Dimanche des Rameaux

Des Rameaux à la Passion.

Les évangiles de ce matin nous font entrer de plein pied dans la Grande Semaine, la Semaine Sainte, qui conduira Jésus dans sa Passion, sa mort et sa Résurrection.  Nous avons commencé par la joie de la procession des Rameaux, avec les foules qui acclament Jésus, le Messie qui arrive à Jérusalem la Ville Sainte.  Jésus refuse de faire taire ses disciples et les foules, qui ont bien raison de l’acclamer, même si cela ne plaît pas aux Pharisiens et aux autres chefs du Peuple qui assistent à la scène.  Jésus est en effet bien conscient en ce moment qu’Il est le Messie, le Fils de Dieu.  Raison suffisante pour autoriser les foules à L’accueillir comme tel dans le Ville Sainte. 

Déjà la succession des rites de la procession nous fait entrer dans la Passion, avec l’adoration et l’acclamation de la Croix avant d’entrer dans notre église derrière cette Croix.  L’extrait de l’épître aux Philippiens que nous avons entendu en seconde lecture met bien l’accent sur la réalité qui était celle de Jésus-Christ. 
Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu,
il s’est anéanti, … il s’est abaissé,
devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.

Durant le dernier repas, Jésus affirme encore :
J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !

Ce qui n’empêche pas les disciples, après avoir bu à la Coupe, de se quereller pour savoir qui est le plus grand.  Jésus voyait bien qu’ils ne comprenaient rien et qu’Il n’aurait d’eux aucun soutien dans les heures qui allaient suivre.  Cela donne encore plus de force à l’angoisse qui étreint ensuite Jésus au Mont des Oliviers.  

Saint Luc est celui qui en dit le plus sur l’agonie de Jésus.  En particulier lorsqu’il écrit :
Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance,
et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre.

Cette agonie est l’une des scènes les plus mystérieuses de l’Évangile.  Surtout que c’est Saint Luc qui nous la décrit, lui qui, tout au long de son Évangile, parle de l’amour.  Ainsi le Fils prodigue, et la femme adultère que nous avons entendu les deux derniers dimanches.  Ou encore le riche qui fait bombance et le pauvre Lazare. 

Nous ne pouvons aborder l’agonie de Jésus qu’avec une extrême discrétion. Sa prière s’y révèle dans toute sa profondeur, dans toute sa simplicité. L’Innocent s’enfonce dans le péché du monde. Il est le juste parmi les injustes qui, en échange de son amour, ne reçoit que haine et violence. Devant ce déferlement, Jésus est tenté de se redresser et de proclamer la justice de sa cause.  Il pourrait faire appel aux légions d’anges qui répondraient à sa « volonté ».  Non, Jésus supplie : « que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se réalise ! » (Lc 22,42).

Satan qui autrefois au désert lui avait proposé de l’aider à accomplir son œuvre de salut, s’en donne à cœur joie : comment Dieu serait-il présent dans le péché, le mal, la souffrance, la mort ? Or, Jésus est dans cette absence, il voit ses disciples qui ne comprennent rien, Judas qui le trahit…  C’est quand Jésus n’a plus personne autour de lui à qui parler de son Père, qu’il parle à son Père. C’est quand Jésus est seul sur la Croix, élevé de terre, qu’il attire tous les hommes à lui (cf. Jn 12,32). C’est dans un sursaut de force et d’amour que Jésus dit cette parole au malfaiteur repentant : Aujourd’hui avec moi tu seras en paradis.

Entrons dans cette grande Semaine, en prenant davantage conscience de l’amour infini de Dieu pour nous.  Cet amour a pris chair en Jésus-Christ pour nous.  Cet amour a conduit Jésus à donner sa vie en mourant de la manière la plus infâme.  Ayant accompagné Jésus dans sa Passion, jusqu’à la Croix, nous le retrouverons ensuite dans la Gloire. 

Père Bernard-Marie

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