Fête de la Dédicace de notre Eglise (30 août)

L’Église, notre lieu de vie

Tout au long de l’Histoire Sainte, nous connaissons des personnes, parfois des enfants, qui s’en vont vivre dans le Temple du Seigneur.  Le premier parmi ces enfants était le jeune Josué fils de Nûn, le disciple de Moïse qui ne quittait pas l’intérieur de la Tente de la Rencontre (Gn 33,11).

Sans être exhaustif des personnages bibliques qui vécurent à l’ombre de la Tente de la Rencontre ou à l’ombre d’un des Temples dans l’Histoire Sainte, nous venons d’entendre la vocation du petit Samuel.  D’après la Tradition apocryphe, Marie fut présentée au Temple et y vécut à son tour.  De même Syméon et Anne qui prirent l’enfant Jésus dans leurs bras lorsque celui-ci fut présenté à Dieu (Lc 2,28-38).  Enfin, Jésus lui-même alla plusieurs fois au Temple, et dans l’Évangile que nous venons d’entendre il demeura au milieu des docteurs de la Loi à les interroger, à l’insu de ses parents.  

À l’époque de ces textes sacrés, le nombre de lieux de culte, la Tente de la Rencontre, les temples puis l’unique Temple de Jérusalem, rassemblait beaucoup de monde lors des grandes fêtes de pèlerinage.  Déjà Jésus lui-même relativisait la place du Temple de Jérusalem, en répondant à la Samaritaine que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père (Jean 4,23).

C’est ce à quoi nous sommes appelés.  Comme Josué, Samuel, Marie et tant d’autres, nous avons décidé d’habiter dans cette église.  Jour et nuit nous nous y réunissons pour prier le Père et lui rendre un culte de louange et d’action de grâces.  Prenons à notre compte l’interrogation de Jésus à ses parents : ne saviez-vous pas que je dois être dans la Maison de mon Père ?  C’est dans ce lieu que nous nous initions à l’intimité avec Jésus, avec son Père, dans l’Esprit Saint.  Cela demande de la persévérance de notre part, la confiance aussi que Dieu Père nous entend, nous exauce, lorsque nous Le prions en ce lieu.  Il arrive que Dieu nous parle, en ce lieu, comme en d’autres moments de notre vie, mais de manière plus discrète que lorsqu’il s’adressa au jeune Samuel.  Par son Esprit, Dieu peut nous souffler des pensées qui nous éclairent sur ce que nous avons à faire ou à dire.  Pour L’entendre, nous devons faire silence en nous, car Dieu ne nous parle que dans le murmure silencieux d’un souffle léger, comme lorsqu’il s’adressa à Élie sur le Mont Horeb (cf 1R19,12).

L’édifice lui-même dans lequel nous nous réunissons pour prier, est un bâtiment qui a une âme, si je puis dire.  À force d’entendre la prière des moines et de tous ceux qui viennent y prier avec nous, le bâtiment EST prière.  En paraphrasant ce que nous a enseigné Saint Pierre dans la seconde lecture, les pierres qui ont permis de construire cette église, sont des pierres vivantes, les pierres de la prière de chacun d’entre nous, de tous ceux qui nous ont précédés. 

La pierre angulaire, pour reprendre le texte de Saint Pierre, la pierre angulaire, c’est le Christ lui-même.  Et, tout comme sa réponse à Marie et à Joseph lorsqu’Il avait douze ans, aujourd’hui encore, en cette église, Jésus nous dit : ne savez-vous que je dois être dans la maison de mon Père ?  C’est également notre maison, la maison de notre rencontre avec le Père, dans notre prière personnelle, dans notre prière communautaire, en Église lorsque nous célébrons la Liturgie.   

Notre église abbatiale est le cœur de notre vie, c’est elle qui donne sens à tout le reste, c’est ce que nous y célébrons qui anime le reste de notre vie.  C’est l’union à Dieu dans la prière qui nous fait désirer pour nous et nos proches, la rencontre avec le Père dans les cieux une fois notre pèlerinage terrestre terminé.  Notre église de pierres, notre communauté, église de pierres vivantes, nous fait vivre ici et maintenant la communion des saints, l’union à Dieu, la foi en une vie après la mort. 

Ecoutons encore une fois le texte que nous rappelait il y a peu notre abbé général, en se référant au Statut Unité et Pluralisme de 1969, « Par toute notre vie, nous désirons nous acquitter de la mission que l’Eglise nous confie, celle de témoigner clairement de la demeure qui attend tout homme dans les cieux, et de garder vivant au milieu de la famille humaine le désir de cette demeure »

Que le Seigneur Jésus, en cette eucharistie, nous comble de ses grâces afin que nous puissions vibrer de mieux en mieux de la communion entre ciel et terre lorsque nous célébrons l’œuvre de Dieu en ce lieu. 

(Lectures de la Messe : 1S 3,2-10 ; 1P 2,4-9 ; Lc 2,41-52)

Père Bernard-Marie

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