30 août : Fête de la Dédicace de notre Eglise

2Chr 5,1…14 ; Hb 12,18…24 ; Jn 4,19-24

L’Arche de l’Alliance dans le Temple

Moïse monta la Tente de la Rencontre au mont Horeb ; selon les consignes données par le Seigneur lui-même.  La Tente était séparée en deux espaces, le Saint et le Saint des Saints.  Dans le Saint des Saints se trouvait seulement l’Arche de l’Alliance, qui ne contenait rien d’autre que les deux Tables de la Loi (Ex 40,20-35).  C’est ce que rappelle la première lecture de ce jour, à l’occasion de la Dédicace du Temple de Jérusalem par le roi Salomon.  Tant au Mont Horeb qu’à Jérusalem, lors de l’installation de l’arche dans le sanctuaire, la gloire du Seigneur envahit le lieu et les officiants étaient dans l’impossibilité de continuer le service de Dieu.  

Dans la Tente de la rencontre donc, le Saint des Saints était séparé du Saint par un voile.  Personne ne pouvait pénétrer dans le Saint des Saints, sauf le Grand Prêtre et seulement une fois par an.  C’est dire le respect qui était dû au Seigneur qui y trônait sur les chérubins par-dessus l’Arche de l’Alliance. 

La situation était la même dans le Temple construit par Salomon et dans le Temple que Jésus a fréquenté.  Rappelons-nous que Zacharie fut choisi par le sort pour porter l’encens dans le sanctuaire et que c’est à cette occasion qu’il reçut l’annonce de la naissance de Jean le Précurseur (Lc 1).

Dans la seconde lecture de ce matin, l’auteur de la lettre aux Hébreux insiste sur le fait que nous n’avons pas eu les mêmes expériences que’eut le peuple Juif à l’époque de Moïse ou au moment de la consécration du Temple de Salomon.  Pour nous, chrétiens, nous avançons vers la Jérusalem céleste, la Cité du Dieu Vivant.  Nous nous approchons de Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle.  Il n’y a plus de tonnerre, de tremblement de terre, de feu… la Nuée ne se pose plus dans le sanctuaire au point d’empêcher les officiants de continuer la célébration…

Cela nous amène bien évidemment à la question que la femme de Samarie pose à Jésus quant au lieu idéal pour adorer le Seigneur.  Est-ce au Temple de Jérusalem, est-ce sur cette montagne, est-ce au pied du Sinaï, est-ce… ?  Tellement d’autres lieux ont été des hauts-lieux de la prière du Peuple jusqu’aux synagogues dans tous les villages. 

Mais Jésus ne répond pas directement à la question, ou plutôt, il déplace la question…
Ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous devez vous rendre pour adorer le Père.  Et Il précise : les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité.  Pour Jésus, désormais tout lieu est propice à adorer Dieu.  Inutile de se rendre ici ou là-bas…  C’est ainsi qu’aujourd’hui nous pouvons adorer Dieu ici et là-bas, dans une église ou dans la chambre secrète de notre maison.  Mais le lieu par excellence de la prière est et reste l’église, quelle qu’elle soit.

À l’époque du Temple de Jérusalem, ne pouvaient entrer dans le Temple que les prêtres et les officiants.  Ne pouvait entrer dans le Saint des Saints qu’un seul Prêtre, choisi par le sort, et seulement une fois par an.  Dieu présent dans le Temple était donc inaccessible pour le peuple.  À la mort de Jésus sur la croix, nous rappellent les évangiles, le voile du Temple, qui cachait l’Arche – le Tabernacle – se déchira.  On en conclut généralement que le Seigneur a quitté le Temple au moment de la mort de Jésus.  Mais Dieu n’a pas quitté notre monde pour autant. 

Nous avons hérité de beaucoup d’éléments de la religion juive.  Mais, dans nos lieux de culte nous n’avons pas remis le voile qui sépare l’espace en deux.  Nos églises sont ouvertes à tous et c’est en une seule communauté que nous nous adressons à Dieu dans la prière. 

Du Temple nous avons récupéré la prière des Psaumes et une partie du rite de la Dédicace.  Dieu n’est plus l’inaccessible, caché derrière le voile et accessible seulement par le grand prêtre, par les prophètes, par les rois.  En Jésus, Dieu s’est fait homme pour se rapprocher de nous et nous rapprocher de Dieu. 

Nous avons également conservé le Tabernacle.  Nous ne pouvons pas dire, comme dans le Livre des Chroniques, qu’il est vide et ne contient que les Tables de la Loi.  Non, notre Tabernacle est plein, par la Présence Réelle de Jésus-Hostie. 

Enfin, lorsque nous sommes rassemblés pour célébrer en ce lieu, en particulier en ce jour pour la fête de la Dédicace, le Seigneur ne vient pas dans la Nuée pour interrompre le rituel.  La crainte révérencielle du Peuple est, désormais, remplacée par l’amour des fils envers leur Père.  Demandons à notre Père, au cours de cette liturgie, de nous combler de la grâce des fils et d’oser nous approcher de notre Père et de son Fils Jésus en nos églises. 

Frère Bernard-Marie

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