Fête du Saint Sacrement ou Fête-Dieu

La communion dans l’Eucharistie

La première célébration du Triduum Pascal, c’était l’institution par Jésus Lui-même, la veille de sa Passion et de sa Mort, d’un repas d’adieux.  Très vite après la Pentecôte, les disciples se réunissant le Dimanche, se mirent à célébrer ce Repas d’Adieux, qui devint repas de communion entre tous ceux qui devenaient croyants.  Les disciples, en faisant ainsi, se rappelaient des Paroles de Jésus durant la dernière Cène : Faites cela en mémoire de moi.

Aujourd’hui, alors que se terminent les fêtes pascales, nous nous arrêtons à nouveau sur le Mystère de l’Eucharistie, mais pour en découvrir un autre aspect.  Comme l’affirme Jésus en une autre de ses Paroles : Lorsque deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d’eux (Mt 18,20).  Lorsque nous nous réunissons, nous sommes en communion avec Jésus, comme nous sommes en communion avec tous ses disciples, avec l’Église entière. 

Depuis la nuit des temps et jusqu’à ce jour, participer à un repas est considéré comme le lieu de communion par excellence.  Que ce soit en trempant la bouchée dans le même plat (cf Jn 13,26) ou en respectant scrupuleusement une étiquette, manger la même nourriture autour d’une même table enrichit la relation entre les convives.  

C’est pourquoi nous avons entendu en première lecture le repas qu’offrit Melchisédech à Abraham lorsque celui-ci revint d’avoir vaincu ses ennemis.  Melchisédech étant prêtre du Dieu Très-Haut, nous avons ici en même temps une première ébauche d’un repas sacré, d’un repas religieux.  Tout au long de l’Histoire d’Israël, depuis Moïse jusqu’à l’époque de Jésus, les Juifs se rendaient à Jérusalem pour les grandes fêtes.  Lorsqu’ils offraient un animal en sacrifice pour être brûlé sur l’autel, une partie seulement était brûlée en bonne odeur, tandis que le reste permettait de faire un repas de fête sous le regard bienveillant de Dieu Lui-même à qui on avait offert une part. 

Les derniers versets du Livre du Prophète Zacharie annoncent que ce ne sera plus seulement dans le Temple que l’on célébrera le Seigneur, mais dans tout Jérusalem (Za 14,20-21) :

Ce jour-là, les grelots des chevaux porteront l’inscription « Consacré au Seigneur » ;
les marmites, dans la Maison du Seigneur, seront comme des coupes d’aspersion devant l’autel.
Toute marmite, à Jérusalem et en Juda, sera consacrée au Seigneur de l’univers ;
tous ceux qui offrent un sacrifice viendront les prendre pour cuire ce qu’ils présentent.

Toute la ville sera consacrée au Seigneur, tous les habitants de la Terre Sainte célébreront le Seigneur et partageront les repas de communion avec tous les peuples.  C’est ce que Jésus est venu instaurer.  Les quatre évangiles nous ont rapporté les multiplications des pains de Jésus pour les foules venues l’écouter.  C’était, pour ces gens désemparés, un repas de communion avec Jésus.  Mais le Fils de Dieu alla plus loin encore.  Lors du dernier repas qu’il célébra, Jésus partagea à ses disciples son corps et son sang, avant de mourir sur la croix.  Repas rituel, repas de communion… non plus avec la chair de boucs, de brebis ou de bœufs, mais avec son propre Corps. 

C’est pourquoi, l’épître aux Hébreux nous l’affirme (Hb 9,11-12) :

Le Christ est venu, grand prêtre des biens à venir. Par la tente plus grande et plus parfaite, celle qui n’est pas œuvre de mains humaines et n’appartient pas à cette création,
il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, en répandant, non pas le sang de boucs et de jeunes taureaux, mais son propre sang.

Tel est le Mystère de l’Eucharistie que nous célébrons chaque jour…  Nous ne participons plus à un repas avec des animaux offerts en sacrifice de communion.  Notre Eucharistie est le rappel de la mort et de la résurrection de Jésus, l’ouverture définitive du Temple céleste. 

C’est ce que nous rappelle Saint Paul dans l’extrait de l’épître aux Corinthiens que nous avons entendu :   

Ceci est mon corps, qui est pour vous.  Faites cela en mémoire de moi.
Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang.
Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi.

Aujourd’hui ce n’est plus toute la ville de Jérusalem qui est consacrée au Seigneur.  Mais le monde entier est consacré à Dieu, chaque fois que, quelque part sur terre, une communauté chrétienne célèbre l’Eucharistie.  Nous sommes un seul peuple, tous consacrés à Dieu.  Et chaque fois que nous célébrons, le Christ Fils de Dieu est au milieu de nous.  Notre propre sanctification rayonne sur le monde et fait progresser la sanctification de tous. 

En ce jour que l’on appelle aussi Fête-Dieu, demandons à Jésus d’être tout près de nous, sur nos lèvres et dans notre cœur, alors que nous allons manger son Corps sacré qui nous sanctifie et sanctifiera le monde entier.

Père Bernard-Marie

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