Solennité du Christ Roi de l’Univers

Deux rois face à face.

L’Évangile de ce jour est extrait du récit de la Passion selon Saint Jean.  Jésus se trouve en face de Pilate, et Pilate le questionne sur sa royauté.  Nous assistons à un dialogue de sourds, chacun des deux protagonistes affirmant être roi.  Mais chacun est roi d’un monde différent.  Pour nourrir notre méditation en cette solennité du Christ, Roi de l’Univers, prenons appui sur un texte célèbre de Saint Augustin (Saint Augustin, La Cité de Dieu, XIV,28,1) :

Deux amours ont bâti deux cités :
l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, la cité de la Terre,
l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, la cité de Dieu.
L’une se glorifie en soi, et l’autre dans le Seigneur.

Lorsqu’il pose la question à Jésus : « Es-tu roi ? », Pilate s’inquiète de son propre pouvoir…  Qui ose ainsi empiéter sur son territoire et faire de l’ombre à son autorité ?  Mais Jésus répond : « Mon royaume n’est pas de ce monde ».  Et Saint Augustin continue :

L’un demande sa gloire aux hommes,
l’autre met sa gloire la plus chère en Dieu, témoin de sa conscience.
L’un, dans l’orgueil de sa gloire, marche la tête haute ;
l’autre dit à son Dieu : ‘Tu es ma gloire et c’est toi qui élèves ma tête.’

Pilate n’est pas connu pour avoir été un procurateur paisible et honnête, lui qui fit massacrer des Galiléens venus sacrifier à Jérusalem (Lc 13,2).  Il n’eut pas peur non plus de tuer ses opposants, quelques années après avoir fait crucifier Jésus.  Un mort de plus ou de moins sur la conscience ne le dérangeait visiblement pas… 

Jésus, par contre, avance serein vers sa condamnation, sachant qu’il fait la volonté de son Père.  Et, en réponse à Pilate, Jésus précise :
Si ma royauté venait de ce monde,
j’aurais des gardes qui se seraient battus
pour que je ne sois pas livré aux Juifs.

Oui, voilà la différence entre Jésus et Pilate.  Comme l’affirme encore Saint Augustin :
L’un, dans ses chefs, dans ses victoires sur les autres nations qu’elle dompte,
se laisse dominer par sa passion de dominer.
L’autre, nous représente ses citoyens unis dans la charité,
serviteurs mutuels les uns des autres, gouvernants tutélaires, sujets obéissants.
La cité de la terre, dans ses princes, aime sa propre force.
La cité du ciel dit à son Dieu : ‘Seigneur, mon unique force, je t’aimerai.’

Après que Jésus eut dit à Pilate :
« Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »

Pilate pose la question en guise de conclusion de l’échange (mais qui n’est pas reprise dans la lecture de ce jour) : « Qu’est-ce que la vérité ».  

Il n’attend pas de réponse.  Sûr de son pouvoir, il met ainsi fin à la discussion car il ne souhaite pas être remis en question, surtout pas par un condamné.  

Oui, Pilate avait le pouvoir de mettre à mort ou de libérer.  Mais il est lui-même prisonnier de son pouvoir, et il en mourra.  Oui, c’est Dieu qui a donné ce pouvoir à Pilate, mais c’est Jésus qui reste maître de sa propre vie et de sa propre mort. 
Pilate, exilé à cause de son autorité violente, mourut loin de tous. 
S’il n’y avait eu Jésus de Nazareth, plus personne ne se serait souvenu de lui. 
Par contre, trois jours après sa mort, Jésus ressuscita.  C’est pourquoi nous Le vénérons comme le Roi de l’univers. 

En ce jour de la solennité du Christ Roi de l’Univers, tournons-nous résolument vers Lui, le Seigneur de la Cité de Dieu plutôt que de courir après les honneurs et les bonheurs tout terrestres.  En cette eucharistie, demandons à Jésus de nous combler de sa joie et de sa paix, pour avancer confiants dans notre monde tout en sachant que nous sommes attendus dans l’Autre monde.

Père Bernard-Marie

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