Conversion de Saint Paul

Abbaye de Rougemont, Canada
Conversion de Saint Paul
Clôture de la semaine de prière pour l\’Unité
50e anniversaire de l\’annonce de la convocation de Vatican II
5e anniversaire de la bénédiction abbatiale de Dom Raphaël.
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1 Cor 7, 29-31; Act 22, 3-16; Mc 16, 15-18.
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En ce troisième dimanche du Temps Ordinaire, nous fêtons un triple anniversaire; c\’est pourquoi les lectures normales de la liturgie ont été un peu bousculées. En effet, ce dimanche 25 janvier 2009, l\’Eglise nous invite à faire mémoire de la conversion de St Paul, alors que le Pape Benoît XVI a mis cette année 2009 sous le patronage du grand apôtre des nations. Mais le 25 janvier est aussi une date importante dans l\’histoire récente de l\’Eglise, puisque ce fut le jour où le bienheureux Pape Jean XXIII annonça la convocation du second Concile du Vatican. Enfin cette date a aussi une place particulière dans la vie de la communauté de Rougemont, puisque voilà cinq ans, Dom Raphaël était béni abbé de votre communauté.
Je ne me risquerai pas à faire un parallèle, qui serait plutôt hasardeux, entre ces trois anniversaires. Pourtant, il existe des constantes dans la vie de l\’Eglise, dans la vie avec Dieu, qui nous invitent à réfléchir sur le sens profond de ce que nous vivons, en scrutant les Ecritures et en les laissant nous interroger. La conversion de St Paul renversa les perspectives, jusque là bien claires, d\’un jeune homme plein de fougue et de détermination. Du jour au lendemain, il dut s\’appuyer sur le bras d\’un inconnu, se laisser instruire par un Ananie, se laisser transformer par la Parole de Dieu et se laisser conduire pour aller là où il ne voulait pas aller.
On retrouve ces constantes dans l\’aventure de l\’Unité des Eglises et du second Concile du Vatican. L\’Abbé Couturier savait bien, lorsqu\’il lança la semaine de prière pour l\’Unité des Chrétiens, que c\’est Dieu qui choisit les chemins de l\’Unité, même s\’il faut que nous les tracions, à la sueur de notre front. Et de même, le Concile Vatican II, après quarante ans, souffre encore de nombreuses interprétations contradictoires. Mais l\’histoire des Conciles, depuis le premier, le Concile de Nicée en 325, jusqu\’aujourd\’hui, nous apprend qu\’il fallut de nombreuses décennies, voire même plus d\’un siècle, pour qu\’un Concile porte enfin ses fruits véritables. Là encore, comme pour l\’apôtre des nations, le temps fut un maître extraordinaire.
Sans doute est-ce aussi la leçon que vous tirez, cher Dom Raphaël, après ces cinq années d\’abbatiat. Comme ces vieux moines du désert d\’Egypte qui avaient découvert, au bout d\’une longue carrière de plusieurs décennies, qu\’il leur fallait simplement commencer chaque jour, vous avez sans doute appris que c\’est Dieu qui mène la barque et qui sait où il vous mène, vous et votre communauté, même et surtout si vous n\’y voyez plus rien.
Les lectures de ce jour nous enseignent cette attention particulière aux « signes » que Dieu met sur notre chemin pour reconnaître la route qu\’il nous invite à suivre. Saint Marc nous les décrit de façon détaillée, dans le passage de l\’Evangile que nous venons d\’entendre. Et il le fait de façon très réaliste et pleine de bon sens. Et il nous apprend deux réalités essentielles.
Du mal, il y en aura: des serpents, du poison et toutes sortes de difficultés qu\’il serait inutile et bien trop long d\’énumérer. Celui qui essaye de suivre les chemins de Dieu n\’en sera pas dispensé. Mais Jésus nous assure simplement qu\’ils ne nous nuiront pas. Certes, nous en ressentirons les morsures et les blessures, mais elles ne nous feront pas mourir. Et St Paul osera même affirmer, dans un autre passage de ses lettres, que tout finit toujours par concourir au bien de ceux qui aiment Dieu.
Du bien, il y en aura aussi, beaucoup, mais sans que nous nous en rendions toujours compte, et presque par accident. Comme le dit si finement St Benoît, afin que nous ne risquions pas d\’en tirer orgueil, en nous attribuant ce qui ne vient pas de nous! Ce bien, nous ne le voyons pas toujours, mais il fleurit et grandit comme le grain de sénevé, en silence, en douceur. Certes, le mal fait plus de bruit, il capte l\’attention, mais au final, il se dessèche comme l\’herbe et s\’envole comme la balle emportée par le vent.
Le défi de St Paul, le défi de l\’Eglise, le défi de chacun d\’entre nous, c\’est de croire ce que Jésus nous a annoncé, après la Résurrection. Notre défi, c\’est de prêter l\’oreille de notre coeur pour écouter l\’arbre qui grandit, au lieu de nous laisser impressionner par les cris de guerre et les murs qui s\’effondrent. Notre défi, c\’est de percevoir le chuchotement de la brise légère au milieu des coups de tonnerre. Notre défi, c\’est de chercher vraiment Dieu, et Lui seul!
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