Dimanche des Rameaux

Dimanche des Rameaux

Ce jour où Jésus s’approche de Jérusalem, les foules marchent avec lui, devant, derrière. Elles étendent leurs manteaux sur le chemin ; et à qui les interroge, elles répondent : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ».
Mais deux ou trois jours plus tard, au jardin de Gethsémani, toute « une grande foule armée d’épées et de bâtons » survient pour mettre la main sur Jésus ; elles réclament à Pilate la libération de Barrabas, et que l’on fasse périr ce Jésus, « qu’on le crucifie », et « que son sang soit sur nous et sur nos enfants ».
On ne peut se fier à ces foules, d’ailleurs manipulées par les autorités, comme le signale Matthieu. Au centre de toute cette agitation, Jésus ne dit rien. Ni devant Pilate, qui en est très étonné. Ni au milieu des acclamations lors de la montée triomphale à Jérusalem.
Qui est donc ce Jésus ?
Dans l’épisode des Rameaux qui ouvre le dernier séjour de Jésus à Jérusalem et qui est tout tendu vers l’arrestation, le jugement, la mort et la résurrection de Jésus, l’évangéliste Matthieu glisse une parole, une clé de compréhension.
Qui est ce Jésus ? Ecoutez, écrit-il, ce qu’en dit « le prophète »…
« Le prophète », référence bien vague, cela renvoie à quasi toutes les Ecritures, mais le texte qui est cité n’est pas vague du tout. On peut y voir trois niveaux.
Matthieu y reprend quelques mots du prophète Isaïe : « Dites à la fille de Sion : Voici… » Chez Isaïe, ces mots figurent dans un passage qui annonce le salut ; le Seigneur va sauver Jérusalem. Jérusalem sera « une couronne de splendeur dans la main du Seigneur », elle ne sera plus appelée « l’abandonnée », ni sa terre « la désolée », mais on l’appellera « l’Epousée », car le Seigneur mettra son plaisir en elle et sa terre sera épousée. Cela, le prophète le fait entendre jusqu’aux extrémités de la terre. Jérusalem sera sauvée et toute la terre le verra.
Mais ce qui, selon l’Evangéliste Matthieu, est annoncé à la Fille de Sion est une parole tirée d’un autre prophète, Zacharie. « Dites à la Fille de Sion : Voici…, Voici… ton roi qui vient vers toi, humble, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme ». Contraste ici : un roi victorieux qui entre au chef-lieu de son royaume, mais sa monture le déconsidère. Etrange, cette royauté !
Un mot de Zacharie peut en dire plus. Ce roi est « humble ». A part Moïse, dont l’Ecriture disait qu’il était l’homme le plus humble que la terre ait porté, le mot ne renvoie qu’au même Evangile selon S. Matthieu. Il renvoie à cet homme qui a proclamé : « Venez à moi, vous tous qui peinez,… prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos ».
Oui, Jésus va accomplir en ces jours la béatitude qu’il a proclamée : Heureux les doux, les humbles, ils recevront la terre en héritage ! Jérusalem et toute la terre seront son héritage. Son salut, sa victoire n’auront rien d’une conquête armée et ne brilleront pas de l’éclat des puissants de ce monde. Il n’écrasera pas le reste du monde. Au contraire, doux et humble de cœur, il accueille la moindre personne de ce monde, il va au-devant du plus écrasé par les fardeaux. C’est sa gloire à lui, celle de son amour plus grand que tout ce que nous pouvons imaginer.
Père Abbé
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