Sixième Dimanche du Temps Ordinaire

Il a été dit … Eh bien ! moi, je vous dis.

Jésus, dans l’extrait du sermon sur la montagne que nous venons d’entendre, n’y va pas de main morte par rapport à l’enseignement de Moïse et de la Loi.  D’une part Il affirme :
je ne suis pas venu abolir la Loi ou les Prophètes :
je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.

Mais ensuite il dit :
Il vous a été dit … eh bien, moi je vous dis…

On peut comprendre que les scribes et les pharisiens, soient heurtés par ces affirmations.  Jésus se situe tout à fait autrement que les chefs du Peuple.  Combien de fois aussi Jésus n’affirme pas que la Loi est faite pour l’homme et non pas l’homme pour la Loi.  La Loi doit être un tremplin pour une vie plus sainte, et non un carcan qui règle la vie quotidienne dans tous ses détails.  C’est cela, la grande nouveauté que Jésus nous apporte. 

De tous temps l’homme a eu besoin d’une loi et de préceptes pour vivre en communauté et pour marquer son identité avec le groupe.  Lorsque, en plus, les lois ont un caractère religieux, l’identification au groupe est d’autant plus forte, et l’application des règles devient à son tour pratique religieuse. 

Le danger est grand que l’on devienne scrupuleux, que l’on cherche à tout moment ce que la loi nous ordonne de faire et ce qu’elle nous interdit de faire.  La loi alors devient un carcan, qui enferme dans une pratique méticuleuse et paralysante. 

C’est pourquoi Jésus réplique aux scribes et aux pharisiens en d’autres endroits des Évangiles : Le sabbat est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat. (Mc 2,27)

Jésus ne change pas la Loi, mais la remet à sa vraie place.  L’essentiel n’est pas de savoir quand, comment et sur quoi jurer.  L’essentiel n’est pas de faire l’adultère en acte ou en pensée.  L’essentiel n’est pas de savoir s’il est mieux d’insulter ou de maudire plutôt que de tuer…  L’essentiel n’est pas de pratiquer la Loi dans tous les plus petits détails, jusqu’à mettre les points sur les i.  Non, pour Jésus l’essentiel est ailleurs, il est beaucoup plus profond et indiscutable. 

C’est ce que Jésus dit en finale de la première des petites interpellations qu’Il nous fait :
Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens,
vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux.

Et Saint Paul, dans l’extrait de l’épître aux Corinthiens, donne la clé de lecture :
C’est bien une sagesse que nous proclamons devant ceux qui sont adultes dans la foi,
mais ce n’est pas la sagesse de ce monde…

Ni la sagesse des pharisiens et des scribes, ni la sagesse du monde, mais la Sagesse de Dieu, qui est amour.  Le mobile de toutes nos actions, envers Dieu et envers les hommes, envers tous ceux avec qui nous vivons, doit être l’amour et la vérité.  C’est pourquoi Jésus conclut son enseignement aujourd’hui en proclamant avec force : 
Que votre ‘oui’ soit ‘oui’, que votre ‘non’, soit ‘non’.
Tout ce qui est en plus vient du Démon.

Et l’oraison d’ouverture de la célébration de ce jour ne dit pas autre chose :
Dieu qui veux habiter les cœurs droits et sincères,
Donne-nous de vivre selon ta grâce, alors tu pourras venir en nous pour y faire ta demeure…

Demandons à Dieu d’ouvrir notre cœur et de nous combler de sa grâce afin que nous transmettions l’amour de Dieu et vrai dans nos paroles et nos actes.

Père Bernard-Marie

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