Saint Jean-Baptiste

Son nom est Jean – Dieu-fait-grâce.

Lorsque Zacharie reçut la visite de l’ange dans le Temple de Jérusalem, la Providence avait fait que ce soit justement lui qui fut choisi par le sort pour présenter l’encens dans le Saint, devant le voile. (Lc 1,8-9)  Cette sélection par le sort permettait à chacun des prêtres, classe par classe, une fois dans sa vie, d’entrer pour l’offrande de l’encens sur l’autel qui se trouvait dans le Saint.  Cet autel se trouvait devant le Voile permettait d’entrer dans le Saint des Saints où seul le Grand Prêtre, une fois par an, était autorisé à entrer.  Dans la tradition juive, cette offrande était la plus agréable aux yeux du Seigneur, et celui qui avait la grâce de l’offrir était le plus proche de Dieu à ce moment.
Cette faveur ne pouvait advenir à un prêtre qu’une fois dans sa vie.  Ce fut le cas de Zacharie en ce jour particulier.  Non seulement il se sentait tellement proche de Dieu, ayant à entrer dans le Saint pour un acte liturgique.  Mais en plus :
L’ange du Seigneur lui apparut debout à droite de l’autel de l’encens.  (Lc 1,11)
La grâce du lieu même où l’ange lui apparaît, la culture religieuse du prêtre du Seigneur connaissant la Bible et les apparitions dont des croyants furent favorisées… tout cela rend encore plus surprenant la réaction de Zacharie qui ne prend pas vraiment au sérieux la grâce qui lui est faite.
A quoi le saurai-je ? Car je suis un vieillard, et ma femme est avancée en âge. (Lc 1,18)
Zacharie fait la même objection qu’Abraham lorsque Dieu lui annonça la naissance de son fils Isaac.  Mais alors qu’Abraham s’en réjouissait (Gn 17,17), Zacharie demandait un signe.  Et le signe fut qu’il fut réduit au silence jusqu’à la naissance de Jean (Lc 1,20).
Le peuple qui était venu participer à la prière du matin au Temple s’étonna de la longueur que mit le prêtre pour déposer l’encens sur l’Autel.  Il se rendit compte, en voyant sortir Zacharie muet, que quelque chose lui était arrivé dans le Temple.  Mais, ravis de cet événement, les personnes se dirent entre elles : oui, le Seigneur est encore avec nous, Il est toujours présent dans le Temple et Il intervient en faveur du peuple.
Lorsque, neuf mois plus tard, Elisabeth met au monde son fils premier-né, la famille et les amis viennent en nombre pour fêter la circoncision.  Ils se souviennent des événements qui ont frappé le papa dans le Temple et viennent aussi l’assister dans sa peine de ne plus pouvoir ni parler ni entendre.  Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, il est précisé en effet :
On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette…
Voilà donc Zacharie réduit au silence qui écrit : Son nom est Jean.
Jean, en Hébreu Jeho-Hannan, veut dire : Dieu-miséricordieux ou Dieu accorde, Dieu fait grâce.  C’est tout un programme.  C’est le nom que l’ange Gabriel avait ordonné de donner à l’enfant qui allait naître.  Et voilà que,
à l’instant même sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu.
Les proches de Zacharie ne purent s’empêcher de se rappeler les événements au Temple 9 mois plus tôt et combien ils avaient ressenti alors que Dieu était encore présent à son Peuple et qu’Il préparait quelque chose pour les jours à venir…
C’est ainsi que les témoins se dirent entre eux : Que sera donc cet enfant ?
Et ils rendaient grâce à Dieu qui continue à faire des merveilles. Johannan, Dieu continue à accorder sa miséricorde.
Que sera donc cet enfant ?  Les faits merveilleux survenus à Zacharie et à Elisabeth se propagèrent comme une traînée de poudre dans tout Israël.  Mais la réponse, les contemporains ne la reçurent pas tout de suite.  Ce n’est que bien plus tard, une fois que le Baptiste aurait été décapité par le roi Hérode que Jésus affirmera :
En vérité, je vous le déclare, parmi ceux qui sont nés d’une femme, il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste. (Mt 11,11)
En ce jour où nous célébrons la naissance de Saint Jean Baptiste, ne soyons pas sourds et muets devant les œuvres de Dieu.  Ne soyons pas aveugles non plus devant les grâces que le Seigneur continue à accorder à son peuple, à chacun de nous.
Rendons grâces à Dieu, chantons ses louanges car Il est à l’œuvre aujourd’hui comme Il le fut du temps de Zacharie, Elisabeth et leur fils Jean.

Frère Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2013. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.