Dimanche de Pentecôte

Le Saint Esprit transforme les apôtres.

L’évolution humaine et spirituelle que vécurent les apôtres, entre l’arrestation de Jésus la veille de la passion et de sa mort, et la Pentecôte, est particulièrement impressionnante.  Lorsque Jésus fut arrêté par la soldatesque envoyée par les grands prêtres, Pierre et les autres apôtres commencèrent par s’interposer.  Pierre sortit le glaive et trancha l’oreille du serviteur du grand prêtre.  Mais Jésus lui dit de remettre son glaive dans son fourreau, et Il se laissa emmener sous bonne garde.  La plupart des disciples présents prirent leurs jambes à leur cou pour s’enfuit et éviter d’être arrêtés à leur tour pour complicité.  D’après les évangélistes, seuls Pierre et Jean demeurèrent quelque temps encore dans les parages.  C’est alors que Pierre renia par trois fois son maître, lui qui avait affirmé quelques heures plus tôt qu’il était prêt à mourir avec Jésus…

Lorsque Jésus ressuscita et qu’il se montra aux femmes venues au tombeau, elles Le reconnurent et allèrent annoncer la nouvelles aux disciples.  Mais, selon la plupart des évangiles, ces derniers ne crurent pas ces « racontars de femmes ».  Pierre alla bien jusqu’au tombeau pour vérifier et, rapporte Saint Luc, tout étonné de ce qui était arrivé, il s’en retourna chez lui (24,12).  Ne sachant pas trop ce qui allait leur advenir après la mort de Jésus, la plupart des disciples avaient repris leur métier de pécheur.  C’est dans ce contexte que Saint Jean place une des apparitions du Ressuscité sur les rives du lac der Galilée. 

Les enseignements que Jésus avait donnés aux disciples durant sa vie publique sur le Royaume à venir, les annonces qu’Il fit de sa mort prochaine à Jérusalem… les disciples n’avaient rien compris et se trouvaient complètement démunis devant la catastrophe de la mort de Jésus.  Ils ne pouvaient rien faire d’autre que d’aller reprendre leurs activités antérieures.  Les trois ans passés avec Jésus leur semblaient être une parenthèse heureuse dans une vie laborieuse.   

Mais c’était sans compter avec Jésus lui-même… et avec l’Esprit Saint.  Les apôtres retournent en pèlerinage à Jérusalem pour la fête de la Pentecôte.  Les voilà qui se retrouvent dans la Chambre Haute où ils avaient pris le dernier repas avec Jésus juste avant sa Passion.  Encore sous le choc des événements dramatiques qui s’étaient produits ces jours-là, les apôtres verrouillent les portes de l’endroit où ils se trouvent et se remémorent tout ce qu’ils ont vécu ensemble lorsque Jésus était avec eux.

C’est alors que le ciel s’ouvrit, et l’Esprit, tel un vent violent, descendit sur la maison où ils étaient.  Et l’Esprit se posa sur chacun des disciples, sous la forme d’une langue de feu.  Autant le vent fut violent à l’extérieur, autant la force de l’esprit fut violent pour ces hommes.  Immédiatement, les apôtres deviennent des autres hommes.  Eux qui, il y a quelques jours seulement, fuyaient comme des lapins et se terraient comme des rats, voilà qu’ils ouvrent grandes portes et fenêtres et n’ont plus peur de rien ni de personne…

Alors que les foules accourent pour voir le prodige du vent tombant sur la maison où les disciples se trouvaient, Pierre et les autres apôtres parlent désormais sans aucune peur des merveilles de Dieu et proclament que Jésus est ressuscité des morts.  La transformation fut donc radicale, presque instantanée.  Elle transforma en un instant les pêcheurs de Galilée, ces gens simples et sans instruction, en messagers de la Bonne Nouvelle. 

Cette transformation est l’œuvre de l’Esprit Saint, comme le leur avait promis Jésus, comme nous l’avons entendu dans l’évangile de ce jour :

Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur, l’Esprit Saint …

Dans la conclusion de son évangile, Saint Luc met dans la bouche de Jésus des paroles similaires :

je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis.
Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus
d’une puissance venue d’en haut. (Lc 24,49)

Le Défenseur aida les disciples à se ressouvenir de tout, comme Jésus le disait aussi dans la lecture de l’évangile de ce jour.  Le Défenseur, c’est l’Esprit Saint, la force d’en haut…  Toutes ces dénominations montrent bien que ce n’est aucune force humaine qui a permis à l’Église d’être toujours vivante 20 siècles après la Pentecôte.  Reconnaissons humblement que l’Église a traversé les flots, se maintenant contre vents et marées, grâce à l’action de l’Esprit Saint en elle.  Les ambitions humaines, les divisions entre croyants, les puissances du mal, n’ont pas eu raison de la grâce divine, n’ont pas eu raison des dons du Saint Esprit. 

En cette fête de la Pentecôte, reprenons quelques strophes de la séquence grégorienne Veni Sancte Spiritus qui exprime à merveille le rôle de l’Esprit Saint dans nos vies de chrétiens.  Que ce soit notre prière à l’Esprit Saint en ce jour de fête :

Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime, le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.
A tous ceux qui ont la foi, donne le salut final, donne la joie éternelle.

Amen.

Frère Bernard-Marie

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