Cinquième Dimanche du Temps Ordinaire

Jésus à Capharnaüm

Nous venons d’entendre la suite de la « journée à Capharnaüm », présentée par Saint Marc au début de son Évangile.  La semaine dernière nous avons suivi Jésus dans la Synagogue de cette petite ville, le jour du Shabbat.  Jésus y a fait la lecture puis donné un enseignement nouveau, avant de faire une guérison. 

Marc a composé cette « journée » de manière précise, montrant l’autorité de Jésus dans son enseignement à la synagogue, puis dans les deux guérisons, avant de passer le reste du shabbat dans la maison de Pierre.  Au coucher du soleil, dès que le shabbat se termine, les gens accourent pour se faire guérir.  Jésus restaure ainsi la Création en ce septième jour, jour où le Créateur se reposa de toute l’œuvre qu’Il avait faite. 

Même si l’évangéliste a fait œuvre littéraire en juxtaposant des éléments de la tradition de Jésus glanés ici et là, il ne s’agit pas pour autant d’une présentation idéalisée ou romancée de la vie de Jésus…  Les évangélistes ont, chacun à sa manière, transmis pour leurs communautés respectives, les paroles et les actes de Jésus afin de nourrir leur foi et leur prière.  On peut imaginer que les chrétiens à cette époque souhaitaient vivre le Jour du Seigneur comme Jésus avait vécu le Shabbat.  Mais l’interprétation que fit Marc ne s’arrête pas à la rédaction de son Évangile.  Ce texte n’est pas un message hors du temps…  Si la liturgie nous invite à relire la Bible, c’est qu’il s’y trouve un message, une Parole de Dieu pour nous ici et maintenant, pas seulement pour les chrétiens de la période apostolique. 

Lorsque l’Église nous invite à relire cette péricope, elle met en parallèle, dans la première lecture un extrait du Livre de Job.  Est-ce que Job exagère sa plainte ?  Non, les souffrances qu’il décrit sont le lot de nombre de personnes de par le monde, aujourd’hui comme du temps de Jésus, comme du temps de Job.  La liturgie crée un contraste extrême par la mise en parallèle d’un texte de l’Ancien Testament avec cet Évangile.  Pour Job les jours sont sombres, vides et sans espoir.  Avec Jésus, Marc décrit un jour plein et accompli, perfection de santé, de sainteté et de salut.  Il ne s’agit pas seulement de la puissance de la Parole de Jésus, pas seulement de sa puissance sur les démons et la maladie.  Non, Jésus a tout pouvoir sur le chaos du monde. 

Ce que Jésus a fait de son vivant, l’Église croit qu’Il le fait encore aujourd’hui.  C’est pourquoi elle nous propose la juxtaposition de ces deux textes.  D’une part le découragement et l’avenir bouché d’un homme loin de Dieu et submergé par les épreuves.  D’autre part la présence de Jésus au milieu de nous qui donne sens à la souffrance, qui nous montre la voie vers la lumière et le bonheur.  En cette période de pandémie mondiale, le contraste est terriblement d’actualité…

Rappelons-nous cette autre parole de Jésus, qui peut nous rassurer devant les situations difficiles qui ne manquent pas : « Mon joug est doux et mon fardeau léger » (Mt 11,28-30).  Jésus est venu transformer le monde, apporter le salut.  Oui, le salut que Jésus vient apporter remplit le vide et le chaos dont souffrait Job, dont souffrent tant de gens désorientés aujourd’hui.  La Bonne Nouvelle que Jésus est venu nous apporter renverse tout, elle donne sens à notre vie, à nos souffrances.  La nuit est à sa fin, le jour se lève sur un monde nouveau.  Ainsi la belle-mère de Pierre.  Dès que Jésus la touche, elle se lève et elle les sert, nous dit Saint Marc. 

C’est cette même Bonne Nouvelle que Saint Paul a découverte et pour laquelle il s’est donné à fond, comme nous l’avons entendu dans la deuxième lecture. 

Annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté,
c’est une nécessité qui s’impose à moi,
nous a-t-il confessé.  L’expérience humaine et spirituelle que Paul a vécue, depuis sa rencontre avec Jésus sur le chemin de Damas, a fait de lui un autre homme, prêt à tout pour transmettre son bonheur au plus grand nombre.  La vie de Paul ne fut pas un long fleuve tranquille.  C’est avec quelque fierté qu’il rappelle le nombre de persécutions, de coups de fouets, de naufrages (2Co 11,24-25).  Paul a accepté de se laisser conduire par Jésus et, à la fin de sa vie, il peut affirmer : J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi (2Tm 4,7).

Nourris par cette confiance à toute épreuve, nous pouvons reprendre la prière d’ouverture de cette célébration, où nous demandons à Dieu de veiller sur sa famille, en demandant :
Puisque ta grâce est notre unique espoir, garde-nous dans ta constante protection.

Et, après avoir participé au Repas du Seigneur, nous demanderons à Dieu :
Accorde-nous de vivre tellement unis au le Christ
que nous portions du fruit pour le salut du monde

Nous pourrons alors porter sereinement notre propre fardeau et aider nos proches à porter le leur.  C’est la prière que nous adressons à Jésus durant cette eucharistie.  Nous savons que Dieu exaucera nos demandes et qu’Il donnera un peu de lumière à ceux pour qui la vie est ténèbres.

Frère Bernard-Marie

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