Dimanche Octave de Pâques

Heureux ceux qui croient sans avoir vu…

Dès le début de son Évangile, Saint Jean nous rapporte comment les interlocuteurs de Jésus croient en lui, ou arrêtent de croire en lui.  Dès le miracle de l’eau changée en vin à Cana, Jean conclut en écrivant (Jn 2,11) :
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit.
C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Même pour les disciples de Jésus, la foi ne fut pas aisée, elle ne fut pas automatique…  On pourrait penser ‘si j’avais été avec Jésus, moi, j’aurais cru en Lui’.  Ce n’est pas si sûr !  Les disciples, les Apôtres, étaient des gens ordinaires, que Jésus a convoqués pour faire un bout de chemin ensemble.  Lorsque Jésus leur parla du Pain de Vie, il était très explicite (Jn 6,56…68) :
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui.

Et Jean commente : À ce moment beaucoup de ses disciples cessèrent de l’accompagner. 

Jésus demanda alors à ses disciples s’ils voulaient partir eux aussi, et Pierre répondit : 
Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.

Et parmi les grands prêtres et les Pharisiens, la discussion s’envenima.  Ils dirent aux gardes qui n’avaient pas voulu arrêter Jésus (Jn 7,48-49) :
Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ?
Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits !

Cela n’empêcha pas Pierre, après avoir promis à Jésus Je donnerai ma vie pour toi, de le renier trois fois pendant la nuit de son arrestation (Jn 13,37-38)

Après avoir décrit comment Jésus est mort sur la croix, Jean écrit (Jn 19,35) :
Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ;
et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez.

Dimanche dernier, nous entendions le témoignage de Jean lorsqu’il entra dans le tombeau vide : Il vit et il crut. 

Et, dans l’Évangile de ce matin, après que Thomas ait proclamé soi foi, Jésus répond :
Parce que tu m’as vu tu crois.  Heureux ceux qui croient sans avoir vu.

C’est à nous que Jésus s’adresse ainsi, à chacun de nous. 
Et, dans la conclusion de la péricope de ce jour, Jean affirme :
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits
en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.

En effet, on ne peut pas tout rapporter dans un livre, même pas concernant les faits et gestes de Jésus.  Mais, ajoute Saint Jean,
ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,
et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Tel est bien le cœur du message de l’Évangile, en particulier de l’Évangile selon Saint Jean.  Les évangélistes n’ont pas voulu raconter toute la vie de Jésus, ni donner une chronologie exacte de ses faits et gestes.  Pour les quatre écrivains, il s’agissait de donner un témoignage par écrit de pourquoi ils croient, de Celui en qui ils croient. 

Ce qui était vrai pour les évangélistes et pour la première communauté chrétienne, l’est également pour nous.  La foi continue à se transmettre de personne à personne, de génération à génération, depuis la rédaction des évangiles jusqu’à aujourd’hui, pour demain, jusqu’à la fin des temps.  Un de nos chants d’entrée pour le temps pascal exprime cela de manière significative :

Je n’ai jamais vu son visage, mais ceux qui l’ont connu m’ont parlé de lui. 
Depuis ce jour, j’espère son passage et j’entends qu’il vient aujourd’hui. 
Jésus, notre lumière !  Jésus, notre salut !

C’est en effet en rencontrant des personnes prier, en les voyant pratiquer leur foi dans le quotidien, que le désir peut naître de suivre leur voie et d’apprendre à notre tour à prier et à croire en Jésus-Christ le Fils de Dieu.  Ce que nous avons reçu, comment le transmettons-nous ?  Comment témoignons-nous de notre foi, de notre vie de prière, de notre relation à Dieu ? 

Demandons à Jésus, en cette Eucharistie, de nous donner les mots, le courage, la force, de témoigner hardiment de notre foi.  Oui, le chemin de la foi est un chemin de bonheur. 

Père Bernard-Marie

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