Quatrième Dimanche de Pâques, Journée de prière pour les Vocations

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Act 13, 14.43-52; Ap 7, 9-17; Jn 10, 27-30.

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Avant que ne se généralise le symbolisme de la Croix, les premiers Chrétiens, qui se rassemblaient et célébraient l’eucharistie dans les catacombes, choisirent cette image du Bon Pasteur pour représenter le Christ. Cette peinture très ancienne représente un jeune berger, qui porte sur ses épaules la brebis égarée, puis retrouvée de l’évangile. Avec ce Dimanche du Bon Pasteur, nous replongeons donc aux racines de notre foi, dans ces premières communautés chrétiennes, petites et pauvres, qui devaient se cacher pour célébrer le Christ Ressuscité.

Aujourd’hui, l’Eglise a pignon sur rue. Même s’il n’est plus de bon ton de fréquenter les églises, la foi en Jésus Ressuscité ne demande plus, du moins dans nos contrées, de se cacher et de risquer sa vie. Mais il n’en est pas ainsi partout dans le monde. Il est encore des pays où le signe de la croix peut conduire celui qui le porte à la prison et à la mort. Cependant, de longs siècles de civilisation chrétienne nous ont fait perdre ce sens du risque de la foi, qui fut et demeure le lot de nombre de Chrétiens.

Le passage de l’Apocalypse peut donc nous sembler très loin de nos préoccupations. Quand nous parlons d’épreuves, nous pensons plutôt à nos problèmes personnels, problèmes de santé, de travail ou de famille. A la rigueur, le texte tiré des Actes des Apôtres peut paraître plus proche. Il arrive assez souvent, aujourd’hui, que les Chrétiens, qui osent affirmer leurs opinions, soient mis de côté et insultés. Mais cela ne va pas encore bien loin.

Nous pourrions donc nous imaginer qu’il est possible de vivre une vie chrétienne tranquille et paisible, sans remous et sans heurts, au fond, une vie sans grands risques, sinon le risque de la platitude et de l’ennui. Mais cela, c’est sans compter avec Dieu, qui a vite fait de bousculer nos univers confortables, sans odeur et sans saveur. En effet, que nous le voulions ou non, il n’est pas de foi chrétienne tranquille, bien installée dans des certitudes, sûre d’elle-même. La foi suppose toujours ce déracinement, cette quête qui nous fait sortir des sentiers battus.

C’est bien ce que l’évangile de ce jour nous laisse pressentir. Une « voix » appelle, et il s’agit non seulement de l’entendre, mais surtout de l’écouter! Et cette « voix » suppose une mise en route, un départ, un détachement, et parfois même un arrachement. « Mes brebis écoutent ma voix », nous dit Jésus, « moi je les connais et elles me suivent ». Notre foi n’est donc pas simplement une adhésion statique à des dogmes ou une manière de vivre et de penser, qui nous éviterait toute remise en cause, mais elle est au contraire une mise en marche, l’entrée dans un chemin. Et ce chemin, Jésus l’atteste, comme les premiers disciples qui s’y sont risqués à sa suite, c’est un chemin de joie et de liberté. Jésus nous invite à la joie et à la liberté.

Mais il y a, dans nos existences, tant de choses qui nous empêchent de céder à cette joie de Dieu. Il y a, dans nos vies, tant de prisons confortables, tant de pesanteurs, qui finissent par emprisonner notre joie. Nous en avons plus ou moins conscience. Et nous savons bien que, ce dont nous avons vraiment besoin, ce sont ces « sources d’eau vive » vers lesquelles le « Bon Pasteur », Jésus, notre Seigneur, veut nous conduire. Pour entrer dans ce bonheur là, nous avons besoin de guides, de bergers, de pasteurs, qui osent y croire, et osent prendre le risque de suivre Jésus et de nous entraîner à leur suite, à sa suite.

C’est pourquoi l’Eglise nous invite aujourd’hui à prier pour les vocations. Si nous sommes vraiment convaincus que ce bonheur, que Dieu nous offre, est le seul qui vaille, Dieu nous enverra, avec profusion, ces vocations qui oseront tout laisser pour suivre Jésus, jusqu’au bout. Il est inutile de nous plaindre. Le problème est de notre côté. Et Dieu comblera au centuple notre attente. Mais attendons-nous encore quelque chose ? Sommes-nous vraiment des assoiffés de cette eau vive qui fit courir la Samaritaine? Ces questions, Jésus nous les pose, à chacune et chacun d’entre nous, que nous soyons laïcs, prêtres ou moines. Quelle est notre soif ?

 

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