Mercredi des Cendres

Le Carême selon Saint Benoît.

Lorsque Saint Benoît décrit l’observance du Carême au chapitre 49 de sa Règle, il est assez explicite : Il est clair qu’un moine, doit, en tout temps, garder l’observance du Carême. 
Mais il tempère ensuite en affirmant : Peu en sont capables. 

Mais profitant du Carême, il demande aux moines de garder leur vie toute pure… pour effacer toutes les négligences des autres temps. Pour ce faire, Benoît demande d’abord de nous abstenir de tous les vices, puis de nous adonner à la prière avec larmes, à la componction du cœur et à l’abstinence

Et plus loin : Qu’il prive son corps de nourriture, de boissons, de sommeil, de bavardage, de plaisanterie… 
Tout ceci est assez exigeant, et on pourrait craindre de devoir faire pénitence pour la pénitence.  Faire des efforts pour manger et boire moins, si possible moins que les frères qui me regardent.  Faire des efforts aussi pour dormir moins, bavarder moins, plaisanter moins…  tout cela, c’est de la pénitence.  À quoi cela sert-il de se priver ?  Pourquoi Benoît demande-t-il que les moines se privent ainsi tout au long de leur vie, même s’il concède que peu en sont capables 

Rappelons-nous la parole de Jésus aux scribes et aux Pharisiens lui demandant pourquoi ses disciples ne jeunaient pas :
Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront.

Comme le disait déjà l’Ecclésiaste : Il y a un temps pour tout.  Il y a un temps pour jeûner et un temps pour faire la fête.  Durant le séjour parmi eux de l’Époux, de Jésus, les disciples étaient à la fête, au repas des noces. 

Si Saint Benoît affirme que les moines doivent jeûner tout au long de l’année, c’est que nous attendons le retour de l’Époux, ou la grande rencontre au ciel avec Celui que nous aimons sur cette terre.  Cela donne un sens spécial au jeûne que l’on peut pratiquer comme chrétien, que l’on soit ou que l’on ne soit pas moine. 

Revenons une dernière fois au chapitre 49 de la Règle.  Après avoir concédé que la plupart des moines ne sont pas capables de jeûner à longueur d’année, Saint Benoît suggère comme nous l’avons déjà mentionné, de faire quelques efforts supplémentaires durant le Carême.  Et il précise à l’intention des moines qui jeûnent, qu’ils doivent le faire en préparation à
la sainte Pâques dans la joie du désir spirituel. 

C’est bien le sens de la Sainte Quarantaine dans laquelle nous entrons.  Accompagner Jésus dans sa montée vers sa Pâque.  Nous commençons par vivre les tentations, la Transfiguration, puis les annonces de la Passion.  Enfin, avec la Semaine Sainte la Passion de Jésus, sa mort, pour déboucher à la Résurrection, qui est le cœur de notre vie de chrétien, le cœur de notre vie de moine. 

La joie de la fête de Pâques n’est qu’une image de la joie que nous éprouverons lorsque nous nous retrouverons devant Jésus, son Père, les Anges et les Saints, au moment où nous entrerons dans notre éternité. 

En attendant, demandons à Dieu de commencer la sainte quarantaine par une journée de jeûne, tout en nous parfumant la tête pour cacher aux hommes que nous jeûnons.  Dieu nous viendra en aide et nous donnera de vivre la Sainte Pâques avec un désir spirituel renouvelé. 

Père Bernard-Marie

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