Cinquième Dimanche de Pâques

Le combat entre le Bien et le mal.
L’Église nous propose, pour les prochains dimanches du Temps Pascal, comme aussi pour les messes de semaine, de lire et méditer le grand discours d’adieu que Saint Jean place dans son Évangile avant la Passion de Jésus. Replaçons ce discours de Jésus dans son environnement immédiat.
Jésus et ses disciples sont rassemblés pour un repas au cours duquel Jésus leur lave les pieds et les essuie avec le linge qu’il s’est noué. Signe de l’amour de Dieu pour chacun de ses disciples, alors qu’Il sait qu’une épreuve les attend.
Judas tenait la bourse commune. Il était l’économe du groupe, le bras droit en quelque sorte de Jésus, donc l’homme de confiance. Lorsque Jésus lui donne la bouché, dit le texte, Satan entra en lui, et il faisait nuit (Jn 13,30).
À ce moment Jésus sait que le combat ultime entre lui et Satan, entre Dieu et le démon va commencer. Jésus s’y est préparé et y prépare ses disciples, car il sait qu’ils le lâcheront. C’est pourquoi il dit à Pierre :
Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment ;
mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. (Lc 22,31-32)
Pierre jure ses grands dieux qu’il est prêt à tout pour suivre Jésus. Mais il le reniera trois fois dans cette même nuit. Dans l’Évangile de ce jour, nous voyons que les disciples, après avoir vécu aussi longtemps avec lui, ne comprennent pas ce que Jésus leur explique. Thomas dit : Nous ne savons pas où tu vas, Philippe demande : Montre-nous le Père.
Devant le combat qui s’annonce, Jésus constate donc qu’Il est seul, et que ses disciples sont incapables de l’aider. Ils ne sont pas à la hauteur de ce combat cosmique entre le Bien et le Mal. Mais, une fois que Lui, Jésus, aura été vainqueur, ses disciples pourront le suivre sur le chemin de la victoire. C’est pourquoi Il annonce qu’Il part leur préparer une place et qu’Il reviendra les prendre avec lui.
Jésus sait donc quel combat il se prépare à mener et Il en connaît le résultat ultime s’il en sort vainqueur. Il ne connaît pas les événements tels qu’ils se présenteront à Lui au fur et à mesure, mais il sait. Les membres du Sanhédrin, Hérode et Pilate ne sont que des figurants dans cette grande offensive entre le bien et le mal. C’est ce que Jésus affirme à plusieurs reprises durant sa Passion. Ainsi :
Lorsque Pierre de son épée coupe l’oreille droite de Malchus, le serviteur du grand prêtre (Jn 18,15), Jésus lui dit :
Penses-tu que je ne puisse faire appel à mon Père, qui mettrait aussitôt à ma disposition douze légions d’anges ? (Mt 26,53)
Lorsque le Grand Prêtre lui demande s’il est le Christ, Jésus répond :
Tu l’as dit, lui dit Jésus. D’ailleurs je vous le déclare dorénavant, vous verrez le Fils de l’homme siégeant à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. (Mt 26,64)
À Pilate, Il dit :
Je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. (Jn 18,36.37)
Et après la condamnation à mort, Jésus répond encore à Pilate :
Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir s’il ne t’avait été donné d’en haut ; et c’est bien pourquoi celui qui m’a livré à toi porte un plus grand péché.(Jn 19,11),
et enfin, juste avant de mourir, Jésus s’écrie :
Tout est achevé(Jn 19,30).
Pour être vainqueur de ce combat entre le Bien et le mal, Jésus dut tenir ferme sur deux points : l’obéissance au Père et le pardon aux hommes. L’obéissance, Jésus l’exprima dans sa prière avec larmes à Gethsémani lorsqu’Il supplia :
Non pas ma volonté mais que ta volonté soit faite. (Mt 26,39)
Le pardon, Jésus l’exprima une dernière fois sur la croix :
Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. (Lc 23,34)
Ce pardon était également à l’intention des disciples qui s’étaient tous enfuis, sauf le disciple bien-aimé. Le lavement des pieds était ce même pardon en geste, avant les événements.
Par son obéissance au Père, par son amour de tous les hommes, Jésus est sorti vainqueur, même si le chemin l’obligea à traverser la mort. Mais, comme le dit l’acclamation du temps pascal :
Christ est ressuscité des morts, par sa mort Il a vaincu la mort,
à ceux qui sont dans les tombeaux Il a donné la vie.
Que la foi de cette victoire du Christ, qui nous rouvre la voie du ciel, soit notre joie tout au long de ce temps pascal et tout au long de notre vie.
Frère Bernard-Marie, Abbaye de Belval
Ce contenu a été publié dans Homélies 2011. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.