Ressuscité, selon les Écritures.
La résurrection des morts, pour les disciples, n’était pas une évidence. Même si les Écritures en parlaient de manière plus ou moins explicite, tout au long de la vie de Jésus, personne ne comprit de quoi Jésus voulait parler. Pour nous, aujourd’hui, la résurrection semble être un fait acquis. Mais comprenons-nous vraiment ce que cela veut dire, et ce que cela voulait dire pour les contemporains de Jésus ?
Lors de la Transfiguration de Jésus sur la montagne du Thabor, Jésus dit explicitement à pierre Jacques et Jean qui avaient été témoins du prodige, de n’en pas parler « avant que le Fils de l’Homme ne ressuscite d’entre les morts ». Mais, continue l’évangéliste, ils se demandaient entre eux ce que signifiait « ressusciter d’entre les morts. » (Mc 9,9-10).
De même, lorsque Jésus parlait de sa passion prochaine il précisait qu’il ressusciterait « le troisième jour », et nous le proclamons dans le Credo à chaque eucharistie dominicale : ressuscité le troisième jour, selon les Écritures.
Tout au long de l’Histoire Sainte, Dieu le Créateur du ciel et de la terre se fit progressivement plus proche des hommes. Il se fit connaître à Abraham et le fit entrer dans la terre qu’Il promettait de donner à ses descendants pour toutes les générations. Il s’adressa ensuite à Moïse et fit du Peuple une nation sainte, un peuple de prêtres. Les prophètes enseignèrent la Loi divine et l’amour de Dieu pour son peuple, mais les israélites ne cessèrent de tomber dans le péché. Finalement Il envoya son Fils, Jésus, qui vint nous apprendre combien Dieu est Père.
Peu à peu Jésus essaya de faire comprendre aux disciples et au peuple ce qu’est la résurrection. C’est ainsi qu’il disait :
Quant au fait que les morts ressuscitent, n’avez-vous pas lu dans le Livre de Moïse, au passage du Buisson, comment Dieu lui a dit :
Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? (Mc 12,26)
Il n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants ;
tous en effet vivent pour lui. (Lc 20,38)
Et, la veille de sa passion, Jésus affirmait à ses disciples :
Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce produit de la vigne
jusqu’au jour où je le boirai avec vous, nouveau,
dans le Royaume de mon Père.(Mt 26,29)
Voilà la nouveauté… Tous vivent pour Dieu, dans le Royaume où nous mangerons le pain de la Vie et boirons au vin des noces éternelles.
Dieu Père sera près de nous, le Christ en gloire sera avec nous, l’Esprit qui les unit nous unira avec la Trinité et entre nous. Une grande famille, où il n’y aura plus d’oppositions, plus de querelles, mais tous seront un seul cœur et une seule âme, comme la première communauté chrétienne que nous décrivent les Actes des Apôtres. (Act 4,32)
La résurrection du Christ a ouvert pour nous l’accès au ciel et à la béatitude éternelle. Par notre foi, par la relation que nous entretenons avec Jésus et avec le Père dans la prière, la vie prend un nouveau sens. Notre vie ne se limite pas à ce que nous faisons sur terre, elle ne se limite pas au bien que nous pouvons faire. Non, comme le disait Saint Paul dans l’épître de ce matin :
votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie,
alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.
C’est cela la résurrection. Nous avons déjà un pied dans le ciel, et Jésus nous tient par la main pour nous soutenir sur notre route. Le repas eucharistique est, chaque fois que nous y participons, et encore plus aujourd’hui, une participation au festin céleste, nourriture pour la route, avant-goût de la joie éternelle.
Que la joie de Pâques nous transfigure chaque jour davantage.
Frère Bernard-Marie, Abbaye de Belval