Troisième Dimanche de Carême.

La Samaritaine.

Ce n’est pas à l’heure de midi que les femmes se rendent habituellement au puits pour puiser de l’eau.  Il fait beaucoup trop chaud à cette heure en Palestine, et il vaut mieux rester à l’ombre dans sa maison.  Mais si cette femme vient à cette heure, c’est probablement pour ne pas rencontrer les autres femmes du village.  En effet, elle est réputée volage, et elle en est déjà à son sixième compagnon.  Les commentaires acerbes devaient lui être envoyés à chaque rencontre… 
Mieux lui valait donc venir à une heure où probablement il n’y a personne au puits.  Mais voilà que, ce midi, un homme, un Juif, est accoudé à la margelle et engage la conversation.             Donne-moi à boire.
Dans les autres rencontres près d’un puits dans l’Ancien Testament, c’est à chaque fois la première étape avant de trouver l’épouse recherchée.  C’est le cas lorsqu’Abraham envoie son serviteur chercheur une épouse pour son fils Isaac (Gn 24).  C’est le cas également pour Moïse lorsqu’il fuit le Pharaon et trouve son épouse Séphora dans le pays de Madian (Ex 2).  Dans l’évangile de ce matin, la femme refuse d’entrer dans cette démarche, et on la comprend, puisqu’elle n’est pas venue dans ce but au puits.  Et voilà qu’elle se montre plutôt choquée qu’un homme, un Juif, s’adresse à elle, une femme, une femme de Samarie.  Elle a les nerfs à fleur de peau, craignant les commentaires ironiques de quiconque s’adresse à elle, comme si son passé était écrit sur son front.  Mais Jésus passe outre et déplace le sujet de la discussion.  Si tu savais le don de Dieu…
Après avoir laissé planer le doute sur l’eau vive, thème que la femme ne comprend visiblement pas, Jésus reprend l’initiative en lui disant : Va, appelle ton mari et reviens.

Alors que la femme connaît à peine ce Juif avec qui elle parle, elle accepte qu’il parle de son état matrimonial.  Le regard de Jésus, dès le début, devait avoir interpellé cette femme, qui se sent vraiment en confiance.  Jésus ne la juge pas, Il ne la condamne pas.  Peut-être lui dira-t-il comme à la femme adultère : Va, et désormais ne pèche plus (Jn 8,11).  Venue puiser de l’eau à midi, pour ne pas entendre les moqueries des autres femmes sur sa vie privée, voilà qu’elle dévoile elle-même tout ce qu’elle a fait à cet inconnu.  Puis elle s’en retourne à la ville et témoigne de cette rencontre avec cet inconnu et de ce regard d’amour qui l’a saisie.  Alors qu’elle lui disait : je vois que tu es un prophète, à ses concitoyens elle va plus loin en posant la question ne serait-il pas le Christ ? 

Pour les habitants de la ville de Sykar, la première étape de la rencontre avec Jésus, c’est le témoignage d’une personne qui l’a rencontrée.  C’est le témoignage de la femme venue puiser de l’eau à l’heure de midi.  Ensuite, ces gens demandent à Jésus de rester chez eux et, pendant deux jours, Il leur parle du Royaume des Cieux et de Dieu son Père.  Jésus les invite aussi à se convertir et à prier le Père non sur cette montagne, mais en esprit et en vérité

De même pour nous, combien de fois avons-nous rencontré des personnes qui nous ont parlé de Dieu, de Jésus ?  N’est-ce pas ainsi que nous sommes venus à la foi, à la pratique religieuse ?  Que faisons-nous pour inviter les autres, en particulier les jeunes, à entendre la Parole de Dieu et à la mettre en pratique ? 

Saint Paul, ce matin, nous rappelait
Frères, notre Seigneur Jésus Christ, nous a donné, par la foi,
l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ;
et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.

C’est la foi en Jésus et en son Père qui nous donne d’avoir part à la gloire de Dieu.  Cette gloire, nous essayons d’en vivre au jour le jour, dans notre vie quotidienne.  Mais nous savons qu’elle ne nous sera pleinement révélée qu’après notre mort, lorsque nous verrons Dieu face à Face.  C’est cela qui nous anime, c’est cela qui donne sens à notre vie.  Demandons à Dieu d’avoir le courage de témoigner de notre foi, comme la femme de Samarie.  Alors, peut-être, d’autres viendront vers Jésus et diront ensuite : c’est à cause de ses Paroles à Lui que nous croyons désormais. 

Que la participation à cette Eucharistie nous donne de témoigner de notre joie de croire en Jésus et de prier le Père en esprit et vérité, comme nous y invite Jésus. 

Père Bernard-Marie

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