Solennité es Saints Pierre et Paul

Les apparitions à Pierre et à Paul.

Pierre et Paul, que nous célébrons ensemble en ce jour, ont reçu de Dieu, chacun, au moins deux apparitions exceptionnelles.  Il leur fallut bien cela pour accepter de se donner corps et âme à l’annonce de la Bonne Nouvelle. 

Bien qu’il ait été confirmé dans son rôle de chef de l’Église par Jésus lui-même, dans l’évangile que nous venons d’entendre, Pierre a eu bien du mal à assumer cette responsabilité.  Rappelons-nous : malgré sa bonne foi et son ardeur à défendre le Maître, il s’enfuit du Jardin de l’Agonie de Jésus puis renia son Maître par trois fois.  Mais Jésus ne lui en tint pas rigueur, et lui pardonna.  Après sa résurrection, Jésus lui apparut sur les bords du Lac de Galilée pour le confirmer dans sa vocation de premier chef de l’Église. 

Paul raconte lui-même comment il était un partisan farouche de Dieu et persécutait à mort la Voie, faisant enchaîner et jeter en prison hommes et femmes (Ac 22,3-4).  Jésus lui apparut sur le chemin de Damas, et fit du persécuteur un apôtre envoyé au loin, vers les nations païennes (Ac 22,21).  C’est en se rappelant ses débuts comme persécuteur de l’Église que Paul affirme : en tout dernier lieu il m’est apparu à moi, comme à l’avorton (1Co 15,8).  Ici encore, Jésus ne tint pas rigueur à Paul, et fit de lui l’apôtre des nations. 

Paul eut encore une vision du Christ, au moment de son arrestation à Jérusalem.  Jésus lui dit : Courage ! Le témoignage que tu m’as rendu à Jérusalem, il faut que tu le rendes aussi à Rome (Ac 23,11).  C’est enchaîné que Paul est conduit à Rome, et qu’il y rendit témoignage.  Pierre se rendit également à Rome, et son compagnon de voyage, Marc, réussit à retrouver Paul dans la grande ville. 

La première lecture de ce jour nous a rapporté la libération miraculeuse de Pierre hors de la prison de Jérusalem.  L’ange du Seigneur a libéré Pierre… Quelques versets plus loin dans son récit, Luc écrit : Pierre leur raconta comment le Seigneur l’avait fait sortir de la prison. Il leur dit alors : « Annoncez-le à Jacques et aux frères. » Puis il sortit et s’en alla vers un autre lieu (Ac 12,17).  La crainte de représailles a fait qu’il ne se sentait plus en sécurité dans la Ville Sainte.  Il n’était pas encore prêt au martyre.

La Légende de Saint Pierre rapporte comment Pierre, sachant qu’il serait mis à mort par le pouvoir romain, s’enfuit de la ville.  Comme il quittait Rome Pierre vit le Christ s’approcher de lui. Etonné et frappé d’effroi à la vue d’une telle vision, l’apôtre s’écria : « quo vadis, domine ?  Maître, où vas-tu ? »  La voix attristée du Sauveur laissa tomber ces mots : « Je vais à Rome pour y mourir à ta place ».  Comprenant son erreur, et repentant, faisant demi-tour, Pierre reprit le chemin de Rome.

C’est ainsi que tous deux moururent martyr dans la capitale de l’empire.  C’est pourquoi nous célébrons leur martyre ensemble.  La Préface de ce jour rappelle la complémentarité des deux « fondateurs » de l’Église de Jésus-Christ. 

Pierre, celui qui fut le premier à confesser la foi lorsqu’il répondit à Jésus Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant près de Césarée de Philippe…
Paul, qui a mis cette foi en lumière par ses écrits, ses épîtres, devenues Parole de Dieu, puisqu’elles sont parties intégrantes du Nouveau Testament. 
Pierre qui constitua l’Église naissante parmi les pauvres d’Israël c’est-à-dire en s’adressant aux Juifs de naissance à qui il annonça que Jésus était Fils de Dieu…
Paul maître et docteur des nations appelées au salut, lui qui comprit rapidement que Jésus était venu non pas seulement pour accomplir la Loi de Moïse, mais pour que la Bonne Nouvelle soit annoncée à tous les peuples. 
L’un et l’autre ont travaillé, par des voies différentes, à rassembler l’unique famille du Christ.  Mais l’unification des deux « familles » de croyants ne fut pas aisée, et n’eut lieu que plusieurs décennies après la mort de leurs fondateurs.  L’icône de la réconciliation de Pierre et Paul, que nous vénérons en ce jour, pourrait être leur réconciliation dans la martyre et une fois qu’ils se sont retrouvés ensemble au ciel.  Quoi qu’il en soit, nous vénérons aujourd’hui dans une même fête ces deux colonnes de l’Église, eux qui se sont donnés à fond pour proclamer que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu. 

Demandons à Dieu, comme nous L’exprimerons dans la prière après la communion, que, assidus à la fraction du pain et à l’enseignement des Apôtres, nous soyons un seul cœur et une seule âme, solidement enracinés dans l’amour de Dieu.

Père Bernard-Marie

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