Noël, Messe de Minuit.

Le Fils du Très-Haut naît à Bethlehem

            Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière.

Telle est la première annonce de bonheur que nous proposent les lectures de cette messe de minuit.  Nous sommes dans les ténèbres de la nuit, et l’on nous annonce, dans l’évangile, la naissance d’un enfant.  Pas seulement l’annonce d’une naissance miraculeuse, mais également la présence dans la nuit des anges et des archanges qui chantent la gloire de ce nouveau-né.

Si Luc en rajoute un peu avec les anges et la lumière surnaturelle qui illumine les bergers et leurs moutons, l’annonce qu’il fait de la naissance en notre monde du Fils de Dieu a tout d’une annonce officielle qui s’inscrit dans l’histoire des hommes.  C’est ainsi que l’évangéliste situe l’événement dans l’environnement historique qu’il connaît : sous le règne de l’empereur Auguste, alors que Quirinius est gouverneur de Syrie.  Luc précise ainsi que la naissance de Jésus n’est pas le début d’une histoire mythique, mais une réalité de notre monde, avec des personnes en chair et en os. 

Dès le début de son Évangile, Luc veut nous préciser que la naissance de Jésus n’est pas une naissance ordinaire.  Lorsque Dieu se fait homme, les événements naturels se plient au divin pour montrer que ce qui se passe tout à coup sur notre terre est exceptionnel.  Mais Luc veut aussi affirmer ce que Saint Paul rappellera dans l’hymne qu’il insère dans son Epître aux Philippiens (Ph 2,6-7) :
Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’anéantit lui-même, prenant condition d’esclave,
et devenant semblable aux hommes.

Lui, le Fils de Dieu, naquit dans une famille pauvre, qui vivait pauvrement dans la petite ville de Nazareth.  Lorsqu’ils arrivèrent à Bethlehem, la ville de David leur aïeul, personne ne prit garde à eux, ni ne leur fit honneur.  Seulement une petite étable et une mangeoire dans laquelle poser le nouveau-né.  Lorsque les grands de ce monde furent prévenus de la naissance du Messie, peu se précipitèrent pour l’adorer.  Seuls les bergers, les plus humbles des habitants de la région, et les mages venus d’Orient, se déplacèrent.  Dans les deux cas, il s’agit de deux groupes de personnes qui connaissaient peu de choses de la Loi et des promesses de la venue prochaine d’un Sauveur.  Mais ils croient au message qu’ils voient.  Les premiers par les anges qui viennent à leur rencontre, les seconds par l’astre nouveau qu’ils découvrent dans le ciel. 

Lorsqu’ils l’annoncent dans leur entourage, personne ne les croit.  Les bergers adorent l’Enfant et retournent à leurs tâches ordinaires, sans plus se soucier de ce qu’ils ont découvert.  Les Mages avaient expliqué aux prêtres et aux scribes pourquoi ils venaient.  Ceux-ci avaient scruté les Écritures et donné une explication, mais sans se mettre eux-mêmes en route pour aller adorer le Messie.  Hérode quant à lui, dans le doute et, de peur que ce Roi qui vient de naître lui prenne son trône, fait tuer tous les enfants de moins de trois ans dans les environs de Bethlehem.  Cela oblige Joseph et Marie à fuir en Égypte où, d’une certaine manière, l’Enfant nouveau-né est sauvé des eaux, comme Moïse le fut en son temps. 

Toute sa vie, Jésus aura à subir les incompréhensions de ses contemporains.  Même les disciples les plus proches avaient du mal à saisir sa personnalité et essayaient de comprendre qui Il était et quel Royaume Il venait instaurer. 

Ainsi, dans les Évangiles de l’Enfance, Matthieu et Luc veulent montrer les prémices d’une vie toute donnée, mais incomprise, voire rejetée par ses contemporains.  C’est ce que Saint Paul rappellera dans l’hymne aux Philippiens citée il y a quelques instants : Lui, de condition divine, s’anéantit lui-même, …

C’est la première étape de cette kénose que nous célébrons en cette nuit.  À cette première étape, la descente du Fils de Dieu dans l’Enfant nouveau-né, se dit également par cet extrait du Livre de la Sagesse :
Un silence paisible enveloppait toute chose, et la nuit était au milieu de son cours rapide ; alors, du haut du ciel, venant de ton trône royal, Seigneur,
ta Parole toute-puissante fondit en plein milieu de ce pays (Sg 18,14-15).

Réjouissons-nous, en cette nuit, de la venue en notre chair de Jésus, le Fils de Dieu, Parole éternelle du Très-Haut.  Devenons nous-mêmes enfants pour nous émerveiller devant un su grand mystère.

Père Bernard-Marie

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