Quatrième Dimanche de Carême, année C

La parabole du père

La parabole que nous venons d’entendre dans l’Évangile, s’appelle couramment la Parabole du fils prodigue.  Certains, pour ne pas accabler ce fils cadet, l’appellent volontiers la Parabole du fils aîné.  Nous pourrions tout aussi bien l’appeler la Parabole du Père. 

Les scribes et les pharisiens, dans l’Évangile de ce matin, sont unanimes à poser la question à Jésus : « Tu es envoyé de Dieu, tu viens annoncer la Bonne Nouvelle.  Mais pourquoi t’adresses-tu aux publicains et aux pécheurs et que tu nous laisses de côté ? »  Plutôt que de nous arrêter sur le comportement de l’un ou l’autre des fils, regardons plutôt comment le père réagit. 

Lorsque le fils cadet exige le partage des biens, le père ne lui fait pas de reproches et lui donne sa part de l’héritage.  De ce fait le père se dépouille en faveur de son fils, mais il ne lui en tient pas rigueur.  Le fils aîné, lui, ne dit rien non plus, mais n’en pense pas moins, comme la parabole le relatera plus loin. 

Jésus décrit ensuite la déchéance du cadet, qui se voit obligé de garder les porcs, métier honni par les Juifs pieux, et même dans cette situation il n’arrive pas à se nourrir suffisamment.  Les temps sont durs, et le voilà qu’il se met à réfléchir à la situation des ouvriers qui travaillent pour son père.  Mieux vaut encore m’abaisser devant mon père et ses serviteurs, en devenant le dernier d’entre eux, que de mourir de faim sur une terre étrangère.  Et le voilà qu’il médite ce qu’il va dire à son père :
Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi… 
et ils commencèrent à faire la fête.

Le fils aîné, entendant le son de la musique et des danses, refusa d’entrer et se mit en colère contre son père : Il y a si longtemps que je suis avec toi… 
je n’ai jamais transgressé tes ordres… tu ne m’as jamais rien donné…

C’est la première fois que l’aîné désobéit à son père consciemment.  Refusant d’entrer pour faire la fête, il critique son père et insulte son frère.  Il dit : ‘Je t’ai obéi point par point, et rien’, tandis qu’il reproche à son frère : ‘Il t’a désobéi, il a abusé de ta bonté, et tu fais la fête à son retour’.

En présentant cette parabole, Jésus veut faire comprendre à ses interlocuteurs, en particulier aux Pharisiens qui l’avaient interpellé au début de l’évangile de ce matin, que Dieu n’agit pas comme les hommes. 

Jésus veut faire comprendre aux Pharisiens que Dieu les aime ! 
C’est la réponse du père dans la parabole à son aîné :
tu es toujours avec moi et tout ce qui à moi est à toi. 

Tout au long de sa vie publique, Jésus s’est adressé aux prostituées et aux collecteurs d’impôts, à tous les pécheurs, pour dire que Dieu les aime. 
C’est la réponse du père à son cadet :
mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.

Nous sommes parfois tentés, nous aussi, de juger les autres…  Je suis chrétien pratiquant, je suis moine, et ceux-là, que font-ils ?  Que reste-t-il de leur formation religieuse ?  Est-ce que je ne suis pas plus proche de Dieu qu’eux ? 

Non, nous enseigne Jésus : Dieu vous aime, et je suis venu pour vous l’annoncer.  Les pécheurs ont entendu ma Parole et y ont cru.  Ils sont aimés du Père.  Les pharisiens se jugent justes et n’entendent pas ma parole.  Ils sont aimés du Père, mais ils l’ignorent, tout entiers préoccupés par l’application de la Loi et de ses 736 préceptes. 

C’est aussi ce que nous enseigne Saint Paul dans l’extrait que nous avons entendu :
nous vous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché,
afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu.

Ce ne sont pas nos œuvres qui nous rendront justes devant Dieu, mais notre humble soumission à Sa Volonté, et une ouverture totale à son Amour.  Devant tant d’amour, même l’homme le plus saint se reconnaît indigne, tellement pécheur…  Même en pratiquant la loi la plus stricte, la plus contraignante, si je n’ai pas l’amour, cela nous me sert à rien, nous dit aussi Saint Paul (1Co 13,2).

Le Père vient à nous et nous dit :
mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.

Ou encore : Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.

Demandons à Dieu dans cette Eucharistie, qu’Il nous justifie de sa justice, qu’Il nous aime de son Amour, non pas pour nos œuvres, mais parce que nous nous reconnaissons pauvres, petits, pécheurs. 

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