Présentation du Seigneur, 75 ans de profession de Père Armando

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Hb 2, 14-18 ; Lc 2, 22-40

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Joseph et Marie « s’étonnaient de ce qu’on disait de lui » . Et il y avait bien de quoi s’étonner! En effet, alors que Jésus n’avait pas encore ouvert la bouche, et que sa vie ressemblait à celle de tous les enfants de son âge, déjà, autour de lui, flottait un parfum de mystère, que venaient encore accentuer les prophéties d’Anne et de Syméon, dans le Temple. Et la question que se posaient alors Joseph et Marie ne reviendrait-t-elle pas souvent également dans la bouche des Apôtres, tout au long du ministère public de Jésus: mais qui est-il donc ?

Car, avant d’être une réponse à nos attentes, à nos angoisses, à nos frustrations, Jésus est d’abord une question. Question posée à chacun d’entre nous, question qui vient bousculer nos manières d’agir et de penser. Les prophéties d’Anne sont là pour nous le rappeler. Par sa seule présence, Jésus « provoquera la chute et le relèvement de beaucoup », « il sera un signe de division », et « les pensées secrètes d’un grand nombre seront dévoilées » .

La présence de Jésus, même muette et sans pouvoir, est à elle seule manifestation et révélation. Sa présence suffit à démasquer les apparences, à manifester ce qui est caché au plus profond des coeurs. Comme le disait la première lecture, tirée de l’Epître aux Hébreux, la présence de Jésus nous rappelle que les hommes ont « tous une nature de chair et de sang », et que nous ne sommes « pas des anges »! Mais c’est bien cette nature, c’est bien cette imperfection et cette pauvreté que Dieu est venu sauver, en prenant chair de notre chair.

Et l’une des caractéristiques de cette nature de chair et de sang, qui nous est désormais commune avec le Fils de Dieu, c’est la nécessité du temps. Nous avons besoin de temps, parfois de beaucoup de temps. Et c’est pourquoi Dieu nous offre ce temps comme un signe de sa bonté, pour notre conversion.

Ce temps, cher Père Armando, le Seigneur vous en a offert une large part, une mesure bien tassée, débordante. Rares sont ceux qui, parmi nous, auront en effet l’occasion de célébrer 75 années de profession religieuse. Rares sont surtout ceux qui, comme vous, auront persévéré, comme le vieillard Syméon, attendant sans se lasser la venue du Seigneur qui vient.

Vous avez bien conscience, cher Père Armando, de n’être pas un ange! Vous me l’avez souvent répété. Nous en sommes tous là, même s’il nous faut parfois un peu de temps pour nous en rendre compte. La vie vous a appris bien des choses! Et votre oeil a appris reconnaître, derrière les apparences, la réalité de ce qui se cache dans le coeur des hommes. Mais il y a une chose que vous ignorez et que je voudrais vous partager aujourd’hui.

Cette chose est toute simple, si simple que vous n’y avez sans doute jamais pensé, car vous êtes bien conscient de vos limites! Ce que vous ignorez, et peut-être est-ce mieux ainsi, c’est que votre présence nous fait du bien. Vous nous rappelez, en effet, par votre présence simple et rayonnante, cette bonté de Dieu qui n’abandonne jamais celui qui se fie en Lui. Votre vie est déjà, en elle-même, un témoignage de cet amour de Dieu qui sauve le monde et qui vient à bout de tous les obstacles, surtout ceux de notre propre coeur.

Cher Père Armando, je ne sais pas combien de jubilés nous célébrerons encore avec vous, surtout comme ce soir, avec vos amis et les religieuses et religieux de notre doyenné, mais je sais que ce jour restera pour chacun de nous un moment d’action de grâce, pour tout le bien que le Seigneur a fait pour vous, et donc pour nous tous, vos frères de Sainte Marie du Mont des Cats.

 

 

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