Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie

Marie dans son Assomption

Dès les premières décennies de la vie de l’Église, après la mort des derniers apôtres, les chrétiens ont réfléchi à la place qu’occupait Marie dans le cœur de Jésus, dans le cœur des disciples, mais aussi dans le cœur de Dieu le Père.
D’après des textes apocryphes de la fin du VIème siècle, Marie serait décédée à Jérusalem.  Les apôtres divinement avertis de son départ se retrouvèrent dans la Ville Sainte pour l’entourer lors de son passage.  Marie fut enterrée dans un tombeau non loin du lieu d’où Jésus monta au ciel lors de son Ascension.  Thomas, qui était occupé à évangéliser la Mésopotamie, lui qui devait mourir en Inde, arriva trop tard à Jérusalem pour accompagner Marie.  Il demanda à voir le tombeau de la Vierge…
et voilà qu’il était vide.  Les Apôtres en déduisirent que Marie avait été emportée au ciel.  Son tombeau, à l’entrée de Béthanie est vénéré par les pèlerins jusqu’à ce jour.
Saint Bernard se posa longuement la question de savoir si l’Assomption de Marie était une fête ou s’il fallait en faire un dogme de foi.  Pour Bernard il faut des preuves scripturaires pour affirmer un dogme.  Or, en ce qui concerne l’Assomption de Marie l’Écriture ne nous dit rien.  Par contre, la dévotion de l’abbé de Clairvaux envers la Vierge Marie le fait méditer avec amour et délectation la vie de Marie et les textes des Évangiles qui parlent d’elle.  Il va jusqu’à utiliser ses temps libres pour écrire sur Marie, tout simplement.  C’est ce qu’il écrit au début de son œuvre sur les Homélies sur le Missus Est, mieux connues sous le nom de Traité des Louanges de la Vierge Mère.
La dévotion m’invite à écrire, mes occupations m’en empêchent…  Je sais bien que ce travail ne m’est pas réclamé par un besoin qu’en auraient mes frères mais puisqu’il ne m’empêche pas de rester entièrement à leur service…
D’après la tradition, c’est à Saint Bernard que nous devons de chanter chaque soir le Salve Regina à la fin des Complies.  C’est également depuis les tout débuts des cisterciens que nos monastères sont tous consacrés à Notre Dame dans son Assomption.
Mais dévotion, célébration d’une fête, cela ne fait pas encore un dogme de foi.  La question fut à nouveau soulevée de déclarer le dogme de l’Assomption après que le pape Pie IX eut proclamé le dogme de l’Immaculée Conception.  Si l’on définit que Marie naquit sans la faute originelle, il s’en suit logiquement qu’elle ne doit pas connaître la mort qui nous est venue par le péché d’Adam et Ève.  Ou encore, la phrase du psaume qui est utilisée par Saint Pierre pour justifier de la résurrection de Jésus vaut tout aussi bien pour sa Mère :
Tu n’abandonneras pas mon âme à la mort
Tu ne veux pas que ton ami voie la corruption.
(Ac 2,27 ; Ps 16,10)
C’est ce que le pape Pie XII donne parmi les raisons qui l’ont poussé à proclamer le dogme : Marie est montée au ciel avec son âme et aussi avec son corps car épargnée par le péché originel, rien n’oblige son enveloppe charnelle à attendre la résurrection des corps à la fin des temps.
Le chemin ouvert par Jésus afin que nous puissions retrouver la route, non pas du paradis mais du ciel même, ce chemin a été emprunté par la Vierge Marie.  Nous, aujourd’hui, nous croyons que Marie est notre Mère et qu’elle nous attend dans les cieux.  Comme Jésus le promettait à ses disciples au moment de son discours après la Cène, Marie nous le dit également :
Je m’en vais vers le Père et pour vous y préparer une place. (Jn 14,2)
Nous avons donc, qui nous attendent dans le ciel et qui nous y préparent une place :  Jésus notre Seigneur et notre frère, et Marie, sa Mère et notre mère.  Réjouissons-nous d’avoir un tel comité d’accueil le jour où nous serons appelés à faire le grand voyage.  Entretemps, invoquons la Vierge Marie et croyons qu’elle nous vient en aide comme une Mère.
Que la participation à cette Eucharistie augmente notre foi et notre dévotion envers Marie notre Mère du Ciel.  Elle nous attend et se réjouit déjà de nous servir au festin des noces éternelles.

Frère Bernard-Marie, Abbaye de Belval

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