Quatorzième Dimanche

Les disciples de Jésus

Lorsque nous entendons dans l’Évangile de ce jour que Jésus désigne 72 disciples pour les envoyer deux par deux… on peut se demander d’où ils viennent tout-à-coup. 

Que les Douze accompagnent Jésus, avec quelques femmes dont certaines les aident de leurs ressources pour leur assurer le pain quotidien, on peut aisément l’imaginer.  Mais qu’il y ait, en plus, des dizaines, peut-être une centaine de disciples qui les suivent également, il est permis de s’interroger. 

Dans l’Évangile de dimanche dernier, nous avons vu que Jésus ne cherche pas coûte que coûte à s’adjoindre des disciples.  Rappelons-nous ses réponses : « les renards ont des terriers… », « laisse les morts enterrer les morts… », « qui regarde en arrière… ».  Réponses énigmatiques, rudes, qui ont dû refroidir plus d’un homme interpellé par l’aura de Jésus. 

Ce qui n’empêcha pas ces personnes, avec d’autres, de continuer à fréquenter Jésus.  Ils ne firent pas partie du petit cercle des apôtres, les seuls à qui Jésus un jour a dit : « Suis-moi ».  Nous connaissons certains de ces « disciples de seconde zone », puisqu’ils sont nommés dans les écrits du Nouveau Testament.  Ainsi Nicodème, qui vint de nuit rencontrer Jésus.  Ou encore Zachée, le collecteur d’impôts de Jéricho, Simon de Cyrène qui porta la croix de Jésus, Cléophas et l’autre disciple sur le route d’Emmaüs, et Mathias qui prit la place de Judas l’Iscariote dans le groupe des Douze.

Ces derniers, avec tous les autres, dont les 72 disciples, étaient ouverts au message de Jésus, le suivaient parfois, et s’inspiraient de son enseignement.  Mais ils continuaient à vivre leur vie « dans le monde » alors que les Douze avaient tout quitté pour suivre Jésus.  L’instauration du Règne de Dieu, pour lequel Jésus est venu, ne concerne pas seulement Lui et les Douze.  Il s’agit du début d’une ère nouvelle, pour laquelle Dieu a besoin d’une communauté concrète.  L’enseignement de Jésus n’était pas une pieuse théorie, mais une vraie Histoire, une Histoire Sainte.  Pour cela, Il a besoin d’une communauté de croyants, qui vivent dans le monde et qui témoignent que le Règne de Dieu est là.  Ils sont invités à vivre des paroles de Jésus, ils doivent témoigner dans leur vie quotidienne, que le monde est en train de changer.  La charité, l’entraide, le soutien, le partage, ne sont plus de vains mots.  Par leur comportement concret les disciples témoignent que suivre le Christ change radicalement la vie.  

Le premier témoignage que les disciples sont appelés à rendre, c’est la charité mutuelle.  Comme Jésus le demandait dans le discours après la Cène rapporté par Saint Jean : C’est à l’amour qu’on vous reconnaîtra comme mes disciples.  C’est également par l’amour que nous avons, chacun de nous, pour tous ceux que nous rencontrons, c’est par l’amour que nous témoignons que le Christ vit en nous. 

Comme le rappelle Saint Paul dans l’extrait de l’épître aux Galates que nous avons entendu, Par la croix de notre Seigneur Jésus-Christ le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde.  Et plus loin, nous sommes une création nouvelle, marchons selon cette règle de vie.  L’important, pour Paul, est la foi au Christ et vivre selon cette foi, pour que Dieu nous donne paix et miséricorde. 

Ne nous offusquons pas si le monde ne nous comprend pas.  Jésus et ses disciples aussi essuyèrent l’incompréhension, la moquerie.  Jésus lui-même paya son témoignage par la mort.  Aujourd’hui comme du temps des premier chrétiens, les croyants sont une minorité, et leur parole n’est guère entendue.  L’important pour nous est de vivre ce à quoi Dieu nous appelle, dans la vie monastique, religieuse, dans le mariage, dans le monde.  Faisons confiance à Dieu qui sait ce dont l’Église et le monde ont besoin. 

En cette Eucharistie, demandons à Jésus de nous aider à vivre notre foi dans un monde en recherche de sens.  Que nous soyons pour nos proches des témoins qu’il est bon de vivre sous l’inspiration de l’Esprit, cet Esprit qui fait de nous une créature nouvelle. Alors, Jésus pourra nous dire un jour :

« Réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

Père Bernard-Marie

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