Troisième Dimanche du Temps Ordinaire, Année C

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Ne 8, 1-10; 1Co 12, 12-30; Lc 1, 1-4; 4,14-21.
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Alors que nous sommes au coeur de la semaine de prière pour l’Unité des chrétiens, l’Eglise nous propose de méditer, en ce troisième dimanche du temps ordinaire, trois textes tirés de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui peuvent nous aider à mieux comprendre le mystère de l’unité de l’Eglise.

C’est sans doute dans la seconde lecture, tirée de la première Epître aux Corinthiens, que cette question est abordée de la façon la plus claire. Saint Paul y compare en effet l’Eglise à un corps, dont les différends membres sont animés par un unique Esprit. La diversité des charismes et des vocations, loin de déchirer ce corps, en constitue, au contraire, toute la richesse. Et Saint Paul va encore plus loin en affirmant que ces différences sont même absolument nécessaires à la vie du corps.

Mais l’Apôtre souligne aussi combien il peut être difficile et exigeant d’accepter ces différences. Nous voudrions que les autres soient comme nous, qu’ils pensent comme nous, qu’ils nous ressemblent. Ou bien, à l’inverse, nous érigeons notre différence comme un absolu, comme un système, auquel l’autre devrait se plier.  Nous nous enfermons dans notre moi. Et c’est dans cette difficulté, très humaine, à accepter cette complémentarité dans la diversité, que trouvent leur source toutes les racines de division, d’exclusion, de haine.

La question se pose alors pour nous: comment dépasser cette peur de l’autre, cette peur de la différence, qui nous tenaille et nous empêche de vivre l’unité? Avant de concerner l’Eglise, cela touche d’abord chacun d’entre nous, dans notre vie de famille ou de communauté, dans notre vie de travail ou de relations. Mais cela touche aussi, bien plus profondément, notre propre vie intérieure. C’est parce que nous sommes déchirés, divisés au fond de nous-mêmes, que nous ne sommes plus capables de saisir l’unité profonde que Dieu nous offre. Comment alors retrouver cette unité intérieure?

Saint Luc, dans le passage de l’Evangile que nous venons d’entendre, nous en donne la clé. Comme dans la première lecture, qui était tirée du livre de Néhémie, l’Evangéliste met l’écoute de la Parole de Dieu au coeur de ce processus. Comme le peuple d’Israël, à l’écoute de la Parole de Dieu, a retrouvé son identité, le sens de sa vie et la conscience de son destin, de même, au contact de la Parole de Dieu, sommes-nous invités à retrouver notre propre identité de chrétiens et de baptisés.

Mais Luc nous entraîne encore plus loin. Le Christianisme, en effet, n’est pas une religion du Livre. Ce qui est au coeur de notre foi, de la vie de l’Eglise, de la vie de chacune de nos communautés, de chacun d’entre nous, c’est Jésus, la Parole vivante et qui donne la vie. C’est pourquoi l’Evangile de Luc s’ouvre sur cette scène extraordinaire, où nous voyons Jésus prendre le Livre qui devient, à travers Lui, Parole vivante de Dieu. Il ne s’agit plus d’une lettre morte, couchée sur du papier, mais c’est l’Esprit qui, à travers Jésus, vient toucher le coeur de ceux qui L’écoutent.

Frères et soeurs, c’est parce que l’Esprit de Jésus murmure cette Parole dans notre coeur, que nous pourrons  comprendre, au delà des mots, l’amour infini du Père pour chacun d’entre nous, pour tous les hommes. Et c’est dans la mesure où nous nous laisserons toucher, transformer, transfigurer par cette Parole vivante, que l’unité de l’Eglise deviendra de plus en plus visible, de plus en plus irrésistible.

L’unité de l’Eglise, l’unité de nos communautés, de nos familles, la paix entre les hommes sont suspendues à cette aventure spirituelle, dans laquelle Jésus nous invite à entrer. Il ne s’agit plus de nous plaindre, de rêver ou de nous décourager, mais il faut que s’accomplisse en nos coeurs la Parole de Jésus. « Cette Parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit », c’est aujourd’hui qu’elle doit s’accomplir, dans le coeur et l’existence de chacun d’entre nous, si nous nous laissons toucher par elle!

 

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