait comment.
D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe,
puis l’épi, enfin du blé plein l’épi.

elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ;
et elle étend de longues branches,

Une fois que la semence est semée, le blé ou la moutarde, l’agriculteur n’a plus rien à faire.  C’est Dieu qui fait tout.  C’est Dieu qui donne la croissance, c’est Dieu qui nourrit la semence, c’est Dieu qui lui donne l’eau dont elle a besoin.  L’homme n’est intervenu qu’au début, puis il peut dormir ou se lever, les plantes poussent « d’elles-mêmes », en tout cas sans son intervention.  Inutile de tirer sur l’herbe ou l’épi pour qu’ils poussent plus vite… cela risque de faire plus de mal que de bien !  Comme autrefois les auditeurs de Jésus, reconnaissons nous aussi la puissance créatrice de Dieu qui est à l’œuvre et qui donne, au final, la moisson abondante ou l’arbre luxuriant.

Même si les deux paraboles parlent en premier lieu de l’action de l’homme qui sème ou qui plante, puis parle de la moisson, le cœur de la parabole est que l’homme ne peut rien faire pour que le Règne de Dieu advienne.  Jésus ne suggère pas que le Règne ne peut venir que si nous avons semé la graine.  Il ne veut pas non plus suggérer que le Règne vient lentement, comme le grain qui mûrit doucement.  Il ne nous annonce pas non plus quand aura lieu la moisson…

Le Règne de Dieu vient, c’est une certitude.  Mais c’est l’œuvre de Dieu, et non pas celle des hommes.  Dieu apporte le Règne, et Lui seul.  C’est le message de ces deux paraboles.  Personne n’empêchera Dieu de travailler, d’apporter le salut.  La réponse humaine à cette connaissance de l’œuvre de Dieu, cette reconnaissance que l’œuvre progresse, c’est une confiance profonde et calme. 

Dieu sait ce qu’Il fait.  Dieu sait ce dont nous avons besoin.  L’Église en ce moment a perdu beaucoup de sa grandeur, de son pouvoir, de son autorité dans le monde.  C’est peut-être mieux ainsi…  La petite graine est plantée, elle est appelée à grandir et à devenir un grand arbre.  Mais nous ne savons pas quand ni comment.

Telle est l’œuvre de Dieu.  En cette Eucharistie, demandons au Seigneur de nous donner la confiance, la force, le courage de témoigner que son Règne vient.  Nous sommes tous invités à entrer dans son Royaume et à partager le pain vivant.  Le pain eucharistique et la communion fraternelle en sont les prémices. 

Frère Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2021. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.