Solennité de la Toussaint

Les Béatitudes, étapes d’un chemin de sainteté

La première lecture que nous venons d’entendre nous présente les multitudes qui se tiennent devant le trône et devant l’Agneau.  Il s’agit d’une grandiose vision de la gloire, une proclamation de la sainteté de Dieu.
Comme Évangile par contre, nous avons entendu le commencement du discours inaugural de Jésus sur la montagne, tout au début de son ministère public.  On peut se demander pourquoi, depuis des siècles,  les Béatitudes sont proposées comme Évangile de la fête de la Toussaint que nous célébrons en ce jour.  Pour nous aider à faire le lien, tournons-nous vers le Bienheureux Guerric, abbé d’Igny et disciple de Saint Bernard.  Guerric nous suggère de voir dans les huit béatitudes notre propre avancement sur le chemin de la sainteté.  Écoutons-le : (S.Toussaint, 4)
Manifestement, ce groupe de huit vertus disposé avec ordre représente une ascension des cœurs et un progrès des mérites ; il conduit l’homme par degrés des régions inférieures aux sommets de la perfection évangélique, jusqu’à ce que, pour voir le Dieu des dieux dans Sion, il entre dans le temple.
Bienheureux les pauvres de cœur, dit Jésus.  Pauvres, parce que renonçant aux fardeaux du monde présent, pour devenir riches en possédant le Créateur du monde.  Jésus nous promet dès cette première étape de posséder le Royaume des cieux.  Il s’agit d’un avant-goût assurément, mais également de la grâce nécessaire pour persévérer dans nos bonnes dispositions.  (1)
La douceur dont Jésus parle ensuite est le fruit de notre attachement à Dieu et à ses richesses.  Prenez sur vous mon joug, dit Jésus, car je suis doux et humble de cœur (Mt 11,29).  Cette douceur, cette humilité dans le détachement, nous donnent d’entrer déjà dans le bonheur du ciel et des saints.  (2)
Mais le bonheur que nous éprouvons est encore partiel, passager.  C’est le moment de pleurer nos propres péchés, nos imperfections et d’implorer la grâce divine pour qu’Il nous donne ses vertus.  Dieu n’étant pas sourd à nos appels, nous sommes consolés.  (3)
Arrivés là, nous commençons à goûter la justice, tant pour nous-mêmes que pour nos proches.  (4)
Mais cette faim, cette soif, sont modérées par la miséricorde.  (5)
Le comportement nouveau dans nos diverses activités, les priorités nouvelles que nous pratiquons dans nos actions, ont purifié notre cœur.  La prière devient contemplation : nous voyons Dieu !  (6)
Ayant été éprouvés dans nos actions et dans notre contemplation, ayant reçu la grâce de la persévérance, nous devenons de véritables artisans de paix, de cette paix qui vient de Dieu et qui fait de nous des fils de Dieu.  C’est la septième béatitude.  (7)
Comme Jésus, le Fils de Dieu, lorsque nous avons gravi ces sept échelons, nous sommes en butte aux persécutions pour la justice, nous sommes insultés, haïs, parfois par nos proches.  Avec les prophètes nous nous écrions : les fils de ma mère ont combattu contre moi (Ct 1,6 ; cf Ps 68,8), ou encore nous crions vers Dieu comme Job et Tobie qui furent insultés même par leurs épouses (Jb 2,9-10 ; Tb 2,14).
Mais la récompense que Dieu nous promet, nous l’entrevoyons déjà ici et maintenant.  La persévérance sur notre chemin de piété nous donne la force dans les épreuves : la paix, la joie intérieure de nous savoir aimés de Dieu notre Père.  Jésus nous redit, dans la huitième béatitude : le Royaume des cieux est à vous ! (8)
En finale, les huit degrés de sainteté sont comme les huit marches permettant d’entrer dans le temple céleste (Ez 40,31…41), où nous adorerons Dieu qui siège sur le trône et l’Agneau.  Alors, oui, notre récompense sera grande, lorsque nous participerons à la liturgie céleste et que nous acclamerons le Seigneur avec les anges et tous les saints qui ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau.
Aujourd’hui, fête de la Toussaint, rejoignons les saints et les bienheureux, les anges et les archanges autour de l’autel céleste.  Montons à l’autel du repas eucharistique qui nous fait goûter tant soit peu à la joie des saints qui voient Dieu face à Face.  La communion au corps du Christ nous aidera ensuite à avancer sur notre route terrestre et à persévérer sur la voie de la sainteté.

Frère Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2011. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.