Pâques, Messe de la Nuit

Quel éclat dans cette annonce de la résurrection selon S. Matthieu. C’est aussi éblouissant qu’au jour de la Transfiguration ! Quelqu’un qui a « l’aspect de l’éclair et dont le vêtement est d’un blanc comme la neige ». S’y ajoute ici un « grand tremblement de terre ». De quoi terrifier les gardes. Déjà, quand Jésus expira, « la terre trembla, nous disait S. Matthieu, et les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent, des corps ressuscitèrent ».
Résurrection et mort de Jésus ont secoué notre terre : c’est que terre et ciel se touchèrent alors, c’est que notre monde et celui de Dieu entrèrent dans un contact nouveau. C’est ce qu’annonce l’ange : «  Jésus de Nazareth, il n’est pas ici, car il est ressuscité ».
Dire « résurrection », c’est dire exactement : ce qui a lieu a lieu en notre terre mais tout en la dépassant radicalement. C’est dire : Dieu est là, il intervient dans notre monde, il assume en lui quelque chose de notre univers, il assume en sa gloire ce Jésus de notre terre, ce Jésus de Nazareth crucifié sur le Golgotha.
Mais, en ressuscitant, Jésus ne disparaît pas dans un monde autre, une sorte d’arrière-monde ; et il ne fracasse pas, il ne volatilise pas cet univers-ci où il apparaît.
Cet inouï de Dieu dans la vie de Jésus se laisse rejoindre dans notre humanité telle qu’elle est, sans la subjuguer ni la déconsidérer. Ce Jésus que ces femmes ont connu, suivi, aimé, pleuré, elles le voient venir à leur rencontre tout simplement, et elles l’entendent les saluer comme à l’ordinaire : « Je vous salue ». Elles peuvent même lui tenir les pieds. Certes, elles sont surprises ; mais leur surprise elle-même n’est-elle pas de pouvoir le saluer ainsi, aussi simplement, sur leur chemin à elles ?
Et Jésus ne les arrache pas à leur belle humanité. Bien plus, il paraît se lier davantage à elle. Comme s’il s’enfonçait plus profondément encore dans nos relations humaines : allez annoncer à mes frères, dit-il. « Mes frères » : Jésus tisse maintenant davantage encore ces liens qui l’unissaient à tous ceux qui l’accompagnaient et le suivaient.
Jésus ressuscité, pris tout entier dans la gloire de Dieu, n’a jamais été plus proche des siens, de tous les siens, de tout homme son frère quel qu’il soit, de tout homme quel qu’il soit. C’est ainsi qu’il sera à jamais, comme le dit la finale de l’Evangile de Matthieu : « Je suis avec vous tous les jours ». C’est ce que Matthieu annonçait déjà en ouverture de sa Bonne Nouvelle : on lui donnera le nom d’ « Emmanuel », ce qui veut dire « Dieu avec nous ».
Père Abbé
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