Samedi de la Vierge, Jubilé de profession de Frère Louis

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Ap 11.19a; 12, 1-6a.10ab ; Lc 2, 41-52.

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Frères et soeurs, nous sommes rassemblés aujourd’hui dans cette Eglise du Mont des Cats, pour célébrer les 60 ans de profession monastique de notre frère Louis. Et c’est sous le signe de la Vierge, la douce et fidèle Amie de notre frère, que nous rendons grâce au Seigneur pour tout le bien qu’il a accompli, dans la vie de notre frère. A des degrés divers, nous avons tous pu partager un bout de ce long chemin qui a conduit notre frère du Mont des Cats à Maromby puis à Midelt, pour le ramener enfin en ce monastère où il fit profession.

Au début de cette eucharistie, de cette action de grâce pour tout ce que le Seigneur a accompli dans et à travers notre frère, demandons au Seigneur de transformer nos coeurs pour que, à notre tour, nous sachions accueillir tout le bien qu’il nous fait.

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Pour Marie, comme pour chacun d’entre nous, il y eut des moments difficiles, et parfois même très rudes. L’évangile que nous venons d’entendre, et qui nous rapporte l’épisode de la disparition de Jésus, alors qu’il avait seulement douze ans, est l’un de ces moments qui, dans la vie de Marie, eurent un parfum de souffrance et d’incompréhension. Comme nous, Marie a connu, elle aussi, de instants de désarroi et d’inquiétude. Il nous suffirait de relire les évangiles pour relever tous ces passages où son coeur dut être touché et bouleversé.

Mais si Marie a partagé avec nous ces moments sombres et difficiles, elle les a cependant vécu d’une manière tout à fait singulière. En effet, à plusieurs reprises, les évangélistes notent que, si elle ne comprenait pas plus que nous ce qui se passait, cependant elle « gardait fidèlement toutes ces choses dans son coeur ». Devant l’incompréhensible, l’inconcevable, l’irrecevable, Marie ne réagit pas comme nous le faisons habituellement. Elle ne proteste pas, elle ne se révolte pas, elle ne cherche pas à oublier, mais elle garde « fidèlement toutes ces choses dans son coeur ».

Ainsi, loin de réduire la réalité à ce qui lui plaît ou l’intéresse, Marie sait voir les signes de Dieu, elle sait les reconnaître et les laisser faire silencieusement leur chemin dans son coeur. Elle n’interprète pas trop vite, comme nous le faisons si souvent, mais elle laisse les signes de Dieu être ce qu’ils sont, des signes venus d’ailleurs. Elle sait attendre l’heure où Dieu en révélera la profondeur cachée. Marie a appris à écouter Dieu.

Pour nous qui sommes si souvent tentés de donner des explications et des solutions trop rapides, et qui n’avons pas toujours la patience d’attendre dans le silence, Marie est donc celle qui peut nous apprendre à recevoir la Parole de Dieu, à la laisser grandir et germer, afin de porter du fruit.

C’est parce qu’elle a su recevoir les signes que Dieu lui envoyait, qu’elle a su les laisser mûrir en son coeur, sans précipitation, que Marie est devenue, à son tour, pour tous les croyants, un signe lumineux. L’auteur de l’Apocalypse, en nous rapportant cette vision de la femme couronnée d’étoiles, qui apparaît dans le ciel, en même temps qu’il nous ouvre le sens profond des épreuves que rencontre l’Eglise en ce monde, nous livre également la clé du cheminement spirituel de la Vierge Marie. Parce qu’elle a su reconnaître les signes de Dieu, parce qu’elle les a gardés dans son coeur, les méditant jour et nuit, Marie est devenue à son tour, pour chacun d’entre nous, un signe de Dieu, la Vierge signe.

Ce signe de la Vierge, cher Frère Louis, a marqué, depuis toujours, votre vocation et votre aventure monastique. On peut bien parler d’aventure, en effet, pour votre pèlerinage qui a commencé au Mont des Cats, s’est poursuivi à Madagascar, dans notre monastère de Maromby, puis vous a conduit sur les traces de nos frères de Thibirine, dans la petite communauté de l’Atlas à Midelt au Maroc, pour vous ramener enfin ici, au Mont des Cats, dans votre monastère d’origine.

Comment ne pas voir un signe dans ce long pèlerinage, où l’obéissance vous a conduit? N’est-ce pas en effet ainsi, en acceptant de ne pas toujours comprendre ce qui vous était demandé, que vous avez pu suivre, au plus près, l’exemple de Marie, la Vierge très Sainte, qui gardait et méditait la Parole de Dieu? N’est-ce pas en vous laissant conduire avec docilité, par cette Mère très aimante, que vous avez appris la sagesse et la liberté intérieure?

Sur ce chemin de la Joie, sur ce chemin de la Paix, Marie est la guide la plus sûre, la plus expérimentée, la plus fidèle. Et, en ce jour où nous fêtons avec vous l’anniversaire de votre Profession, nous ne pouvons que rendre grâce à Dieu qui vous a donné une telle Amie, une telle Compagne, fidèle et attentive. C’est elle qui vous mènera le plus sûrement à son Fils, Jésus, le Seigneur!

 

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