Trente-et-unième Dimanche du Temps Ordinaire

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Si 11, 23- 12, 2 ; 2Th 1, 11- 2, 2 ; Lc 19, 1-10.

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Comme Zachée, il nous faut, nous aussi, descendre pour rencontrer Jésus. Certes, Zachée avait de multiples raisons pour grimper dans son arbre et se hisser ainsi au dessus des autres. Il se savait petit, et risquait donc non seulement de ne pas voir Jésus, mais surtout de passer inaperçu. Il voulait voir de ses propres yeux, celui dont tout le monde parlait. Peut-être avait-il également imaginé que, de là-haut, il pourrait mieux juger de la situation, en la dominant de toute sa hauteur. Et voilà que Jésus, contre toute attente, a posé le regard sur lui!

Lorsque Jésus pose son regard sur un être, il devient alors possible pour ce denier de descendre, sans se sentir humilié ou amoindri. Car, contrairement au regard des autres, le regard de Jésus n’est jamais un regard de jugement, de mépris. Et c’est jsutement parce qu’il s’est senti simplement aimé, comme il était, que Zachée a pu descendre de son arbre, accepter d’être simplement ce qu’il était, un homme petit, et même plus petit que les autres.

Tel est bien le premier signe d’une véritable rencontre de Jésus: le personnage que l’on s’était construit, pour se défendre du regard des autres, commence alors à se dégonfler. On n’a plus honte d’être tout simplement, tout pauvrement ce que l’on est. Celui que Dieu a touché peut laisser tomber les apparences et les faux semblants derrière lesquels il se protégeait. Il peut se montrer tel qu’il est, tout simplement parce qu’il sait que Dieu l’aime ainsi.

Mais Zachée n’est encore qu’au début de son cheminement. Car si Jésus lui demande de descendre, c’est pour aller demeurer chez lui. Ainsi, non seulement Zachée doit-il consentir à ce qu’il est, mais il doit aussi accueillir chez lui, dans sa maison, au plus intime de lui- même, le regard qui lui a rendu sa véritable dimension. Cette descente n’a rien d’une descente aux enfers. Pour Zachée, au contraire, c’est une véritable fête, où tout le monde est invité.

Dans sa naïveté de converti, Zachée ne s’est pas rendu compte que parmi ceux qu’il laissait entrer avec Jésus, il y avait aussi des gens pleins de ressentiment, des êtres toujours à l’affût de la moindre défaillance. En ouvrant sa maison, Zachée va découvrir ce regard de mépris dont il avait su si longtemps se protéger. Car telle est sans doute la découverte la plus douloureuse de celui que le regard de Jésus a touché, et qui est descendu de son arbre, c’est que tous ceux qui suivent Jésus et prétendent être ses disciples, n’ont pas forcément le même regard de bonté que le Maître.

Si nous avions été à la place de Zachée, qu’aurions-nous fait alors? Comment aurions-nous réagi? Peut-être aurions nous cédé à la tentation de remonter dans notre arbre, ou bien aurions-nous fait sentir à ces hôtes indiscrets qu’ils n’étaient pas chez eux? Zachée, au lieu de se formaliser de l’attitude de ces donneurs de leçon, en tire parti pour descendre encore plus profondément en lui-même. Il comprend que ces gens puissent être scandalisés. Il sait bien ce qu’il a fait. Il sait qu’il doit réparer. C’est le second signe d’une rencontre authentique avec Jésus: nous avons besoin de réparer ce que nous avons brisé.

Désormais, pour Zachée, plus que son image, plus que sa réussite ou sa richesse, c’est le regard de Jésus qui compte. Ce regard est devenu sa véritable richesse, son véritable trésor. Il peut s’appuyer sur Jésus, alors tout le reste reprend simplement sa juste place. L’argent n’est que de l’argent, les choses ne sont que des objets. Son coeur vient d’apprendre qu’il était fait pour autre chose, qu’il était bien plus grand qu’il ne le pensait. Il n’a plus besoin de grimper sur son tas d’or pour être grand. Sa valeur, sa richesse, sa force et sa gloire, c’est tout simplement le regard de Jésus posé sur lui.

 

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