Vingt-quatrième Dimanche du T.O.

Passe derrière moi, Satan !

Dans l’Évangile selon Saint Marc que nous lisons cette année, Jésus se trouve à un tournant de sa vie, et la fin tragique lui semble inéluctable.   Ils sont trois à être présent à ce tournant : Jésus lui-même, Pierre et les apôtres, et le démon.  On peut penser que Pierre, porte-parole des disciples, ne fait que de la figuration, tandis que c’est le Satan lui-même qui lui souffle de faire de vifs reproches à Jésus.
Ils ne sont donc plus que deux à se livrer bataille, Dieu le Père par son Fils d’une part, et le démon, l’ange déchu, le Prince des ténèbres d’autre part.  Le combat avait commencé dès le début de la vie publique de Jésus, même si Saint Marc est très discret sur cette réalité.
Aussitôt (après le baptême) l’Esprit poussa Jésus dans le désert.
Il passa dans le désert quarante jours, tenté par Satan. (Mc 1,12-13)
Cette discrétion donne d’autant plus de poids à l’invective de Jésus envers Satan dans l’Évangile de ce matin : Passe derrière moi, Satan !
Quelques jours après cette première altercation Jésus invite ses disciples préférés, dont Saint Pierre, à le voir transfiguré sur une haute montagne.  Jésus pense qu’ainsi ils seront armés pour rester fermes dans le combat qui prend une nouvelle tournure avec la montée à Jérusalem et les annonces par Jésus de sa mort prochaine.
Jésus lui-même sait que le combat s’annonce rude entre le bien et le mal, entre l’amour de Dieu et la haine du démon.  Le récit des tentations au désert dans l’Évangile selon Saint Luc se terminait par cette précision étrange :
Ayant épuisé toutes les formes de tentation,
le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. (Lc 4,13)
Le moment fixé dont il est question, c’est lorsque le Satan, après avoir divisé le Sanhédrin, arrive à faire condamner Jésus à la peine capitale.  Jésus s’y soumet en obéissance au Père et par amour des hommes.  Mais, ce que le démon ne savait pas, c’est que Dieu le Père, ressuscitant Jésus d’entre les morts, a transformé la victoire apparente du mal en victoire de la vie sur la mort.  L’exaltation de la Croix que nous célébrions vendredi dernier rappelait également combien le bois du supplice est devenu trophée de victoire.
Dans nos vies nous avons également souvent du mal à faire la différence entre une inspiration divine et une inspiration du démon.  La tentation est grande d’imaginer, comme Pierre, que le chemin que nous avons à parcourir est aisé et que la réussite rime avec la gloire.  Mais les chemins de Dieu, le chemin de la sainteté n’est pas un chemin de facilité.
C’est encore ce que Jésus enseigne à ses disciples dans la conclusion de l’Évangile de ce matin, lorsqu’il dit :
Si quelqu’un veut marcher derrière moi,
qu’il renonce à lui-même et qu’il me suive.
Jésus a obéi au Père en tout et jusqu’à la mort.  À son exemple Il nous invite à renoncer à nous-mêmes pour quelque chose de plus grand.  C’est pourquoi Il continue :
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ;
mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera.
Une fois que Jésus a vaincu la mort sur la croix, les disciples ont forcé le trait des paroles de Jésus en précisant :
Si quelqu’un veut marcher derrière moi,
qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive.
Prendre notre croix à la suite de Jésus n’est jamais facile.  Mais Jésus a vaincu la mort, le péché, le démon.  Il nous a ouvert la voie et nous donne la force de suivre son exemple.  C’est pourquoi Jésus termine en disant :
Celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera.
Que la participation à l’Eucharistie de ce matin nous donne la grâce de la persévérance sur la voie où Dieu nous a appelés.  Que nous soyons suffisamment éclairés pour dire « non » au Malin et « oui » à Dieu.

Is 50,5-9a ; Jc 2,14-18 ; Mc 8,27-35.
Frère Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2012. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.