Treizième Dimanche du Temps Ordinaire

Le Royaume de Dieu

Les fêtes liées au Temps Pascal se sont terminées, avec le Saint Sacrement dimanche dernier et le Sacré-Cœur vendredi.  Le mois de juin se termine également, avec la Saint Jean Baptiste jeudi, Notre Dame de la Treille samedi, et mercredi prochain les Saints Pierre et Paul.  Aujourd’hui nous reprenons le Temps Ordinaire, avec la couleur liturgique verte.  Nous voilà repartis pour méditer, durant ce Temps que l’on pourrait également appeler le ‘Temps de l’Église’, les grands moments de la vie des Saints, mais également les grands moments de la vie chrétienne ordinaire. 

Aujourd’hui nous entendons plusieurs appels adressés par Dieu ou par Jésus à des individus, parfois simplement croisés sur le bord de la route, parfois rencontrés déjà précédemment.  Les réponses aux appels diffèrent d’un individu à l’autre, et la réponse de l’appelant également.  Alors qu’Élie accepte que Elisée, fils de Shafath, fasse ses adieux à sa famille, Jésus ne l’accorde pas au dernier homme qu’Il invite à Le suivre.  Elisée a dit « oui » dans son cœur, et célèbre généreusement d’être appelé par le Prophète. 

Peut-être que l’homme à qui Jésus répond de ne pas regarder en arrière, n’a pas encore dit « oui » et veut profiter d’un délai pour peser le pour et le contre et ensuite décider.  On sait en effet ce que l’on quitte, mais pas ce qui nous attend, quelle que soit la vocation à laquelle Dieu nous appelle.  Sommes-nous prêts à tout quitter pour une vie inconnue ?  C’est vrai dans tous les états de vie.  Un jour il faut accepter de ne plus regarder en arrière, pour aller de l’avant. 

Le premier homme s’adressant à Jésus, promet de suivre Jésus partout où il ira.  Affirmation pleine d’assurance.  On veut compter sur ses propres forces pour répondre à l’appel de Jésus.  Mais la réalité est tout autre…  C’est pourquoi Jésus met cet homme en garde : si tu me suis, ta vie sera pleine d’inconnus, de surprises, d’inconfort.  Il te faudra tout lâcher, et Dieu te donnera ce dont tu as besoin.  Puisque, Jésus le dit clairement : le Fils de l’homme n’a pas de lieu où reposer la tête.  Rappelons-nous également la réaction de Pierre lors de la dernière Cène.  Lui aussi affirma : Je te suivrai partout où tu iras.  Et Jésus lui répondit : Avant que le coq ne chante, tu m’auras renié trois fois (Lc 22,34).  Jésus accepte l’homme tel qu’il est.  Il ne reproche rien.  Et, pour continuer sur l’exemple de Pierre, lorsque celui-ci rencontra le regard de Jésus enchaîné, il pleura amèrement sur sa faute, sur sa faiblesse.  Jésus ne le lui reproche pas, il pardonne.  Et plus tard il l’instituera chef de l’Église.  Pierre à ce moment saura que ce n’est pas pour sa bravoure mais pour son humilité que Jésus l’aime. 

Le second interlocuteur de Jésus demande de pouvoir aller enterrer son père avant de répondre à l’appel.  Jésus répond en insistant sur l’urgence.  La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux (Lc 10,2).  Peut-on remettre à demain l’annonce de la Bonne Nouvelle ?  Suivre Jésus nécessite des choix radicaux, nécessite parfois de renoncer à honorer père et mère.  Même des préceptes de la Loi, tel qu’enterrer son père, peuvent, doivent parfois, passer au second plan pour l’unique nécessaire : répondre à l’appel de Dieu.  Ici encore, nous ne connaissons pas la réponse de l’homme.  Nous ne connaissons pas non plus la réaction de Jésus.  Mais nous savons qu’Il ne condamne pas, qu’Il ne juge pas. 

Lorsque Jésus appelle, lorsque Dieu appelle, Il laisse libre.  C’est librement que nous devons répondre à l’appel, quel qu’il soit.  Il n’y a pas que la vie religieuse qui est un appel.  Toute vie chrétienne vécue chrétiennement, est une vocation.  Nous voyons dans les évangiles d’autres personnes que Jésus aimait, mais à qui il n’a pas demandé de Le suivre.  Jésus était heureux de l’hospitalité que lui offraient Marthe, Marie et Lazare.  L’une vocation n’est pas meilleure que l’autre.  Le tout est de trouver sa vocation, son épanouissement humain, spirituel, relationnel. 

Cette liberté de Dieu vis-à-vis de chacun de nous, c’est aussi ce que Saint Paul nous enseigne dans l’épître de ce jour :
Frères, c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés.
Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté.
Ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage.
Laissez-vous conduire par l’Esprit.

C’est cette liberté-ci qui importe.  L’Esprit nous aide à aller de l’avant, quoi qu’il nous arrive.  Et Dieu nous donnera la force, la lumière, pour avancer sur notre route.

En cette Eucharistie, demandons à Dieu de nous venir en aide.  Si nous disons à Jésus « je te suivrai partout où tu iras », sachons prendre les risques, mais comptons sur la grâce de Dieu, l’aide de l’Esprit pour que notre projet, quel qu’il soit, aboutisse, pour notre joie et pour la plus grande gloire de Dieu.

Père Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2022. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.