Vingt-troisième dimanche du Temps Ordinaire

Être disciple de Jésus

Par trois fois dans l’évangile de ce matin, nous entendons Jésus affirmer aux foules qui le suivent : Celui qui … ne peut pas être mon disciple.
La seconde des sentences de Jésus fait explicitement référence à sa croix, ce qui de toute évidence démontre qu’il s’agit d’une relecture par l’évangéliste de l’enseignement après la passion et la mort de Jésus.
La dernière sentence, en conclusion des deux petites paraboles, est celle-ci :
celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient, ne peut être mon disciple.
Voilà une radicalité qui devait surprendre les auditeurs de Jésus, comme elle nous surprend nous aussi aujourd’hui. Nous sommes invités à choisir : l’amour de Dieu nous oblige…
Qu’est-ce que Jésus veut nous dire ? Renoncer à tout ce qui nous appartient. Et dans la première sentence, il disait :
Si quelqu’un vient à moi sans me préférer
à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs,
et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
Jésus nous demande où est notre priorité. Il ne nous demande pas de renier père, mère, enfants, famille et tout ce qui nous appartient. Mais préférer Jésus à ses proches et renoncer à « tout ».
Si nous répondons « oui mais … laisse-moi d’abord … », Jésus nous répond : tu ne peux être mon disciple. Arrêtons-nous quelques instants aux deux petites paraboles que Jésus donne au milieu de ce petit discours.
L’homme qui veut construire une tour est invité à calculer la dépense et ses possibilités de mener à bonne fin son chantier avant de commencer. Le roi qui décide de partir en guerre contre son ennemi doit également calculer ses possibilités de gagner avant de lancer son armée.
Dans le contexte des paroles de Jésus, nous sommes invités à choisir nos priorités, car il n’est pas possible de courir plusieurs lièvres à la fois. Soit nous nous sommes disciples de Jésus et nous faisons ce qu’Il demande. Soit nous préférons père, mère, enfants, richesses et nous ne sommes pas en mesure de suivre Jésus.
Tiraillés entre les biens familiaux ou le pouvoir, et l’appel à suivre Jésus de tout son cœur, nous risquons de ne pas pouvoir terminer notre tour ou de perdre la bataille. Le choix n’est pas tellement de savoir quelle tour nous allons construire, ni quelle bataille nous allons livrer. Le choix est de suivre Jésus ou de suivre notre propre volonté. Jésus ne nous invite pas à une vie de facilité et de réussite guerrière ou architecturale. Non, mais Il nous invite à une relation autrement plus intime et durable que tout ce que peut nous donner le monde dans lequel nous vivons.
Mais, et c’est ce que complète l’évangéliste : Jésus ressuscité nous invite à « prendre notre croix », comme lui-même a pris sa croix, pour Le suivre. La victoire de Jésus sur la mort et le péché est certaine et vraie. Notre victoire sur la mort et le péché est assurée si nous restons en communion de vie et de volonté avec Jésus.
Plutôt que de chercher à tout prix à nous affirmer en construisant une tour ou en gagnant la guerre contre nos ennemis, mettons-nous à l’école de Jésus. Nous avons affirmé, dans la prière d’ouverture de la messe de ce jour, que nous croyons que Dieu a envoyé son Fils pour nous sauver et faire de nous ses enfants d’adoption. C’est cela notre vocation première, c’est à cela que nous devons utiliser nos biens, notre fortune, notre science de la guerre.
Nous pouvons alors demander avec plus d’insistance à Dieu de regarder avec bonté ceux qu’il aime comme un père, et, comme l’exprimait encore la prière d’ouverture, puisque nous croyons au Christ – notre Sauveur – que Dieu nous accorde la vraie liberté et la vie éternelle. C’est cela le but de notre vie en ce monde. C’est cela le sens ultime de toutes nous actions dans la mesure où nous les réalisons sous le regard de Dieu et avec l’aide de Jésus.
Que la participation à cette eucharistie nous aide à vivre toujours davantage à la recherche de la volonté de Dieu sur nous. Nous pourrons alors faire nôtre ce que demandera la prière après la communion : que nous profitions si bien des dons reçus que nous soyons associés pour toujours à la vie de Jésus dans les cieux.

Frère Bernard-Marie

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