Lorsque l’ange Gabriel eut terminé son dialogue avec Marie, celle-ci s’empressa de se rendre auprès de Joseph pour lui annoncer la grande nouvelle. Joseph a certainement réagi comme Manoah après la visite de l’ange annonçant à sa femme qu’elle enfanterait un fils. Manoah s’adressa au Seigneur en disant :
Je t’en prie, Seigneur, que l’homme de Dieu que tu as envoyé revienne vers nous,
et qu’il nous enseigne ce que nous devrons faire pour l’enfant qui va naître. (Jg 13,8)
On peut comprendre l’inquiétude de Joseph, ne sachant pas ce que Dieu attend de lui. Est-ce que Dieu souhaite que Joseph renonce à se marier avec sa bien-aimée ? Est-ce que, dans le cas contraire, Joseph sera à la hauteur de la tâche que Dieu lui confie, à lui et à sa femme ? Sachant qu’une naissance avant mariage était extrêmement mal vue à l’époque, on peut comprendre l’inquiétude de Joseph.
Mais le Seigneur ne laisse pas tomber celui qui met en Lui sa confiance. C’est certainement la première conclusion que tira Joseph, ce qui lui permit d’aller dormir le cœur en paix. Comme nous venons de l’entendre, c’est pendant son sommeil que l’ange du Seigneur vint confirmer à Joseph qu’il avait une place importante dans le projet que Dieu avait initié avec Marie son épouse.
L’ange du Seigneur dit en effet à joseph :
Tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.
Joseph peut encore méditer le message reçu par Manoah. Il se rappelle la vie de son fils Samson, qui fut juge pendant 20 ans et libéra le peuple qui était soumis aux Philistins. Et Joseph de se demander : que sera donc cet enfant ?
Il comprit également que son rôle auprès de l’enfant à naître serait important, peut-être primordial…
Joseph médita ensuite la vie du patriarche Joseph, fils de Jacob, que Dieu avait envoyé en avant en Égypte. S’ils portaient le même nom, pouvait-il y avoir quelque similitude dans leur destin ?
Le patriarche vécut d’abord la persécution par ses frères, il fut esclave, emprisonné, avant que le Pharaon ne reconnaisse ses dons et le nomme gérant de tous ses biens et de toute l’Égypte. Il avait été envoyé en précurseur, afin de sauver son peuple de la famine.
Joseph, l’époux de Marie était menuisier, certains élargissent son métier en tailleur de pierre. Humble artisan, il travailla dur pour subvenir aux besoins de sa famille.
Une fois que Jésus a quitté le cocon familial, nous n’entendons plus parler de Joseph. De loin en loin les évangiles rapportent que Marie la Mère de Jésus, est à ses côtés, que ce soit à Cana ou au pied de la Croix. Ailleurs on signale que les frères et les sœurs, avec ou sans la Mère de Jésus, viennent le chercher… Mais de Joseph il n’est fait aucune mention.
L’hagiographie en a parfois déduit que Joseph serait décédé très tôt, mais rien n’est moins sûr… Dans l’Histoire de Joseph, texte apocryphe du IVème siècle, Joseph mourut à l’âge de 111 ans. Il a ainsi la préséance d’un an sur le patriarche Joseph qui, selon le Livre de la Genèse, mourut à 110 ans.
Qu’il ait eu une courte ou une longue vie, toujours est-il que les Évangiles ne rapportent aucune parole de Joseph. Il est ainsi un modèle pour nous moines : d’après Saint Benoît le moine doit obéir au premier appel de son supérieur. Joseph a toujours obéi, sans poser de questions, sans récriminer, sans hésiter même. Suivons son exemple dans notre vie quotidienne.
Le 19 mars 1923, il y a donc 98 ans jour pour jour, le chapitre conventuel a élu Saint Joseph comme Archi-abbé de l’abbaye Sainte Marie du Mont. Tout au long de l’histoire de notre communauté, des frères ont eu une dévotion particulière pour Saint Joseph. Comme il trône au milieu de notre préau, ce n’est pas difficile d’aller le prier. Certains moines le priaient pour qu’il nous envoie des novices, d’autres y vont pour demander l’aide dans les questions économiques, d’autres enfin, par dévotion particulière pour le Père terrestre de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Dans les deux ans qui nous séparent du centenaire de l’élection de notre archi-abbé, supplions Saint Joseph de nous envoyer des vocations, afin que la vie monastique sur le Mont et sous sa garde perdure. Que la participation à l’Eucharistie en ce jour de sa fête, Jésus lui-même intervienne auprès de son père nourricier et auprès de son Père des Cieux pour que notre prière de ce jour se réalise.
Frère Bernard-Marie