Vingt-huitième Dimanche du Temps Ordinaire

Toutes langues, toutes races.

Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ;
et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. (Lc 4,27)
C’est le reproche que donna Jésus lorsqu’il enseigna dans la synagogue de Nazareth, au tout début de son ministère, tel que nous le rapporte l’évangéliste Saint Luc.  

Les circonstances qui conduisirent Naaman à sa guérison ne sont pas reprises dans la péricope que nous avons entendue en première lecture.  Après avoir douté de la parole du prophète Élisée, Naaman se plonge quand même dans le Jourdan et est instantanément guéri.  Il croit au Dieu d’Israël et décide de pratiquer la religion d’Israël dans son pays.  Mais, à l’époque, le Dieu d’un pays étant attaché à sa terre, le seul moyen de Le vénérer, c’est de pouvoir se tenir sur de la terre d’Israël. 

Jésus, tout au long de sa vie, a toujours regretté que les Juifs, eux qui avaient eu la Parole, la Loi, les Prophètes, furent tellement réticents à recevoir son message, la Bonne Nouvelle.  Il ne les a pas rejetés pour autant, mais il a toujours espéré que les chefs du peuple se convertiraient et reconnaîtraient en Lui le Messie.  Face à leur endurcissement, Jésus ne pouvait que louer la foi des étrangers…  C’est ce qu’il fit dès sa première intervention dans la synagogue de Nazareth, citée à l’instant.  Dans la bouche de Jésus, c’était un reproche envers ses contemporains.  Combien de fois encore, ailleurs dans les Évangiles, Jésus ne loua-t-il pas la foi des étrangers ?  C’est ce que nous avons entendu dans l’Évangile de ce matin.  Seul le lépreux, un Samaritain, cet étranger, est revenu pour rendre gloire à Dieu, dit Jésus. 

Saint Jean rapporte, au chapitre 4 de son Évangile la rencontre entre Jésus et la Samaritaine.  Dès le début du dialogue entre les deux personnages, Jean précise que « les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains » (Jn 4,9).  Mais lorsque la femme demande où il faut adorer Dieu, Jésus lui répond : les vrais adorateurs sont ceux qui adorent en esprit et en vérité (Jn 4,23), et cela ne nécessite pas de se rendre en tel ou tel lieu.  C’est une invitation claire de reconnaître qu’il n’y a pas de différence entre Juifs et Samaritains, entre Juifs et Grecs, entre esclaves et hommes libres… 

Le lieu de culte, aujourd’hui, n’est pas essentiel.  Dans tout lieu nous pouvons rencontrer le Seigneur.  C’est pourquoi Jésus enseignait : retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra (Mt 6,6). 

Dans l’extrait de l’épitre à Timothée, Saint Paul nous rappelle :
souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts,
le descendant de David : voilà mon Évangile.

Voilà le cœur de notre foi.  Jésus, le Christ, le Fils de Dieu le Père, s’est fait homme, a souffert et est ressuscité des morts. 

Nous essayons, du mieux que nous pouvons, de vivre notre foi au quotidien.  Mais les circonstances de la vie, les difficultés, les contradictions de notre cœur, font que nous ne suivons pas fidèlement les intuitions que nous dictent notre foi.  La facilité, la crainte du qu’en-dira-t-on, font que nous dévions de notre voie, que ce soit en famille, dans notre lieu de vie, dans notre communauté monastique. 

C’est pourquoi Saint Paul écrit, après avoir rappelé le cœur de notre foi :
Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. (et la suite)

Mais surtout ce que nous devons nous rappeler chaque jour : 
Si nous manquons de foi, lui restera fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même.

Ou, selon une traduction plus ancienne et plus percutante :
Si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. 

Faisons confiance au Seigneur qui nous vient toujours en aide.  C’est ce que nous rappelions dans la prière d’ouverture de la célébration de ce matin :

Nous t’en prions, Seigneur, que ta grâce nous devance
et qu’elle nous accompagne toujours,
pour nous rendre attentifs à faire le bien sans relâche.

Oui, Dieu ne nous laissera pas tomber, Il ne peut se renier lui-même, Il nous comble de sa grâce.  Il ne tient pas compte des races, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, tous sont aimés de Dieu, tous sont appelés au bonheur du ciel. 

La participation à cette eucharistie nous donne la confiance de nous approcher de Dieu et d’attendre de Lui la miséricorde, afin de le glorifier un jour éternellement. 

Père Bernard-Marie

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