Samedi 3 mars : A l’image du sénat de la République française, nous venons de renouveler, ou plutôt de réélire, la moitié du conseil abbatial, ce qui donne ceci : FF. Jacques, Louis-Marie, Paul et – seul nouveau venu – Michel. Le Conseil est désormais composé de ces quatre frères et de F. Nivard, Prieur, F. Jean-Paul, Père-Maître des Novices, F. Jean-Marc, Cellérier, et F. Bernard-Marie. A ce petit événement est venue s’ajouter la joie très sentie de voir notre F. Yvon rentrer d’hôpital, puis P. Abbé de son école de langue néerlandaise. A notre grand soulagement il parle encore couramment le français.
Mardi 6 mars : Au chapitre de ce soir et de demain, nous écoutons Sœur Monique Luiart, enseignante d’histoire contemporaine à l’université de Lille. Elle nous parle de l’évolution religieuse en France au XX° siècle. Thème fort intéressant, et sujet abordé avec la même maestria qu’elle déploie devant son amphi de Sciences Politiques…
Vendredi 9 mars : Dom Marc-André voit arriver la fin de sa longue absence de Maromby, occasionnée à la fois par le rapatriement d’urgence de P. Alain et la Conférence des 18 supérieurs de la Conférence africaine et malgache à Koutaba. Nous le restituons à nos frères malgaches en moins bon état et beaucoup moins bronzé qu’ils ne nous l’avaient confié, aussi comptons-nous sur eux pour le faire revivre.
Dimanche 11 mars : Voici les quelques changements d’emploi annoncés dans la précédente circulaire : F. Bemard-Marie reçoit la responsabilité des Affaires Lucratives et F. Joop celle des finances de la fromagerie, ce qui leur vaut d’occuper respectivement les bureaux de F. Jacques et de F. Laurent. Celui-ci prend en mains la comptabilité du magasin tandis que F. Jacques monte deux étages pour prendre les rênes de la bibliothèque en même temps qu’il descend à la cave pour assumer l’emballage. Au laboratoire F. Frédéric remplace F. Nivard, envoyé laver le linge de la communauté à la buanderie, tandis que F. André-Louis retrouve le chemin du vestiaire tout en gardant celui de la porterie. Tout ce modeste remue-ménage reste bien mince au regard du succès que F. Georges et F. Jean-Pierre se sont taillés ce matin dans la presse : la photo de leur vote au village, achetée par l’A.F.P. par des journaux canadiens et néerlandais, voire indiens, a fait le tour du monde.
Lundi 12 mars : Le commission de coordination de notre Conférence Régionale France Nord et Centre Europe s’est réunie presqu’au complet afin de préparer la réunion générale qui se tiendra à St Sixte à la fin de ce mois ; Dom Ambrose, qui quitte Scourmont pour regagner sa communauté anglaise, a eu la bonne idée d’accompagner Dom Armand Veilleux, notre président de Région. Avec eux nous avons partagé au réfectoire un repas un peu festif et le lendemain, alors que nos hôtes s’en étaient retournés, nous est arrivée le membre manquant de cette commission, Mère Myriam de Laval, qui avait été retenue à Orval par la visite régulière et l’élection de leur nouvel abbé Dom Matthieu. Ce même soir l’abbé Jacques Bernard poursuivait son commentaire de St Jean en nous mettant au parfum du dernier livre du P. M.-E. Boismard que l’épiscopat vient de faire réfuter par le P. Pierre Grelot.
Mercredi 14 mars : F. Bernard-Marie et F. Joop montent à Paris consulter Monsieur Philippe Mignotte, ami des abbayes et conseiller des fromageries d’abbayes. De là F. Bernard-Marie continue son voyage seul pour aller en Suisse récupérer F. Bertrand arrivé au terme de son stage de boulangerie, et passer deux jours à l’abbaye de la Fille-Dieu.
Vendredi 16 mars : Les vêpres sont avancées d’un quart d’heure pour permettre à Mme Lytta Basset, pasteure genevoise, de nous parler tout à loisir de son approche exégéto-psycho-thérapeutique de la culpabilité et du pardon. Quelques moniales de Belval et d’Esquermes s’étaient jointes à nous pour l’écouter nous interpréter – avec quelle aisance – le miracle du paralysé descendu devant Jésus par le toit (Luc 5).
Lundi 19 mars : Nous avons dans nos murs pour 48 heures Dom Bruno de Mariawald, juste le temps pour lui de nous persuader de laisser aller F.Philippe à Maria Zvijezda (Bosnie), sa maison-fille en grande détresse. Ce même jour F. Yvon est hospitalisé pour examen médical, et F. Christophe l’imite deux jours plus tard. Sachez de suite l’heureux verdict : du repos, seulement du repos !
Mercredi 21 mars : La crise de la fièvre aphteuse commence à nous toucher nous-mêmes puisque l’une des trois fermes où nous écoulons notre sérum n’en prend plus. Ne plus pouvoir évacuer du tout notre sérum reviendrait à devoir arrêter toute activité de fromagerie. Autre effet inattendu : cela fait plusieurs mois, sinon plusieurs années, qu’un pédiluve vous attend à toutes les issues de la fromagerie pour vous empêcher d’entrer sans montrer patte blanche ; désormais la mesure est étendue à tout notre parc automobile… eux aussi ont droit à leur rotoluve, sous la forme d’une grande bâche étalée à même le sol et garnie du désinfectant ad hoc, et sur laquelle voitures et camions sont invités à passer en roulant au pas.
Jeudi 22 mars : Alors que Père Abbé était à l’ermitage, F. René a connu chez le dentiste une infortune aussi peu enviable que peu banale, celle de se décrocher la mâchoire. Conduit aux urgences, il nous est revenu tard dans la soirée, avec une mentonnière qu’il garde à l’heure de l’édition de la présente chronique.
Dimanche 25 mars : En fin d’après-midi nous arrive de Belval notre Père Général doublé d’une ombre aussi légère que lui, celle de son jeune secrétaire le frère Elias de Gethsémani. Tous deux nous resteront jusqu’à mercredi,- jour d’ouverture de notre Conférence Régionale à St Sixte Dom Bernardo en est à sa 450ème visite d’une maison de l’Ordre, pour un total de 86 voyages.
Lundi 26 mars : La présence de l’Abbé Général est l’occasion idéale de fêter en ce jour de l’Annonciation un jubilé rare : celui des 70 ans de profession de notre F. Armando (la date exacte en était le 4 janvier). Au premier rang des invités se tenait P. Alain, venu tout exprès de la maison de rééducation de Bailleul.
Mardi 27 mars : Les membres de la Conférence Régionale commencent à affluer: la haute et la basse Alsace nous arrivent ainsi en la personne de Dom Simon d’Oelenberg et de Mère Anne-Marie d’Altbronn. Demain après-midi c’est un véritable convoi d’abbesses et d’abbés qui se mettra en branle pour St Sixte après s’être donné rendez-vous sur notre haut-lieu, plus visible depuis la route que l’abbaye de St Sixte cachée dans les houblonnières du plat pays. Avant de nous quitter, Dom Bernardo nous a laissé deux consignes que nous vous partageons allègrement : d’abord un bon courage; puis un coeur plein de joie.