Deuxième Dimanche de Carême : la Transfiguration

Dimanche dernier nous avons accompagné Jésus dans le désert, où il est resté 40 jours et 40 nuits en prière, sans manger ni boire.  Le désert y est décrit comme le lieu de la tentation, et nous avons vu comment Jésus a répondu aux avances du démon en restant fidèle à la Parole de Dieu transmise dans les Écritures. 

L’évangile se terminait par cette phrase énigmatique : le démon s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.  Ce moment fixé, ce sera la Passion et la mort de Jésus.  Avant d’en arriver là, Jésus voulut révéler de manière plus concrète à ses disciples les plus proches – Pierre, Jacques et Jean – qui Il est.  C’est ce que nous avons entendu dans l’évangile de ce jour. 

En effet, lorsque Jésus monte à Jérusalem pour son dernier voyage, il sait que sa vie est en jeu.  Suffisamment de personnes l’ont prévenu, et lui-même sait bien que les chefs des prêtres et les pharisiens veulent sa mort.  Pour éviter que son œuvre ne sombre avec Lui, voilà qu’il invite ses plus proches à découvrir la relation qu’Il a avec son Père. 

Nous avons alors une théophanie, une révélation de Dieu, que les disciples et les évangélistes ont essayé de décrire avec des mots humains.  Comment l’éternité et la divinité font irruption dans le temps et dans l’humain ?  Lorsque les disciples tombent dans un sommeil mystérieux, n’est-ce pas une manière de dire qu’ils sont « hors du temps », que le temps s’est arrêté pour faire place à la vision.  Ne sont-ils pas dans le troisième ciel, tel celui que Paul essaye d’expliquer dans sa seconde épître aux Corinthiens (2Co 12,2) ?  C’est un peu la même expérience que nous décrit la péricope de la Genèse où Dieu fait alliance avec Abram tandis que, lui aussi, tombe dans un sommeil mystérieux. 

Le sommeil, le rêve, la vision, ce sont des expressions toutes humaines pour dire l’inexprimable.  Comment dire avec nos mots humains ce qui relève du divin ?  Pour nous révéler que le Dieu du ciel et de la terre est Père et qu’Il nous aime d’un amour infini, divin, Jésus, le Fils de Dieu, s’est fait homme.  Il put ainsi traduire en mots humains sa relations de Fils avec son Père.  Dans sa transfiguration, Il ouvrit un coin du voile de cette relation avec son Père, avec le Ciel et ses habitants. 

Les autres évangélistes nous rapportent la parole de Jésus lorsqu’ils descendirent le la Montagne : ne parlez à personne de la vision que vous avez eue, avant que le Fils de l’Homme ne ressuscite des morts…  Le lien entre Jésus Transfiguré et Jésus Ressuscité est évident…  La vision annonce la résurrection.  Les deux nous annoncent à nous que nous aussi nous ressusciterons, et que nous retrouverons Jésus dans la Gloire du ciel tel qu’Il se montra à ses disciples.  Tels ?  Non, infiniment mieux, infiniment plus glorieux. 

C’est pourquoi la Liturgie nous donne à méditer l’extrait de l’épitre de Saint Paul aux Philippiens :
Nous avons notre citoyenneté dans les cieux,
d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ,
lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux,

Tel est bien le sens de la vie chrétienne, le sens de la vie monastique.  Nous nous préparons à cette grande rencontre, où nous verrons le Seigneur Jésus dans sa gloire.  Il sera       rayonnant de clarté, encore davantage que ce qu’ont vu les disciples sur la montagne.  Nous serons également transformés, à l’image du corps glorieux de Jésus, pour entrer avec lui dans sa Gloire et participer au bonheur éternel dans les cieux. 

Si, en ce deuxième dimanche de Carême, l’Église nous invite à méditer la Transfiguration du Seigneur, c’est aussi pour nous inviter à mettre nos pas dans les pas des disciples.  Durant ces quarante jours, nous sommes invités au jeûne, à la pénitence, à la prière, à davantage d’actes de charité envers nos proches.  Si cela nous demande quelque effort, croyons que le chemin qui passe par le désert aboutira, le Jour de Pâques, à la joie de la Résurrection.  De même notre vie terrestre, avec ses joies et ses peines, aboutira, par-delà la mort, à la vie avec le Christ. 

C’est tout cela que nous demandons à Dieu, et que la prière d’ouverture de cette célébration nous suggérait :
Dieu, tu nous as dit d’écouter ton Fils bien aimé ;
fais-nous trouver dans ta parole la nourriture de notre vie spirituelle,
afin que, d’un regard purifié, nous ayons la joie de contempler ta gloire.

Que le Seigneur exauce notre prière et nous accompagne sur notre route jusqu’à Lui qui vit maintenant dans cette Gloire où nous sommes invités à Le rejoindre déjà en partageant le repas eucharistique.

Père Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2022. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.