Solennité de l’Immaculée Conception de Marie

Marie et le serpent.

Dans le récit du péché originel, juste avant la condamnation du serpent que nous avons entendue en première lecture, le serpent est présenté comme « le plus rusé de tous les animaux » créés par Dieu.

Le serpent instille le doute chez son interlocuteur, il provoque la division, il agit toujours contre Dieu.  Il a inversé la parole de Dieu dans le jardin d’Eden en disant : Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin.

Mais Dieu avait dit : vous pouvez manger de tous les arbres, à l’exception de l’arbre qui se trouve au milieu du jardin, l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Dans la condamnation du serpent, Dieu dit au serpent :
Maudit sois-tu, tu ramperas sur ton ventre, tu mangeras de la poussière…

Chacun sait que les serpents, comme tous les êtres vivants, ne peuvent se nourrir de poussière… Mais ce que Dieu dit au serpent, c’est que la nourriture qu’il prendra aura la saveur de la poussière, elle n’aura pour lui aucune saveur…

La seconde fois dans l’Histoire Sainte où il y a un combat entre l’homme et le serpent, c’est durant le séjour du Peuple dans le désert.  Alors que les Hébreux contournent le pays de Canaan, le peuple se met à murmurer
contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ?  Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »
Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël.
  (Nb 21,4-9)

Moïse dressa un serpent de bronze sur un mât, et tous ceux qui le regardaient étaient sauvés.

La troisième fois où il est question du serpent, c’est Jésus qui fait l’analogie entre le serpent de bronze de Moïse et sa propre mise à mort…

De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. (Jn 3,14-15)

Enfin, dans le Livre de l’Apocalypse, on trouve une mention de ce même serpent, avec ses autres noms :
Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier. Il fut jeté sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui. (Ap 12,9)

Telle est l’histoire du serpent dont le protévangile parlait déjà et dont la première actualisation se fit par l’Immaculée Conception de la Vierge Marie.  Pour être en mesure de répondre positivement à la demande de Dieu, comme nous l’avons entendu dans l’évangile tout à l’heure, il fallait que Marie soit sans péché, qu’elle soit comme Eve avant la chute.  Marie devient ainsi la Seconde Eve, la Nouvelle Eve.  Et son Oui à l’annonce de l’Ange, est un don total de sa vie à Dieu et à l’Enfant à naître.

L’ange avait affirmé au serpent à propos de la Nouvelle Eve : elle te meurtrira la tête et tu lui meurtriras le talon…

Marie vainquit le serpent tout au long de sa vie, et son Fils fut vainqueur définitif du serpent.  C’est la conclusion que nous a donnée l’Apocalypse dans le verset cité ci-dessus.  Oui, le serpent et tous ses anges furent jetés sur la terre, mais ils ont toujours le dessous, grâce à la victoire de Jésus, grâce au Oui de Marie, grâce à l’Immaculée Conception de Marie.

Tout est lié dans l’Histoire Sainte.  L’Immaculée Conception de Marie est déjà un fruit de la victoire de Jésus par sa mort et sa résurrection.  C’est ce que nous avons rappelé dans la prière d’ouverture de cette célébration.  Le Oui de Marie est aussi un Oui d’obéissance à l’appel de Dieu, un Oui vocationnel, qui ne trouve sa force et son couronnement que dans la mort et la résurrection de Jésus.

En ce temps de l’Avent, la fête de l’Immaculée Conception est comme un phare qui brille dans l’Attente…  Alors que la liturgie nous fait relire le prophète Isaïe qui annonce la venue d’un Sauveur, alors que la Préface de l‘Avent nous rappelle que nous attendons aussi le retour du Seigneur à la fin des Temps…  L’Immaculée Conception est la première lumière sur notre route, qui nous conduit chaque année par la naissance du Fils, jusqu’à sa Passion et sa Résurrection, et à l’attente de son retour glorieux.

Rendons grâce à Dieu pour le don qu’Il a fait à Marie dans son Immaculée Conception, pour le Oui que Marie a prononcé et qui a permis au Fils de Dieu de prendre chair en notre monde.  Que la participation à cette eucharistie nous fasse prendre toujours mieux conscience de l’amour infini que Dieu nous prodigue.  Cet amour a fait des merveilles en Marie.  Cet amour continue à faire merveille en chacun de nous.

Frère Bernard-Marue

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